Chapitre 3 - SIRIUS BLACK

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Ce soir-là, Sirius n'avait qu'une seule envie, c'était de quitter le salon où une bonne partie de sa famille s'était réunie. Il avait passé une bonne partie de son été enfermé dans sa chambre à éviter les autres membres de la famille Black. Pourtant, ce soir, il se forçait à rester.

En réalité, il n'attendait qu'une seule chose. La même chose que les autres. Le retour de son père et les nouvelles qu'il apporterait. La seule différence résidait dans le fait qu'il n'espérait pas les mêmes nouvelles.

Assise sur l'un des fauteuils du grand salon situé au 12, square Grimmaud, Walburga Black, sa mère, fumait, ses deux longs doigts serrant fermement le porte-cigarette avec une certaine nonchalance. A côté d'elle se tenaient l'oncle et la tante de Sirius : Cygnus et Druella Black, les parents de ses quatre cousines, Andromeda, Bellatrix, Narcissa et Nausicaa. Mais ce soir, parmi leurs filles, seules les deux dernières se trouvaient-là, à attendre fébrilement que quelqu'un ne sorte de la cheminée. Il y avait aussi Regulus, le petit frère de Sirius, qui s'était assis au pied du fauteuil sur lequel était assise sa mère. Celle-ci lui caressait distraitement ses longs cheveux noirs et soyeux.

Et enfin, furetant, comme à son habitude, dans un coin de la pièce, faisant probablement mine de dépoussiérer les quelques babioles qui envahissaient les placards, l'elfe de maison, Kreattur, était lui aussi présent. Il jetait quelques rapides coups d'œil à la cheminée, attendant lui aussi le retour du patriarche de la famille Black, Orion.

Enfin, un torrent de flammes vertes se déclencha dans l'âtre de la cheminée, mettant fin à cette attente interminable. Le père de Sirius apparut dans une élégante robe de sorcier.

Orion Black était un homme grand, imposant et au visage agressif. Peu bavard, sa voix et son apparence faisaient penser à un ours solitaire. Il avait les mêmes longs cheveux noirs que ses deux fils et une barbe mal taillée qui brisait un peu l'harmonie de ses tenues toujours tirées à quatre épingles.

Lorsqu'il apparut au milieu du salon familial, Druella ne put s'empêcher de se lever précipitamment.

- Alors ? s'exclama-t-elle presque. Alors, Orion ? Qu'ont-ils dit ? Quelles sont les nouvelles ?

Père ne répondit pas tout de suite. Un simple regard noir à Kreattur suffit pour que l'elfe de maison se rue vers la cuisine pour aller lui chercher son verre de vin habituel.

- Du calme, Druella, dit Mère en se levant pour aider Orion à retirer sa longue cape noire, mon mari vient à peine de rentrer.

- Je ne peux pas être calme, Walburga, répliqua Tante Druella avec irritation, il s'agit de ma fille !

Sirius savait pertinemment qu'en temps normal, jamais Druella n'aurait osé parler à sa mère sur ce ton. Mais les circonstances étaient exceptionnelles. Mère dut le comprendre car elle ne dit rien. Elle se contenta de faire asseoir Père sur son fauteuil alors que Kreattur revenait avec un verre rempli de vin d'elfe.

- Orion ? marmonna Oncle Cygnus avec une certaine appréhension.

- Jenkins n'a rien voulu entendre, gronda Père en guise de réponse, cette femme a beau être la Ministre de la magie, elle a les poings liés par tous ces imbéciles qui sont du côté de Dumbledore et des amoureux des Moldus. Bellatrix fera sa peine à Azkaban. Ça ne se passera pas autrement.

Sirius vit Narcissa devenir blême. Sa cousine avait très mal vécu l'arrestation de sa grande sœur, en juin dernier. Mais celle qui était plus blanche qu'un cachet d'aspirine, à tel point que Sirius se demandait comme elle faisait pour ne pas tomber dans les pommes, c'était Nausicaa. Et il savait pourquoi. En quelque sorte, Nausicaa avait aidé à l'arrestation de Bellatrix, ce jour-là.

- Alors on va laisser faire ça ? s'exclama Tante Druella d'une voix aigüe. On va laisser ces... ces cloportes traîner ma fille dans un endroit aussi horrible qu'Azkaban ? C'est une Black, Orion ! C'est ta nièce ! Tu ne peux pas laisser faire une chose pareille.

Père ne répondit pas. Il était comme ça avec tout le monde, Sirius le connaissait assez pour le savoir. Quand il n'avait rien à ajouter, quand le débat était clos, il ne cherchait pas à discuter.

- Réagis, bon sang ! hurla presque sa tante.

- Druella ! intervint Mère d'une voix claquante. Mon mari n'est pas le Ministre de la magie. Si cette idiote de Jenkins a décidé que Bellatrix n'aurait aucun traitement de faveur, c'est qu'elle n'en aura pas.

Tante Druella se laissa tomber sur son fauteuil, à côté de son mari. Ce dernier semblait agité mais il faisait un effort considérable pour ne pas exploser.

- Combien de temps ? souffla-t-il. A-t-elle dit combien de temps ma fille devra passer à Azkaban ?

Tous les regards se posèrent sur Père. Sirius comptait remonter dans sa chambre, ayant eu ce qu'il voulait. Mais il se ravisa. Cette information-là aussi l'intéressait.

- Vingt ans, lâcha Orion Black, elle est tombée pour complicité avec un ennemi d'Etat, pratique d'une magie noire interdite, mise en danger de sorciers de premier cycle, acte de barbarie sur un professeur de Poudlard et beaucoup d'autres crimes encore.

- Vingt ans..., souffla Druella d'une voix blanche, ma Bella... ma Bella aura quarante ans lorsqu'elle sortira de cet endroit infâme...

- Tu peux être fière de ta fille, Druella, dit Mère, elle au moins s'est sacrifié en tentant de servir le Seigneur des Ténèbres. C'est un honneur pour notre famille. Un honneur qui, je l'espère, rachètera le déshonneur qu'une autre de tes filles a jeté sur le prestigieux nom des Black.

- Qu'est-ce que tu insinues, Walburga ?

Mère s'était levée. Elle était terrifiante, Sirius devait en convenir. Grande, mince, blanche comme la mort, de longs cheveux aussi sombres que les plumes d'un corbeau, elle se dressait devant Druella dans sa longue robe noire.

- Je parle de ta fille aînée, Druella, répliqua Mère d'un ton rempli de dégoût, croyais-tu que je n'allais pas l'apprendre ? Aux dernières nouvelles, Andromeda se serait acoquiné avec un Né-moldu.

- Pure calomnie, répliqua Oncle Cygnus avec une assurance peut-être trop ostentatoire, jamais Andromeda ne commettrait un tel acte.

- Tu crois, Cygnus ? fit Mère. On parle pourtant de mariage entre elle et ce sang-de-bourbe. Qui aurait intérêt à rapporter de telles rumeurs, selon toi ?

- Des opposants à notre famille. Ce ne sont pas nos ennemis qui manquent... Ils... Ils seraient prêts à raconter n'importe quoi pour...

- Est-ce de la confiance en ta fille que je vois dans tes yeux, Cygnus ? Ou du déni ? Andromeda n'est pas revenu ici depuis des mois. Que fait-elle ? Comment peux-tu être sûr qu'elle ne roucoule pas dans les bras de cet immonde sang-de-bourbe, en ce moment-même ?

- Ça suffit ! s'exclama Druella qui semblait à bout de nerf. Ça suffit, Walburga. Ma fille est en prison pour avoir voulu rendre service au Seigneur des Ténèbres et je constate que ça ne pose pas beaucoup de problèmes à Orion et toi.

- Ne t'inquiète pas, Druella, marmonna Mère d'un ton doucereux, viendra un jour où le Seigneur des Ténèbres dominera le monde des sorciers. Ses plus loyaux serviteurs seront récompensés et alors je ne pense pas que Bellatrix restera plus longtemps enfermé dans cet horrible endroit.

Au lieu de retourner s'asseoir, Mère se posta alors devant Sirius.

- Beaucoup seront récompensés, dit-elle en fichant son regard glacial dans ses yeux, et beaucoup d'autres seront punis. Reste à savoir dans quel camp seront les membres de la famille Black.

Elle avait pris Sirius par le menton comme pour le forcer à la regarder dans les yeux mais celui-ci se dégagea, le cœur battant. Mère eut un sourire énigmatique avant de retourner s'asseoir dans son fauteuil aux côtés de Père.

Sirius quitta le salon. Il avait eu ce qu'il voulait. Et, le concernant, les nouvelles étaient bonnes. Sa cousine Bellatrix allait rester un bon moment à Azkaban et il ne risquait plus de revoir son visage de folle à lier avant longtemps...

Les Maraudeurs et les Caves maudites (tome 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant