Chapitre 38 - LILY EVANS

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Lily sentit son cœur se soulever brutalement. C'était comme si tous les spectateurs autour d'elle retenaient leur souffle en même temps. Deux joueurs venaient de percer les nuages noirs et descendaient à toute allure vers le sol. La vitesse était si ahurissante qu'elle avait l'impression d'avoir le vertige à leur place.

- Par la barbe de Merlin ! s'exclama la voix de la commentatrice. Il se passe quelque chose ! Les deux attrapeurs qu'on avait perdu de vue depuis quelques minutes viennent de réapparaître, toujours aux trousses du vif d'or. Potter et Griffiths font une descente en chandelle vertigineuse vers le sol !

La cape rouge et la cape jaune ressemblaient à de petits points minuscules et chutaient du ciel comme deux comètes. A cette distance, le vif d'or était invisible. C'était comme si ces deux garçons voulaient heurter le sol.

- Oh, mon Dieu ! gémit Lily. Mais ils vont s'écraser !

Elle avait espéré que Mary et Eugénie la rassurent. Qu'elles lui disent avec amusement : « Mais non, c'est une technique très répandue au Quidditch. Ils savent ce qu'ils font ! ». Mais à sa grande horreur, ses deux amies semblaient aussi terrifiées qu'elle.

- A présent, Potter et Griffiths sont arrivés à la hauteur des poursuiveurs. Ils zigzaguent avec habileté entre les différents joueurs. Mais le sol se rapproche toujours plus d'eux !

Thimothée et Potter s'étaient séparés juste le temps de laisser un joueur de Gryffondor passer entre eux avant de se remettre côte à côte et de poursuivre leur infernale descente vers la pelouse.

- Le terrain n'est plus qu'à quelques mètres, à présent !

Allez... Redresse-toi, Thimothée ! Redresse-toi ! Abandonne ce stupide vif d'or, tu vas te rompre le cou !

Mais le garçon poursuivait sa descente avec courage. A présent, Lily était obligée de se pencher sur la rambarde pour les voir continuer à foncer droit vers le sol. Alors, son cœur s'arrêta de battre un bref instant.

Cette fois, ils n'étaient plus qu'à quelques centimètres. Elle les voyait déjà s'écraser contre la pelouse avec une violence horrible. Ils continuaient à descendre avec une telle rapidité !

C'est alors qu'un soupir de soulagement – ou de déception, chez certains – retentit. Presque au dernier moment, Thimothée remonta brutalement pour éviter de s'écraser au sol.

- Griffiths évite de peu de percuter le terrain ! Mais... Oh ! Potter, lui, continue. Il tend son bras vers le vif d'or... Mais c'est trop tard, il va s'écraser...

Durant un moment, le stade fut silencieux. Les yeux ronds de peur, Lily vit Potter se coucher sur son balai et le redresser. Il avait évité la pelouse de si peu qu'à présent, il semblait glisser dessus.

Puis, il reprit de l'altitude et leva son poing en l'air.

- Oooooh ! Oh ! Potter tient le vif d'or ! Il a réussi à l'attraper au dernier moment ! Gryffondor remporte le match avec deux cent dix points à zéro !

Une explosion de joie fit trembler le stade de Quidditch. Potter venait de se mettre debout sur son balai et saluait le public comme un acteur à la fin d'une pièce de théâtre. A côté de Lily, Mary et Eugénie s'étaient prises dans les bras en s'écriant : « Il est trop fort ! Il est vraiment trop fort ! ».

Lily leva les yeux au ciel. Au moins, Thimothée n'avait pas été blessé durant sa chute insensée du ciel.

- Et voilà comment se clôture ce premier match de la saison, mes amis. La victoire, ce n'est malheureusement pas pour les Poufsouffle. Mais saluons leur courage...

Mais les paroles de London furent noyées par les hurlements de victoire des Gryffondor. Quel manque de respect. Ils pourraient être un peu plus fairplay.

L'instant d'après, Lily suivait une Mary et une Eugénie surexcitées qui discutaient de tous les aspects du match dans les escaliers embouteillés du stade. De la performance de Jenna Potter aux cognards bien placés de Black, sans oublier ce qu'elles appelaient le « courage sans borne » de James Potter. Courage, rouspéta-t-elle intérieurement, l'arrogance sans borne, plutôt.

Arrivée dans le grand hall du stade toujours aussi bondé de monde, Lily donna une petite tape à ses amies pour attirer leur attention.

- J'ai quelque chose à faire, leur dit-elle, je vous rejoins plus tard.

- D'accord, répondit Mary, on t'attendra dans la salle commune.

Lily hocha la tête et traversa la foule. Elle arriva devant la porte des vestiaires des Poufsouffle où l'endroit était plus calme. Certains joueurs de l'équipe en sortaient la mine basse sans lui accorder un seul regard. Certains venaient juste de prendre leur douche dans les vestiaires, d'autres portaient encore leur tenue de Quidditch, comptant probablement se laver dans le confort de leur salle commune.

Ce fut le cas de Thimothée lorsqu'il sortit. Lily ne savait pas pourquoi, mais elle trouvait encore plus beau dans sa robe de Quidditch jaune, les cheveux ruisselants et le visage éclaboussé par la boue.

- Oh, salut, dit-il avec un sourire bien trop modeste.

- Salut. Tu as vraiment bien joué, tu sais, lui dit Lily en joignant les mains devant elle, ne sachant pas quoi en faire.

- Euh... Tu as conscience qu'on a perdu, j'espère ? répliqua le garçon avec un rire amusé.

- Oui, je sais. Mais toi, tu as bien joué. Cette descente en chandelle était vraiment incroyable. Comment as-tu fait pour ne pas avoir peur ?

- Eh bien, j'ai eu peur. Désolé de briser le mythe mais j'étais terrifié tout du long.

- Il n'y a pas de courage sans peur.

Thimothée eut un nouveau rire.

- Oui, c'est vrai. Merci à toi d'avoir cru en moi. Sans toi, je pense que je n'aurais même pas osé me rendre au match. Je serais resté bien caché au fond de mon dortoir.

- Non, je suis sûre que non, répliqua Lily, tu as beaucoup de courage.

Il eut un sourire flatté avant de reprendre :

- Le week-end prochain, il y a la première sortie à Pré-au-Lard. Est-ce que... Est-ce que tu voudrais y aller avec moi ?

Cette question la prit vraiment au dépourvu. Et tout s'emmêla dans son cerveau, comme si elle paniquait. C'était la première fois qu'un garçon l'invitait.

Et sa première réaction fut bien involontaire.

- Non, désolée, répondit-elle précipitamment, je... J'ai promis à Mary et Eugénie d'y aller avec elles. Bon, à plus !

Et elle s'enfuit. Presque littéralement.

Les Maraudeurs et les Caves maudites (tome 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant