Les Maraudeurs et les Caves maudites (tome 3)

Chapitre 134 - SIRIUS BLACK

Sept heures et demi du matin. Cela faisait un petit moment que Sirius, Jacob et Duncan arpentaient ce long couloir. Ils avaient tous éteint leurs baguettes. A présent que des torches accrochées aux murs éclairaient leur passage, ils n'en avaient plus besoin. Alors qu'ils évoluaient, Sirius se demanda si James avait déjà fait son saut de l'ange dans le maelstrom d'eau qui l'attendait, si Remus et le reste de son groupe étaient déjà arrivés au couloir piégé. En réalité, il se sentait coupable que Patricia l'ait mis dans une voie qui ne représentait aucun danger. Tout ce qu'ils avaient à faire, c'était de traverser une salle de classe vide, récupérer une clef et attendre face à une porte qu'ils ne pouvaient pas ouvrir pendant que les autres risquaient leurs vies.

Du moins, c'était ce qu'il croyait...

Sept heures cinquante. Les torches alignées aux murs disparurent pour laisser place à une salle plongée dans une obscurité légèrement bleutée.

- Jake, souffla Duncan, tu crois que c'est la fameuse salle de classe dont nous a parlé Patricia ?

- Allons voir mais avec prudence, répondit Jacob à voix basse.

Les trois garçons se collèrent au mur et jetèrent un coup d'œil à cette pièce. D'un coup, Sirius eut l'impression qu'on lui avait jeté un sortilège de rétrécissement. C'était bien une salle de classe mais avec des proportions si grandes que les trois garçons avaient la taille d'insectes en comparaison.

Les tables et les chaises étaient plus grandes que des maisons. Elles étaient correctement alignées, comme dans la salle de Métamorphose. Et surtout, elles étaient occupées par des élèves géants.

- Qui sont ces gens ? souffla avec détresse Duncan.

Sirius plissa les yeux pour essayer d'y voir plus clair dans l'obscurité. Plusieurs élèves penchés sur leurs tables patientaient sur leurs chaises. Mais grâce aux rares lueurs qui perçaient les ténèbres, il vit que ce n'était pas des êtres de chair et de sang. Leurs visages, leurs mains et tout ce qui sortait de leurs vêtements d'écoliers semblaient être taillés dans du bois.

- Ce ne sont pas de vrais élèves, remarqua Jacob, ce sont de gigantesques statues de bois. Il n'y a rien à craindre. Allons-y.

Il allait s'engager dans la géante salle de classe mais Sirius le rattrapa par le bras pour le remettre à couvert.

- Regarde bien, lui souffla-t-il.

Jacob et Duncan plissèrent les yeux. Ces statues de bois bougeaient. Certains remuaient leurs poignets sur leurs tables, comme s'ils écrivaient, d'autres tournaient leurs têtes pour regarder le tableau.

Et à ce tableau... Il y avait une femme gigantesque. Elle aussi semblait taillée dans du bois. Elle se tenait de dos et tout ce que l'on pouvait voir d'elle, c'était ses longs cheveux roux et ses vêtements stricts. On aurait dit une imitation terrifiante de McGonagall. Elle écrivait au tableau des runes incompréhensibles aux yeux de Sirius, faisant désagréablement crisser sa craie.

Puis, d'un coup, sans cesser d'écrire, elle se retourna. Son corps et ses épaules étaient restés dans la même position, seule sa tête avait pivoté sur elle-même. C'était un visage hideux, comme celui d'une momie. Il était fripé, pourvu de grands yeux ovales où se reflétaient une couleur d'un bleu électrique, derrière des lunettes en écailles, soutenues derrière les oreilles par une petite chaîne. Même chez une McGonagall plus furieuse que jamais, Sirius n'avait jamais vu cet air de sévérité. Ce n'était même plus de la sévérité, c'était de la cruauté qui se reflétait dans ces yeux perçants.