Les Maraudeurs et les Caves maudites (tome 3)

Chapitre 61 - SIRIUS BLACK

Ce fut le pire réveillon de Noël de sa vie. Dans le salon du 12, square Grimmaud, la famille Black était réunie autour d'un bon feu de cheminée et d'un grand sapin que Kreattur avait décoré du mieux qu'il le pouvait. Dans n'importe quelle autre famille, cela n'aurait annoncé qu'une bonne soirée en perspective. Mais dans celle de Sirius, c'était une toute autre histoire...

Il n'avait qu'une seule envie : quitter le salon et se réfugier dans sa chambre. Mais il savait que jamais sa mère ne le permettrait. Il restait alors dans un coin du salon à lire distraitement le dernier numéro de Balais-magazine sans pouvoir vraiment se concentrer dessus.

Tante Druella, dans son habituel élan d'étalage de sentiments, s'était effondrée à genoux et sanglotait. Oncle Cygnus essayait bien de la relever pour la remettre sur un fauteuil mais rien n'y faisait. Comme toujours, Père restait silencieux à siroter son vin d'elfe, les yeux dans le vide. Narcissa et Nausicaa semblaient aussi affectées que leur mère mais restaient plus discrètes. Regulus ignorait tout ce scandale qui se déroulait dans le salon et jouait avec les cadeaux qu'il avait reçu.

Et Mère, comme toujours froide et implacable, se tenait debout devant la cheminée, son porte-cigarette calé entre deux de ses longs doigts fins et blancs comme la mort, tournant le dos à Tante Druella.

- Ce n'est pas possible ! sanglotait cette dernière. Il y a eu une erreur. Il y a forcément eu une erreur !

- Il n'y a pas eu d'erreur, Druella, répliqua Mère sans daigner croiser son regard, c'est un fait, rien de plus.

- Jamais ma fille ne ferait une chose pareille.

- Ta fille aînée est devenue la honte de cette famille, gronda doucement Mère, elle avait déjà entaché le nom de Black en s'acoquinant avec un Sang-de-bourbe mais là, elle va trop loin.

- Calomnies proférées par nos ennemis ! dit Oncle Cygnus en renonçant à relever sa femme. C'est de la pure diffamation !

- C'est paru dans le dernier numéro de La Gazette du sorcier, poursuivit Mère sans se laisser affecter, Andromeda n'a même pas pris la peine de s'en cacher. Le mariage a été publique. Et qu'est-ce qui arrive généralement après un mariage ?

- Non, non, non, sanglota Druella.

- Un bébé. Félicitations, tous les deux. Vous êtes devenus les grands-parents d'une petite Nymphadora Tonks.

Sirius avait toujours eu l'impression qu'une sorte de rivalité s'était créée entre les deux belles-sœurs. Et aujourd'hui, il était prêt à parier que Mère prenait plaisir à voir Tante Druella échouer dans l'éducation de l'une de ses filles.

- Une petite Sang-mêlé dans la famille, reprit Mère avec cruauté, comme c'est charmant. C'est tellement dans l'air du temps. Que doit-on faire ? Inviter ce né-moldu de Tonks pour dîner à la maison ? Je suppose que vous n'avez jamais rencontré votre gendre, tous les deux ?

- Ça suffit, Walburga ! s'exclama Cygnus, visiblement à bout. Nous n'avons pas mérité cela. Tu n'as pas à en rajouter.

Sirius regarda son oncle qui tenait sa femme par les épaules et essayait de la rassurer mais aucune parole ne semblait parvenir à ce but. A la place, Druella leva le regard vers Mère, comme pour l'implorer.

- Que doit-on faire, Walburga ? souffla-t-elle. Que doit-on faire, maintenant ?

Le ton de Mère se radoucit.