Chapitre 92 - LILY EVANS

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Lily commençait à avoir mal aux fesses à force de rester assise sur le rebord de cette fontaine au beau milieu de la cour. Déjà, tout Poudlard semblait s'être réveillé, même pour les plus lève-tard du week-end. En réalité, les onze heures du matin commençaient à s'approcher et elle attendait toujours.

Qu'est-ce qu'il fait ? Cela fait plus d'une heure qu'on aurait dû se retrouver ici ! Est-ce qu'il a oublié notre rendez-vous ? Elle avait hésité à se rendre à la salle commune des Poufsouffle pour savoir ce que faisait Thimothée mais elle s'était rappelée qu'elle ne savait pas du tout où cet endroit se trouvait.

Elle attendit encore mais Thimothée ne se montrait toujours pas. Il était onze heures passées lorsqu'elle décida d'accepter la vérité. Il n'était pas venu et ne comptait pas venir ; parce qu'il n'en avait plus envie ou parce qu'il avait tout simplement oublié, elle n'en savait rien.

Elle quitta la cour, entra dans le château et fit le chemin pour retourner à sa salle commune en silence. Elle était dans un état étrange. Comme si elle venait de faire une terrible chute et qu'elle était encore sous les effets de plusieurs sentiments contradictoires qui s'entremêlaient en elle.

Lorsqu'elle arriva dans la salle commune des Gryffondor, celle-ci était quasiment vide. Elle se laissa tomber sur un fauteuil et se mit à pleurer. Mary et Eugénie se précipitèrent sur elle.

- Lily, Lily, qu'est-ce qui t'arrive ? Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda Eugénie en s'asseyant à côté d'elle, complètement alarmée.

- Est-ce que quelqu'un t'a fait du mal ? s'inquiéta Mary.

Lily renifla.

- Non... C'est Thimothée... On avait rendez-vous ensemble et... Il n'est pas venu...

- Vraiment ? souffla Mary.

- Mais... Tu es sûre que vous aviez rendez-vous ? demanda Eugénie. Tu es sûre d'avoir attendu assez longtemps ?

- Oui. C'est lui qui a proposé ce rendez-vous, fit Lily entre ses larmes, et je l'ai attendu durant presque une heure et demie.

Mary lui donna un mouchoir.

- Pourquoi est-ce qu'il n'est pas venu ? Est-ce que j'ai fait quelque chose de mal ? Ou alors il s'est aperçu que je n'étais pas assez bien pour lui ?

- Ne dis pas de bêtises, dit Eugénie, tu es très bien et tu n'as rien fait de mal. Il y a à peine un mois, il disait que tu étais la plus jolie fille de l'école, non ?

- C'est typique des garçons, grinça Mary en soupirant, un coup, tu es une véritable princesse à leurs yeux, l'autre coup, tu n'existes plus. Je pensais pourtant que ton Thimothée n'était pas de ce genre...

- Mais je l'aimais bien, moi, sanglota Lily, je pensais qu'avec lui, tout se passerait bien... On avait prévu plein de choses...

Elle sentit Eugénie lui caresser le dos. A ce moment-là, le portrait faisant office d'entrée à la salle commune s'ouvrit et Mélanie Wyatt – une fille de leur classe – entra dans la pièce. Elle les repéra aussitôt et s'approcha d'elles, troublée.

- Lily ? Pourquoi tu pleures ?

- Thimothée lui a posé un lapin, soupira Mary, la pauvre...

- Thimothée ? Tu veux parler de Thimothée Griffiths de Poufsouffle ? Vous n'êtes pas au courant de ce qui lui est arrivé ?

Lily sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine. Est-ce qu'il était arrivé quelque chose de mal à Thimothée ?

- Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda-t-elle avec appréhension.

- Il a été agressé, dit Mélanie, c'est le professeur Flitwick qui l'a retrouvé bâillonné dans un placard du troisième étage.

- Qui a fait ça ? gémit Lily, soudainement inquiète, outrée et catastrophée.

- On ne sait pas, Griffiths n'a pas pu voir ses agresseurs. Il pense qu'ils étaient quatre sur lui. Il paraît qu'il a été retrouvé tout nu et attaché dans un placard, ajouta Mélanie comme si elle partageait un détail croustillant.

Mais Lily ne l'écoutait plus. Quelles minables petites vermines avaient bien pu faire un tel acte ? Quelles odieuses petites brutes avaient pu vouloir faire du mal à un élève aussi gentil que Thimothée ? Sa rage commençait à bouillonner dans son cœur mais elle restait mélangée à la peine immense qu'elle ressentait pour Thimothée.

La porte de la salle commune coulissa de nouveau, laissant entrer quatre autres élèves. Potter et Black étaient en tête, vêtus de leurs capes rouges et tachetées de boue. Ils étaient suivis de Lupin et Pettigrow. Tous les quatre étaient en train d'éclater de leurs rires sonores, visiblement amusés par quelque chose que seuls eux pouvaient comprendre.

Quatre élèves... C'est eux qui ont fait ça ! Ce sont ces immondes petits voyous qui se sont vengés sur Thimothée. De nouvelles larmes coulèrent sur les joues de Lily mais cette fois, c'était des larmes de rage.

- Eh... Ça va, Lily ? demanda Eugénie d'une petite voix.

La tentation de s'attaquer aux Maraudeurs, si fiers de leur acte lâche et méprisable, grandissait en elle. Mais il y avait plus important à faire, d'abord. Elle se devait d'être à ses côtés après ce qu'il avait enduré.

- Je vais voir Thimothée, dit-elle d'un ton déterminé.

- Oh... Non, Lily, je ne crois pas que Mrs Pomfresh...

Mais elle n'écoutait plus. Elle traversa la salle commune d'un pas vif, donnant un grand coup d'épaule à Potter en passant.

- Eh ! Fais attention où tu vas, Evans ! lui cria-t-il dans son dos. Elle est complètement dingue, cette fille...

Essayant de résister à la tentation de le frapper, elle passa par l'ouverture du tableau et quitta la salle commune. Elle traversa tous les couloirs du château avec ce même pas vif et décidé ; elle traversa même un fantôme, le Moine gras, probablement, ce qui lui procura une étrange sensation de douche froide. Pas assez, cependant, pour calmer sa colère et son indignation.

Elle arriva finalement à l'infirmerie où Mrs Pomfresh s'affairait autour d'une table pour concocter avec rapidité une potion.

- Oh, Miss Evans ! Que faites-vous là ? Ne me dites pas que vous aussi vous avez un rhume ? Sinon, je vais devoir prévenir le directeur qu'on risque de faire face à une épidémie.

- Non, je vais bien. Je suis venue voir Thimothée Griffiths.

- Ah, je suis désolée, pas de visite pour Mr Griffiths. De toute façon, il dort, en ce moment.

Lily vit un lit caché par des paravents.

- Mais... Est-ce qu'il va bien ? Il va s'en remettre ?

- Oh, oui, certifia Mrs Pomfresh, soigner une personne victime du maléfice de Furonculose, c'est tout à fait dans mes cordes. D'ailleurs, j'ai l'impression que l'utilisation de ce maléfice pullule, cette année.

Le maléfice de Furonculose... Lily revoyait le visage cruel de Potter dans cette salle des trophées lors de ce stupide duel organisé entre Severus et les Maraudeurs. Ta baguette est pointée sur moi. Jette le sort. C'est le maléfice de Furonculose, au cas où tu te demanderais. Ce sortilège, c'était leur signature. Ils l'avaient utilisé contre Avery, Mulciber et Nott, ce soir-là. Et depuis, les Maraudeurs avaient dû le jeter à toutes les personnes qu'ils n'aimaient pas.

- Qu'est-ce que vous faites encore là, Miss Evans ? demanda Mrs Pomfresh. Mr Griffiths a besoin de repos. Je vous préviendrai lorsque vous pourrez lui rendre visite, d'accord ?

- Oui... Bien sûr. Merci.

Elle quitta l'infirmerie encore plus furieuse qu'elle ne l'avait été en y entrant.

Les Maraudeurs et les Caves maudites (tome 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant