Les Maraudeurs et les Caves maudites (tome 3)

Chapitre 122 - SEVERUS ROGUE

En un clin d'œil, la Grande Salle s'était remplie de tous les habitants du château ; élèves, professeurs, surveillants... Tous étaient là, l'air hagard. Personne ne comprenait ce qu'il venait de se passer et un vent de panique s'était levé sur tout le monde. Cela se reflétait dans les conversations angoissées qui retentissaient de toutes parts.

Severus ne savait pas ce qui était le plus terrifiant. Qu'au beau milieu du mois de juin, le château entier était emprisonné sous la glace ? Que cette même glace condamnait toutes les sorties – fenêtres, balcons, portes ? Ou que cela venait clairement d'une malédiction ?

Et Severus et Lily avaient bien d'autres questions qui vinrent se bousculer dans leurs têtes. Horn avait mentionné ces mystérieuses Caves maudites. Severus n'en avait jamais entendu parler. Était-ce les délires d'un fou amateur des théories du complot ? Existaient-elles vraiment ? Et si c'était le cas, pourquoi Severus n'en avait jamais entendu parler avec toutes les lectures qu'il avait faites et toute la culture qu'il possédait sur la magie noire ? Car après tout, ces Caves maudites ne semblaient pas si différentes de la Chambre des Secrets, endroit sombre, peu connu du grand public, légende que pourtant il connaissait bien.

Et autre curiosité, cette épaisse couche de glace s'était mise à recouvrir le château au moment où Horn leur parlait de ces Caves maudites. Et quelle avait été la réaction du professeur, alors ? Oh non, avait-il soufflé, quelqu'un a ouvert une Cave maudite... Cela ressemblait à s'y méprendre à un théoricien du complot qui mettait tout sur le dos de ses délires paranoïaques.

Dans la Grande Salle, cependant, les seuls qui tentaient de garder leur sang-froid furent les professeurs. Ils durent tous élever la voix pour les faire tous s'asseoir aux quatre tables et pour avoir le silence.

Alors, Albus Dumbledore s'installa derrière son pupitre en forme de hibou ouvrant les ailes.

- Comme vous avez pu le constater, déclara-t-il d'un ton calme qui contrastait avec l'ambiance d'un bleu froid qui régnait dans la Grande Salle, Poudlard a été victime d'une malédiction.

Et les commentaires repartirent, comme si cette déclaration confirmait les pires craintes de tout le monde. Assis à la table des Serpentard, Severus regarda les grandes fenêtres de la pièce qui étaient couvertes de glace, ne laissant entrer qu'une lumière tamisée et froide. Le plafond enchanté semblait avoir perdu de sa magie. On voyait à présent les poutres de bois et le dôme, haut en-dessus de leurs têtes.

- Soyez sûrs, reprit le professeur Dumbledore d'une voix confiante, que nous trouverons une solution pour défaire cette malédiction. Pour l'heure, nous ne savons pas d'où elle pourrait venir ni qui en est le responsable. Vos professeurs et moi-même allons nous regrouper dans la salle des professeurs pour tenir un conseil et voir ce que nous pourrons faire pour annuler ce mauvais sort. Je tiens à rappeler, afin de vous rassurer, que tous vos professeurs sont des experts dans leur domaine et il ne fait aucun doute qu'avec nos efforts combinés, cette malédiction ne tiendra pas longtemps. Mais vous comprendrez aisément que, pendant notre entretient, nous ne pourrons pas vous surveiller comme il se doit.

« J'appelle donc tous les élèves, de la première à la dernière année, à faire preuve de responsabilité et de sagesse. Les surveillants vous accompagneront tous à vos salles communes respectives. Il vous sera formellement interdit de les quitter jusqu'à nouvel ordre.

Un silence de plomb accompagna ses paroles. Severus avait presque l'impression que tout le monde dans la Grande Salle pouvait entendre sa respiration tremblante.

- Une malédiction de glace si étendue n'est pas une magie ordinaire, reprit le directeur avec un sérieux qui faisait froid dans le dos, et cette histoire n'est pas à prendre à la légère. Pour l'heure, Poudlard est coupé de toutes communications extérieures et de tous moyens de sortir. Vous comprendrez donc qu'il va nous falloir nous débrouiller par nous-mêmes.

« Il y a cependant une bonne nouvelle. En effet, la glace n'est restée qu'à l'extérieur du château et ne touche pas tout ce qui se trouve en ses murs. Cela n'est dû qu'aux formidables protections magiques dont le château est doté depuis sa création. Mais je suis sûr que vous aurez tous noté que la température du château a drastiquement baissé. Soyez rassuré, des feux magiques brûleront constamment dans les cheminées de toutes les salles communes, de tous les dortoirs... En fait, de toutes les pièces que nous occuperons.

« Y a-t-il des questions ? Oui, Miss Norfolk ?

Une fille assise à la table des Serdaigle levait la main.

- Si cette situation perdure encore jusqu'à lundi prochain, fera-t-on cours comme d'habitude ?

- Il est beaucoup trop tôt pour répondre à cette question. Pour l'heure, nous n'en savons rien. Qui sait ? Peut-être viendra-t-on à bout de cette malédiction avant la nuit tombée ? Mais si par malheur cette situation devait s'étendre à tout le week-end, nous nous réunirons de nouveau dans la Grande Salle où je vous ferai part de nos dernières décisions. Mr Flanders ?

- Serait-il possible qu'un élève de l'école ait pu faire une mauvaise plaisanterie et être coupable de cette malédiction ? demanda un Poufsouffle.

- Cela est très peu probable. C'est une magie vieille et perdue qui demande une puissance qu'aucun élève ne saurait avoir. Mais soyez sûrs qu'en enquêtant, nous découvrirons ce qui a déclenché tout cela.

Severus remarqua très clairement que le Poufsouffle semblait déçu de cette réponse, comme s'il voulait dénoncer quelqu'un en particulier.

- Si vous n'avez plus de questions, reprit Dumbledore, alors, dans un calme olympien, vous allez suivre les surveillants et vos préfets-en-chef qui vous conduiront à vos salles communes respectives. Encore une fois, j'insiste dessus : restez-y et ne sortez sous aucun prétexte.