Chapitre 97 - PETER PETTIGROW

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Au beau milieu de la nuit, l'orage éclata finalement dans un ciel nuageux, lançant de brefs flashs de lumière qui éclairaient la pluie et les arbres qui recouvraient les collines entourant Poudlard.

Les Maraudeurs s'étaient glissés hors de leur dortoir, enfouis sous la cape d'invisibilité comme à leur habitude. Ils n'avaient pas besoin de faire un crochet par le QG de Patricia ; juste après leur cours d'Histoire de la magie, Peter, James et Sirius avaient récupéré leurs fioles.

Ils passèrent par le tunnel secret qui serpentait sous la statue d'Hengist de Woodcroft et, au grand dam de Peter, se retrouvèrent pour ce qui lui semblait être la centième fois au beau milieu de la Forêt interdite.

La nuit, sous une trombe de pluie et éclairée par intermittences par les éclairs lumineux dans le ciel, celle-ci paraissait plus effrayante que jamais. Mais Peter suivit James, Sirius et Remus qui s'étaient mis en quête d'une clairière tranquille. Malgré le mois d'avril qui était déjà bien entamé, il faisait froid et l'endroit était venteux. Déjà trempé de la tête aux pieds, Peter regrettait la chaleur de son dortoir.

Enfin, ils trouvèrent une clairière et la choisirent pour commencer l'opération. Il sentit son cœur s'emballer. Il entendait encore la voix de Patricia dans sa tête : Votre rythme cardiaque va s'accélérer brutalement et vous allez avoir mal.

Il crut qu'il allait vomir lorsqu'il vit James qui sortait déjà sa fiole en cristal sous la pluie battante.

- Bien, vous vous rappelez tous ce que Patricia a dit, n'est-ce pas ? On boit cul-sec. Cul-sec, Peter, tu te souviens ?

- Oui...

- Ensuite, on fait comme on a fait tous les matins et tous les soirs depuis des semaines avec la baguette pointée sur notre cœur et on dit la formule.

Peter était tellement stressé qu'il entendit à peine Remus qui répétait l'incantation qu'ils étaient censés dire.

- Moi, je serai là pour vous réveiller si ça va trop loin, poursuivit-il, vous devriez vous dépêcher tant que l'orage éclate toujours. Je ne vous cache pas que j'ai bien hâte d'être de retour sous la chaleur de ma couette. Il fait vraiment froid.

Sirius regarda les deux autres.

- A trois ?

- A trois, confirma James, un, deux... Trois !

Peter déboucha sa fiole avec des mains fébriles et la porta à sa bouche. Un éclair éclata dans le ciel. Durant le bref intervalle où la lumière illuminait tout, il vit que ce qu'il allait boire avait une couleur rouge sang. Cette seule idée faillit le faire s'étouffer mais il tint bon.

Le goût était étrange. C'était légèrement graisseux et poisseux mais il n'y avait rien de bien prononcé. Il y avait aussi un goût que Peter avait du mal à qualifier... Un goût métallique, peut-être.

Boire cul-sec, même s'il ne s'agissait que d'eau, était dur pour Peter. Il avait l'étrange impression de se noyer. Mais avec cette pression et cette potion étrange qui avait fait mûrir un étrange mélange de chrysalide d'un insecte avec une feuille de mandragore imbibée de sa salive et de la rosée du matin, c'était pire encore.

Ce qui l'aida à tenir, c'était son imagination. Il se concentrait sur Jenna. Sur ce visage à la fois si beau et expressif. Cette fois, l'expression qu'il imaginait, c'était l'admiration. Admiration qu'elle éprouverait à son égard lorsqu'il se transformerait en un aigle qui volerait royalement au-dessus d'elle.

Je vais devenir un Animagus ! Ce n'est pas rien ! Jenna ne pourra pas en revenir... Être un Animagus à l'âge de treize ans, c'est incroyable même pour James et Sirius alors tiens bon !

Il termina sa fiole à peu près en même temps que les deux autres. Lorsqu'il la lâcha par terre, il crut durant quelques horribles secondes qu'il allait tout vomir. Remus les regardait, perplexe.

Mais déjà, James et Sirius pointèrent leurs baguettes sur leurs poitrines. Peter se dépêcha de sortir la sienne qu'il faillit échapper sur le sol humide et la dirigea à son tour contre son cœur.

- Amato, Animo, Animato, Animagus ! scandaient James et Sirius.

Remus jeta un regard appuyé à Peter pour l'inciter à s'y mettre. Il poussa un soupir et se concentra. Il ne percevait aucun battement de cœur supplémentaire.

- Amato, Animo, Animato, Animagus ! dit-il à son tour d'une voix tremblante.

Il ne se passa rien. La pluie continuait de les écraser, le tonnerre éclatait toujours avec autant de virulence au-dessus d'eux mais Peter, James et Sirius restaient là à attendre, aussi trempés que s'ils s'étaient jetés dans le lac de Poudlard.

Alors, James poussa un cri déchirant en se tenant la poitrine. Il s'effondra sur l'herbe imbibée d'eau. Sirius se précipita sur lui mais s'interrompit dans son mouvement, comme s'il s'était pris un cognard dans les côtes. Il s'effondra à genoux, son visage complètement dissimulés sous ses mèches de cheveux noirs et trempés. Il cria à son tour.

Peter regarda Remus, paniqué.

- Non, balbutia-t-il, je ne veux pas...

- Du calme, Peter, fit Remus, ça va bien se passer, ce n'est qu'un mauvais moment à passer. C'est comme quand tu...

Mais la voix de Remus se fana. Quelque chose n'allait pas. Peter se dit qu'il faisait une crise de panique car son cœur se mit à battre tellement vite qu'il crut qu'il allait exploser dans sa poitrine. Il tomba à genoux à son tour, cherchant à reprendre son souffle sous cette pluie battante. Rien à faire. Le cœur accélérait comme s'il courait un marathon interminable.

Puis, une douleur indescriptible éclata en lui. Il crut qu'il faisait un arrêt cardiaque. Il s'effondra sur le côté. La douleur semblait n'avoir aucune localisation sur son corps mais semblait venir de partout à la fois.

Puis, il s'évanouit.

C'était comme dormir... Mais en moins paisible. Il était tourmenté. Il était inconscient et en était conscient. Sa douleur était toujours là, comme une crampe qui refusait de passer. Mais l'orage, les éclairs, la pluie, la forêt, Remus... Tout ceci avait disparu, seule restait cette douleur lancinante.

Et une voix qui semblait venir d'un autre monde.

- Du calme, Peter, tout va bien se passer... Détends-toi, tout se passe normalement...

On aurait dit la voix de Remus mais il n'était nulle part. Tout était noir, autour de lui. Et il n'avait plus de corps. Pourtant, son cœur continuait à battre anormalement vite...

Non ! Tout n'était pas noir. Il y avait une forme blanche qui se formait dans les ténèbres. Au début, Peter avait cru que c'était de la lumière qui s'était imprimée dans ses rétines, comme quand on fixait une lumière trop longtemps et qu'on continuait à voir son empreinte en fermant les yeux.

Cette forme blanche était en train de devenir plus nette, plus précise. C'était un animal ? Un lapin, peut-être ? C'était petit. Est-ce qu'il y avait une chance pour qu'il la fasse changer la forme ? Qu'elle prenne l'apparence d'un lion surpuissant ou d'un aigle majestueux ? C'était beaucoup trop petit, Peter avait l'impression que cela pouvait presque tenir dans sa main...

La Forêt interdite, la pluie, l'orage... Tout revint d'un coup ! Peter ouvrit les yeux. Son cœur battait la chamade mais il semblait s'apaiser. Remus se tenait accroupi près de lui, l'air soucieux.

Les Maraudeurs et les Caves maudites (tome 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant