Les Maraudeurs et les Caves maudites (tome 3)

Chapitre 136 - JAMES POTTER

Huit heures vingt-cinq. Le tentacule qui l'avait attrapé serrait à présent sa gorge avec puissance. James ne savait même plus où il en était. Il continuait à être valdingué en cercle par les courants de cet horrible maelstrom. Son cerveau commençait à vaciller face à ce manque d'oxygène. Sa baguette émettait toujours de la lumière mais, accrochée à son bras, celle-ci n'arrêtait pas de bouger partout au rythme de ses gestes frénétiques. Il faisait noir, puis la lumière blanche et aveuglante revenait, puis il faisait à nouveau noir.

C'était un Strangulot. Sa face hideuse déformée par une rage inhumaine, le démon des eaux s'acharnait sur lui. Tous les deux continuaient d'être transportés par cette tornade sous-marine. Mais James parvint à sortir sa baguette du holster accroché à son avant-bras et la pointa sur le monstre.

- Lashlabask !

Aucun son ne sortit réellement de sa bouche. Seule une grosse bulle d'eau. Mais des étincelles orange et vertes fusèrent de sa baguette et touchèrent le Strangulot en plein visage. A la lumière, James vit de grosses cloques rouges apparaître sur la créature et celle-ci le lâcha. Elle paraissait même complètement sonnée par le sortilège.

James eut la présence d'esprit de remettre sa baguette dans son holster à son bras. C'était déjà un miracle ! Ses poumons hurlaient de douleur comme s'ils prenaient feu dans sa poitrine. Et son cerveau était tellement en manque d'oxygène qu'il semblait réfléchir au ralenti. Il allait perdre connaissance. Il le savait. Il allait perdre connaissance dans peu de temps.

Remus... Peter...

Non ! Il avait un travail à terminer avant de se laisser aller à la noyade. Il ne pouvait pas laisser deux de ses meilleurs amis mourir dans d'atroces souffrances par sa faute. Il fallait qu'il arrête ces eaux furieuses...

Mais comment ? Où était le salinkari ? Sans lui, il ne pouvait rien !

Toujours transporté par le tourbillon, il regarda autour de lui. Rien... Rien... Un Strangulot ! Non, ce n'était que celui qu'il avait assommé. Toujours sonné, la créature se laissait transporter par le maelstrom, inerte.

Enfin, sa baguette l'éclaira. L'espèce d'escargot violet. Contrairement à ce qu'il avait vu durant les cours de Soins aux créatures magiques, le salinkari ne fusait pas à travers les eaux, insaisissable et trop rapide. Avec ce déchaînement d'eau tourbillonnante, le pauvre escargot n'était plus maître de ses déplacements et se contentait de se laisser faire, transporté par le courant.

En utilisant ses dernières forces, James nagea vers lui. Était-ce la lumière de sa baguette qui s'éteignait ? Pourquoi commençait-il à faire plus sombre ? Fallait-il qu'il relance le sort ?

Alors il comprit. Sa baguette faisait toujours autant de lumière. C'était sa vision qui commençait à faiblir. Tout commençait à s'obscurcir. Ce n'était plus qu'une question de secondes avant qu'il ne sombre définitivement dans le néant.

James se jeta en avant, tendant son bras pour attraper le salinkari. Allez ! C'est comme au Quidditch ! Tu peux le faire ! Il avait attrapé des vifs d'or plus rapide qu'un salinkari balloté par les eaux.

Enfin, sa main se referma sur la coquille de l'animal et il se mit à nager désespérément vers le centre où se trouvait la plaque ensorcelée. Il était secoué de spasmes, comme s'il avait des quintes de toux. C'était son corps qui voulait le faire ouvrir la bouche. C'était comme un réflexe primaire. Ses muscles voulaient lui faire ouvrir la mâchoire pour respirer. Il se força à garder la bouche résolument fermée et nagea jusqu'à la plaque de bronze.

Sans réfléchir, les yeux fermés, il posa le salinkari dessus. La bestiole commença à ouvrir la bouche et à la refermer, comme pour gober toute la magie. James ne voyait plus rien. Il sentait juste que l'eau, autour de lui, se calmait doucement.

C'était fait. Remus et Peter étaient saufs. C'était l'essentiel. A présent, il pouvait se laisser aller. Il pouvait ouvrir la bouche et laisser l'eau envahir ses poumons...