Les Maraudeurs et les Caves maudites (tome 3)

Chapitre 17 - SEVERUS ROGUE

La cloche sonna midi au grand soulagement de Severus. L'atmosphère devenait étouffante dans la serre numéro 4 et il fut soulagé de pouvoir sortir. Chourave venait à peine de finir de leur communiquer le travail qu'elle attendait d'eux pour vendredi qu'il sortait déjà dehors, dans la cour.

- Quelle matinée, ronchonna Avery qui le rejoignait à l'extérieur, d'abord Binns avec son monologue interminable, maintenant ça... J'ai cru que j'allais m'étouffer !

- Pareil, dit Mulciber en épongeant son front couvert de sueur, allons manger, je vais mourir de faim.

- Attendez, dit Severus en se baissant, je suis sorti tellement vite que je n'ai pas rangé toutes mes affaires dans mon sac.

Ils s'éloignèrent un peu dans la cour pour laisser de reste des troisième année de Serpentard sortir de la serre et Severus mit un genou à terre pour ranger ses affaires. Il rangea ses quelques notes dans son cahier consacré à la Botanique et mit précautionneusement ses plumes dans son boitier.

- Grouille, Rogue, dit Mulciber, je vais m'évanouir si je n'avale rien dans la minute !

- Deux secondes !

Severus allait attraper le flacon d'encre qu'il avait posé par terre mais, à sa grande surprise, celui-ci se mit à flotter dans les airs tout seul. Il s'éleva juste au-dessus de sa tête. Etonné, il se releva d'un bond.

- Qu'est-ce que...

Il finit par comprendre ce qui se passait. Du pont en bois commençaient à arriver les premiers élèves de Gryffondor. Les Maraudeurs étaient en tête et il remarqua bien vite que Potter tendait sa baguette pour faire léviter le flacon au-dessus de la tête de Severus.

- Potter ! Mais qu'est-ce que tu...

- Reducto !

Un petit éclat rouge sortit de la baguette de Potter et, l'instant d'après, le flacon explosa en une pluie d'encre noire qui s'abattit sur Severus, Avery et Mulciber. Ils eurent tous les trois un cri de surprise, bientôt couvert par les éclats de rire des Maraudeurs.

Les quatre Gryffondor passèrent devant eux, hilares.

- C'est toujours aussi drôle, disait Black, la larme à l'œil.

Une haine viscérale monta soudainement en Severus. Il tira sa baguette de sa robe de son sorcier.

- Potter ! s'écria-t-il en essayant d'ignorer tous les autres élèves de la cour qui riaient eux aussi. Tu vas le regretter, espèce de sale...

Potter, Black et les deux autres se retournèrent. Ils n'étaient nullement impressionnés. Ils se rapprochèrent lentement d'eux. Aussitôt, comme des moustiques attirés par la lumière, les autres élèves de la cour se rassemblèrent autour d'eux, excités par la perspective de les voir se battre.

- Je rêve ou tu as sorti ta baguette, Servilius ? dit Black d'un ton moqueur. Qu'est-ce que tu vas faire avec ? Te curer le nez ?

- Je vais vous le faire regretter !

- Ah, oui ? Et comment ? dit Potter. Tu crois qu'il va essayer de nous asperger avec de l'encre, Remus ?

- Ce serait une bonne idée, répondit Lupin, et avec tout le bazar qu'il traîne dans ses cheveux, je ne sais pas si l'encre est ce qu'on a le plus à craindre.

Severus rougit nerveusement alors que la cour toute entière tremblait sous un rire moqueur commun.

- Tu peux faire ton malin tant que tu veux, Lupin ! lança Avery à sa droite. Mais on n'a que te pousser sans faire trop d'effort pour que tu t'écroules comme une grosse loque !

- Eh bien, viens me pousser, alors, répliqua Lupin.

- On verra si vous allez autant rire quand je vous aurai collé mon poing dans la figure ! cracha Mulciber.

- Qu'est-ce qu'on t'a déjà dit, Mulciber ? répliqua Black. Tu ne devrais pas parler, ça met les gens mal à l'aise. Est-ce qu'on essaye de comprendre son dialecte de primitif ? Est-ce qu'on le brûle ? Ça sème le trouble !

Une nouvelle fois, de nombreux éclats de rire retentirent dans la foule qui les entourait. Severus retroussa ses lèvres en un rictus.

- C'est votre terrain, ça, hein ? dit-il.

- Qu'est-ce que tu veux dire, Servilo ? demanda Potter.

- Vous mettre en scène. Parler, parler et encore parler. Mais si ce n'était que nous contre vous, quelle tête est-ce que vous feriez ? Quand il s'agit d'acte et pas de bla-bla, je suis sûr que vos sourires suffisants se feraient plus discrets.

Severus constata que ses paroles étaient accueillies avec intérêt par les élèves qui assistaient à la scène. C'était comme s'ils se disaient tous : « Ooooh, qu'est-ce que les Maraudeurs ont à répondre à ça ? ».

- Tu proposes quoi, Rogue ? Un duel ?

- Exactement. Un duel. Nous contre vous.

A sa grande frustration, Potter et Black échangèrent un sourire.

- Certains gamins ont besoin d'une bonne leçon, de temps en temps, dit ce dernier, moi, ça me va.

- Très bien, Rogue, dit Potter, choisis l'heure et la date.

- Dans la nuit du vendredi à samedi, minuit, dit Severus du tac au tac, le cœur battant.

- Excellent choix ! fit Potter d'un ton appréciateur. Tu auras tout le week-end pour te remettre, comme ça.

Des murmures excités parcoururent l'assemblée d'élèves. Severus arrivait à entendre certains chuchoter : « Un duel ! », « Ce Rogue a provoqué les Maraudeurs en duel ! », « Apparemment, ils vont se battre en duel »... Certains, même lançaient des acclamations, de temps en temps. Et avec cette soudaine attention, c'était comme si la perspective du duel devenait soudainement une réalité.

Avery dut le ressentir car son sourire cruel venait de disparaître.

- Eh ! Deux secondes, Rogue ! Les Maraudeurs sont quatre, nous on n'est que trois ! C'est complètement déséquilibré.

- Ne t'en fais pas pour ça, Avery, intervint Lupin, moi, je ne serai pas là. Ce vendredi, je serai à l'infirmerie.

- Ce sera du trois contre trois, confirma Potter.

- Ben voyons !

- C'est la vérité, dit Lupin, mais si tu ne me crois pas, tu peux toujours demander à Mrs Pomfresh.

Avery regarda Severus, une expression incertaine sur le visage. Celui-ci sentait son cœur battre à tout rompre mais à présent, il ne pouvait plus faire machine arrière.

- A trois contre trois, dit-il d'un ton ferme, dans la salle des trophées.

- Très bien, Servilius, dit Potter, on se retrouve dans la nuit du vendredi au samedi dans la salle des trophées. Tu l'auras, ton duel...