Chapitre 139 - LILY EVANS

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Lily fut réveillée par quelque chose qui venait de tomber sur son visage. Un peu hébétée, elle se redressa dans son lit et regarda autour d'elle. Sur sa couette, un petit avion en papier était tombé là. Qui lui avait joué ce tour ? Elle tira le rideau de son lit et regarda le reste du dortoir des filles. Tout le monde dormait, elle était la seule éveillée. Et à la fenêtre, la lumière faible du jour passait à peine au travers de la glace qui emprisonnait encore le château.

Qu'est-ce que c'est que ça ? grommela-t-elle intérieurement en prenant l'avion en papier.

Elle regarda son réveil. Il était à peine huit heures et demi. Réprimant un bâillement, elle déplia la feuille et remarqua qu'un petit mot avait été griffonné à la va-vite dessus.

Miss Evans,

Je n'ai plus d'autres choix. Je crois que c'est Lambkins qui a emprisonné le château sous la glace. Et il menace de tuer ma sœur. Je vais devoir obéir à ses ordres et je vais descendre aujourd'hui dans la Cave maudite.

Je suis désolé, Miss Evans, mais j'espère que vous comprendrez que je n'ai pas d'autre choix. Vous ne savez pas de quoi cet homme est capable.

C. Horn.

Lily sentit son cœur s'emballer. C'était une note volante que le professeur Horn venait de lui envoyer... Et il comptait suivre les directives de cet horrible homme qui le tourmentait depuis des années ! Devait-elle s'en mêler ? Le professeur Horn semblait avoir pris sa décision, comment pouvait-elle espérer le faire changer d'avis ?

Non ! Il veut que je lui fasse changer d'avis ! Sinon, pourquoi cette lettre ? Il espère inconsciemment que je le ramène du bon côté.

Elle sortit précipitamment de son lit, retira sa robe de chambre et s'habilla avec énergie. Eugénie se tourna dans son sommeil mas ne réveilla pas. Tant mieux. Il valait mieux que personne ne la voie sortir de la salle commune, aujourd'hui.

Une fois qu'elle fut toute habillée, Lily quitta le dortoir et descendit dans la salle commune. En ce dimanche matin, personne n'était encore levé. Elle traversa la pièce... et s'arrêta net devant la porte. Elle n'avait pas le droit de quitter sa salle commune ! Mais comment dissuader le professeur Horn de ne pas se laisser faire par ce Lambkins en restant ici ? C'était impossible... Elle devait sortir. Et si un professeur la surprenait dans les couloirs... Elle espérait sincèrement qu'on écouterait ses justifications.

Plus résolue que jamais, Lily franchit le seuil de la porte et commença à parcourir le couloir désert avec prudence. Elle s'éloigna le plus possible du portrait de la Grosse Dame qui s'écriait derrière elle :

- Eh ! Eh ! Jeune fille, on n'a pas le droit de sortir de sa salle commune ! C'est un ordre direct du directeur !

Lily descendit précipitamment les escaliers, le cœur battant, horrifiée de devoir encore violer le règlement. Severus ! Elle devait rejoindre Severus. Elle n'arriverait pas à convaincre le professeur Horn seule. Elle avait besoin de l'aide de son ami. Faisant taire la petite voix qui murmurait qu'elle avait peu de chance de réussir à sortir Severus du lit puisqu'elle ne pouvait pas pénétrer dans la salle commune des Serpentard, elle poursuivit sa route.

Elle entendit une voix au détour d'un couloir. Elle se colla aussitôt au mur en essayant de se faire discrète.

- Nous l'avons découvert au beau milieu du couloir, Mr le directeur, disait la voix grincheuse de Rusard, une traînée de glace, la seule trace qu'on a de cette malédiction à l'intérieur du château. Miss Teigne et moi, nous avons tout de suite su que ça n'avait rien de normal.

Elle risqua un regard derrière l'angle du mur où elle se cachait. Le concierge descendait des escaliers suivant le pas sûr du professeur Dumbledore.

- Vous dites que vous avez fait cette découverte dans un couloir du cinquième étage, Argus ?

- Oui, c'est cela. Le couloir du cinquième étage de l'aile ouest, pour être plus précis, Mr le directeur.

- Le couloir du cinquième étage de l'aile ouest, répéta pensivement le professeur Dumbledore, qu'y a-t-il de si important par là-bas ? La volière, la classe d'Arithmancie, des toilettes...

- Oui et quelques salles de classe qu'on utilise parfois pour des séances d'Etude, dit Rusard, mais c'est ça le plus étrange, professeur : cette traînée de glace se trouve au beau milieu d'un couloir où il n'y a rien ! Rien de bien notable, tout du moins. Un placard à balais – et encore, je ne l'utilise jamais, il est trop petit, la dernière fois que je l'ai utilisé... Oh, ça doit remonter à...

- Mon cher Argus, fit la voix du professeur Dumbledore de plus en plus faible au fur et à mesure que les deux hommes s'éloignaient, il n'y a pas un endroit dans ce château où il n'y ait rien de notable. Nous allons voir cette fameuse traînée de glace. Voulez-vous avertir Minerva, Filius, Pomona et Horace – si vous arrivez à le tirer du lit un dimanche matin, s'entend.

Lily n'entendit pas la réponse de Rusard. Les deux hommes avaient disparu. Elle reprit sa route et continua à descendre les étages du château en restant très prudente. Elle était presque arrivée au rez-de-chaussée lorsque, au détour d'un couloir, elle heurta quelqu'un de plein fouet.

Elle fit quelques pas en arrière pour ne pas tomber et redressa un regard inquiet devant elle, s'attendant à être tombée sur un professeur...

Mais ce n'était pas le cas.

- Severus ? s'étonna-t-elle.

- Lily ! Dieu merci, je te cherchais. Il s'est passé quelque chose, ce matin. Regarde ce que j'ai trouvé à mon réveil.

Il lui tendit une page sur laquelle étaient griffonnés quelques mots. Lily la parcourut en quelques secondes des yeux ; c'était exactement le même que celui qu'elle avait reçu, à l'exception près que « Miss Evans » avait été remplacé par « Mr Rogue ».

- Oui, je l'ai reçu, moi aussi, dit-elle précipitamment en rendant le mot à Severus, je venais justement te chercher pour qu'on aille voir le professeur Horn. Il faut l'empêcher de faire une grosse bêtise !

Elle monta les escaliers quatre par quatre, suivie de Severus.

- Je suis d'accord, dit-il, bien que je ne sois pas sûr qu'on soit d'une grande utilité face à ce Lambkins. Comment s'opposer à lui quand même un professeur de Défense contre les forces du mal n'y arrive pas ?

- Je le sais bien, Sev, mais on ne va pas rester là sans rien faire. On peut peut-être le convaincre de renoncer, d'en parler au professeur Dumbledore !

Ils grimpèrent jusqu'à l'étage où avaient traditionnellement lieu leurs cours de Défense contre les forces du mal et se rendirent jusqu'au bureau du professeur Horn. Mais dès qu'ils arrivèrent devant la porte, Lily sut que quelque chose d'horrible s'était passé. La porte restait entrouverte.

Elle toqua néanmoins.

- Professeur Horn ? Vous êtes là ? demanda-t-elle.

Aucune réponse. Ils patientèrent quelques secondes, puis Severus poussa la porte de la main. Lily allait lui reprocher ce manque de civilité mais elle n'en eut jamais l'occasion.

Le professeur Horn était bien là, étendu les bras en croix sur le sol, en travers de son bureau.

Les Maraudeurs et les Caves maudites (tome 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant