Suffering | Tome 1 & 2

Chapitre 3: Mal entendu

Caleb

_Caleb ! M'appelle mon père au moment où je franchis le seuil de la porte.

_Oui ? Dis-je en entrant dans la cuisine.

Je remarque que tout le monde est présent. Ma mère, mon père, ma sœur et moi.

Belle petite famille parfaite...

_ Assieds toi s'il te plaît, il faut qu'on te parle de quelque chose, lâche ma mère de sa douceur légendaire.

_J'écoute.

_ Je suis désolée de te l'annoncer comme-

_On déménage, la coupe mon père.

_Quoi ? Demandé-je ahuri.

_Tu as très bien entendu, tu as deux semaines pour faire tes valises.

Je regarde dans l'incompréhension de ce qui est en train de se passer. Il veut m'enlever à ma vie, à mes repères, à mes amis.

Elle me regarde de ses yeux verts, un regard profond. Elle ne l'avait pas fait depuis deux ans. Elle me regardait toujours avec mépris ou dégoût, mais là rien. Juste le vide.

J'aimerais connaître le fond de sa pensée actuelle, pouvoir deviner naturellement à quoi elle pense.

Peut être à combien elle te déteste.

Non.

_Caleb tu m'écoutes ?

La voix de Kiara me sort de mes pensées. Je tourne la tête vers elle et lui lance mon regard le plus noir.

Quand je tourne ma tête pour continuer mon jeu de regard avec celle qui hante mes pensées je ne la vois plus. Elle a disparu, encore.

Elle fuit, elle ne fait que ça depuis deux ans.

Je décide de partir à sa recherche. Hier, je n'aurais pas dû la laisser seule alors qu'elle était complètement paniquée mais son comportement me perturbe, un peu trop.

Dès que je la touche, elle me repousse comme si mon simple contact pouvait la briser.

Alors le seul moyen que j'ai trouvé pour avoir des contacts réguliers avec elle, c'est de l'embêter.

Je pars donc fouiller tous les étages de ce lycée. Je la cherche comme on chercherait un trésor.

Mon trésor.

Après dix minutes de recherches intenses, durant lesquelles je suis passé par toutes les salles, je la retrouve assise, dans les escaliers de secours du deuxième étage. Je vais m'assoir à côté d'elle tout en gardant mes distances. Je ne supporterais pas qu'elle me repousse une nouvelle fois.

Sa tête posée sur ses genoux ramenés à sa poitrine et ses bras le long de son corps. Je vois à ses yeux rougis et brillants qu'elle se retient de pleurer. J'ai l'impression de la comprendre sans même avoir besoin de parler avec elle.

Je me retiens d'engager la conversation au risque qu'elle se braque. Le silence m'apaise, je profite juste de sa présence. Elle profite de la mienne. Mais ce silence devient rapidement pesant.

_T'as tes règles ou quoi ? Lancé-je en riant dans le but de détendre l'atmosphère.

_Ta gueule, crache-t-elle froidement.

Tout ce que madame voudra.

Elle enfouit rapidement sa tête dans ses genoux pour ne pas que je vois son visage.