Suffering | Tome 1 & 2

Tome 2 | Chapitre 4: Fausses paroles et nouvelles résolutions

Layana

Hier, après avoir recherché les billets d'avion, j'en ai finalement prix. Le départ est prévu dans une semaine. Jusque-là, il faudra que je m'avance sur mon travail pour éviter de prendre trop de retard.

C'est aujourd'hui.

Pétrifiée dans mon lit depuis deux heures du matin, je fixe mon téléphone comme si j'allais recevoir l'annonce de la fin du monde.

Ce serait toujours mieux qu'aujourd'hui.

Cette nuit, j'ai réussi à m'endormir pour, au final, qu'un cauchemar me réveille vers deux heures du matin. Je n'ai évidemment pas réussi à me rendormir, ne faisant que ressasser le passé. Tous les ans depuis le gala, je me dis que j'arriverai enfin à passer au-dessus de cette date qui me détruit un peu plus chaque fois.

Et chaque année, ce jour m'engloutit dans une nostalgie propre à lui-même. Comment suis-je sensée faire face alors que ma propre âme n'y parvient pas ?

Je sais de quoi je suis capable, de beaucoup de choses, mais rester forte aujourd'hui n'en fait pas partie. La poitrine serrée et la respiration saccadée, je tente de réguler les battements de mon cœur.

Le putain de sept mars.

07.03

Son putain d'anniversaire.

J'espère qu'il s'étouffera avec son gâteau.

Cette date représente tellement plus qu'un anniversaire. C'était le jour où je lui avais organisé une soirée, où nous avons parlé dans la chambre à cause d'un action ou vérité, où il m'a affirmé qu'il attendrait que je sois prête.

Tout était faux.

Décidant qu'il est temps de me lever, je retiens du mieux que je peux les larmes stupides qui tentent de couler. D'un pas mou, j'avance lentement vers la salle de bain. Je ne comptais pas sortir mais mon pneumologue m'a appelé dans la soirée pour me demander de passer faire une radio de contrôle.

Donc, je me glisse rapidement sous le jet d'eau chaude de la douche avant de me laver avec ardeur. Le souvenir de ses lèvres sur les miennes cette nuit-là ne me laisse pas en paix, j'ai l'impression d'encore sentir cette chaleur.

J'avais enroulé mes bras autour de lui comme s'il était ma bouée de sauvetage, comme si je pouvais lui faire confiance. Mon cœur ne battait que pour lui, après tout ce que j'avais vécu, j'avais encore la naïveté de croire que les fins heureuses existaient.

Pathétique.

J'aurais dû me douter de qui il était réellement sous sa douceur feinte, évidemment qu'il ne m'aurait jamais choisie. L'adolescente au corps couvert de cicatrices et pleine de traumatismes. Celle qui s'est vue prendre sa virginité dans la cave lugubre de son père. La fille stupide qui se faisait manipuler depuis le début.

Mais cette fille n'existe plus. Je n'ai pas besoin d'un homme pour m'aider, je suis capable de le faire seule.

À cette époque, j'étais tellement désespérée que j'avais besoin d'avoir quelqu'un à mes côtés pour me sentir protéger.

Je ne serais plus jamais dépendante comme ça.

Je sors de la cabine en m'enroulant rageusement dans une serviette, frustrée de ne pouvoir mettre un terme à ces pensées agaçantes. Mes iris fixent mon propre reflet à travers mon miroir tandis que je me convaincs que les gouttes qui roulent sur mon visage viennent de l'eau de mes cheveux encore humides.