Chapitre 35: Toujours

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Layana

_Laya, tu es sûre que tu ne veux pas ?

Mes iris plongés dans les siens depuis de longues et interminables minutes, je résiste en me souvenant des paroles prononcées par ma mère, de celles que j'ai moi-même prononcées en faisant ma promesse et de toutes les heures passées à m'expliquer son plan.

Je mords ma lèvre inférieure en m'empêchant d'accepter son offre même si j'en meurs d'envie.

_Oui Paul, je suis sûre et certaine de ne pas vouloir intégrer ton gang.

Ça fait maintenant plusieurs mois qu'il me le propose et que je refuse. Un petit soupir s'échappe de ses lèvres mais il finit par acquiescer doucement. Pensant que notre discussion est finie, il se replace face à son ordinateur.

_Paul ?

Au moment même où il lève la tête dans ma direction, les doutes m'assaillent. Mon père me fait vivre un enfer et j'aimerais lui demander de m'aider. Mais est-ce que je suis prête à en assumer les conséquences ?

_Non, rien, finis-je en sortant de son bureau.

Je ne peux pas le trahir comme ça, j'ai envie de protéger cet homme qui m'a élevée. Après tout, peut-être que si ma mère revient, il redeviendra le père aimant qu'il était avant.

C'est sur cette poussée d'espoir que j'attrape mon téléphone.

Moi: Maman, reviens, s'il-te-plaît.

Inconnu: Quand il sera mort.

Les yeux de Caleb sont figés sur la boîte que je viens de sortir, comme s'il n'y croyait pas. Au début, je n'avais pas l'intention de l'acheter puisque je pensais passer la Saint-Valentin seule. Mais je l'ai quand même fait.

Je vois sa lèvre inférieure tressaillir avant qu'il ouvre et referme plusieurs fois la bouche. Et aucun mot ne franchit la barrière de ses lèvres.

Mes doigts passent doucement sur le long de la boite noire, retraçant l'écriture dorée sur le dessus. Le geste est nerveux, parce que j'attends qu'il dise quelque chose, j'ai l'impression que ce sont les plus longues secondes de ma vie.

Finalement, un petit rire sort de sa gorge, suivi d'un autre alors qu'il ferme lentement les yeux. Son rire ne s'apaise pas pendant un moment et je peux sentir mes joues brûler.

Il se fout de ma gueule, là ?

Je fronce les sourcils en croisant les bras sur ma poitrine, prête à lui cracher mes meilleures insultes. Puis sa main glisse dans la poche de sa veste, et une boîte identique à la mienne émerge entre ses doigts. Et je comprends d'où vient son hilarité, j'écarquille les yeux en les plantant dans les siens.

Cette fois, ce sont nos rires mélangés dans une magnifique symphonie qui retentissent. Les autres clients nous jettent des regards à la dérober mais aucun de nous n'arrive à baisser d'un ton.

J'avais acheté ce cadeau après qu'il m'ait juré qu'aucun homme ne pourrait poser les mains sur moi. C'était principalement un coup de tête. Je savais que je le verrai aujourd'hui, même si je ne pensais pas que nous irions au restaurant.

Apparemment, lui le savait, puisqu'il a pris un cadeau dans la même boutique que moi.

Au bout d'un moment, assez long pour que des regards noirs nous dévisagent, nous cessons lentement de rire.

_Bonne Saint-Valentin, chuchoté-je, en même temps que lui.

La moitié de mon âme brisée.

Mes lèvres s'étirent inexorablement sans décrocher mon regard du sien alors que le vacarme de mes pensées ne cesse de marteler mon esprit. Des pensées qui me rappellent malgré moi que je dois profiter de ces moments de calme. Car, dans le cas où lui aussi compte trahir son père, ce sera nous contre le monde.

Suffering | Tome 1 & 2 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant