Chapitre 38: À une époque

2.1K 82 312
                                    

Layana

Je vais mourir.

C'est une certitude, parce que je n'ai jamais atteint ce degré de souffrance.

_Lève-toi, crache-t-elle en me bousculant de son pied.

Une toux horrible me secoue le corps, m'obligeant à recracher tout le sang qui s'était accumulé dans ma bouche. Une nausée me soulève l'estomac quand je pose ma main sur ma côte probablement fracturée.

En rassemblant mes dernières forces, je me redresse mais titube jusqu'à retrouver un semblant d'équilibre.

_Relève-toi, ma fille vaut mieux que ça.

Mes larmes coulent sur la pellicule de sueur qui recouvre mon visage.

_Maman, je suis fatiguée, soufflé-je lentement.

_Je sais que Paul t'entraîne depuis que tu es enfant, Layana, il ne fait pas tous ces efforts pour rien. Approche. Maintenant.

Mes iris s'accrochent à cette femme qui a l'air magnifique de l'extérieure, mais elle est tellement détruite qu'elle ne peut s'empêcher d'anéantir tout ce qu'il y a autour d'elle.

Ses cheveux châtains qui ressemblent parfaitement aux miens, ses yeux noisettes, son nez en trompette et ses légères taches de rousseurs dont j'ai héritées, me rappellent le passé.

Je la connais par cœur, chaque parcelle d'elle, pourtant, quand je la vois actuellement, j'ai l'impression d'être devant une inconnue.

Une femme façonnée par la vengeance et la rancoeur.

_Maman, je... je n'y arriverai plus.

Seulement quelques jours sont passés depuis le cauchemar que j'ai vécu dans la cave de mon père et malgré les crèmes et les antidouleurs que je prends à répétition, la déchirure que je ressens est encore vive.

_Il t'a violée parce que tu es trop faible.

Et toutes les émotions qui sont présentes dans mon esprit prennent feu en même temps, comme si ses paroles étaient un putain de combustible.

Je sais que ça peut paraître puéril mais j'ai envie de la blesser comme elle m'a blessée à l'instant.

_Et toi alors ? Hurlé-je à m'en brûler les cordes vocales. Ils t'ont violée parce que tu es faible ?

Et je sais instantanément que j'ai fait une erreur.

Sa main atterrit violemment sur ma joue, provoquant une brûlure irradiante à l'endroit de l'impact. Nous nous battons régulièrement pour ce qu'elle appelle des entraînements mais les coups n'étaient jamais portés au visage.

Le goût amer de l'humiliation me fait serrer les mâchoires, des larmes de frustration perlent encore aux coins de mes yeux.

_Je t'interdis de nous comparer ! Ils étaient dix et j'ai essayé de me défendre !

_Parce que tu penses que je n'ai pas tout fait pour me détacher ?! M'emporté-je brusquement.

_Tu étais face à un seul putain d'homme et tu n'as même pas eu le courage de te déboîter les pouces pour le frapper !

_J'étais attachée avec une putain de corde pas avec des menottes ! Et il y avait papa, ça n'aurait rien changé, ils m'auraient rattrapée même si je m'étais libérée !

Presque immédiatement, ses iris s'assombrissent et me font comprendre que je n'aurais jamais dû en parler parce que je sens que ses entraînements vont devenir encore plus violents.

Suffering | Tome 1 & 2 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant