Layana
La sensation d'être en train de rendre mon dernier souffle me comprime de l'intérieur, j'ai l'impression de perdre un organe. Je ne comprends pas comment c'est possible. Pliée en deux sur mon lit, mes deux mains appliquant une pression sur mon ventre, je hurle dans un coussin en espérant que cela atténuera le mal qui me cisaille.
Mon attention se focalise soudainement sur mon téléphone qui sonne et je réponds instantanément en constatant que c'est Caleb.
_Comment tu te sens ?
_Je vais mourir, putain, dis-je en étouffant un gémissement plaintif. Depuis quand avoir ses règles provoque de telles douleurs ?
_Je n'en sais rien Layana, c'est plutôt à moi de te poser la question, pouffe-t-il légèrement.
Une autre crampe me tord l'estomac et je raccroche, ne pouvant plus parler. Je n'ai jamais eu de règles aussi douloureuses mais je sais qu'avec le stress, elles peuvent changer.
Et en ce moment, ce sont le stress et l'angoisse qui rythment ma vie.
Une dizaine de minutes après cet appel, des coups se font entendre derrière la porte, jugeant que c'est probablement mon père, je lève les yeux au ciel en attendant qu'il entre. Il est toujours de mauvaise humeur en ce moment et, si au début je comprenais, son comportement commence à m'agacer.
On ressent tous une immense tristesse lorsque l'on voit ma mère mais ce n'est pas une raison.
_Bah entre, dis-je au bout de cinq minutes d'attente.
La porte s'ouvre beaucoup trop délicatement pour que ce soit mon père et, à ma grande surprise, ce sont les iris bleutées de Caleb que je vois émerger. J'écarquille les yeux en me redressant, attendant qu'il m'explique la raison de sa venue.
_Je... en fait... tu... bref tiens, bégaye-t-il en entrant.
Il dépose des chocolats, des bonbons et une bouillotte sur mon lit. Mon regard s'illumine devant ces trésors et je crois que mon cœur n'a jamais été aussi reconnaissant.
Je n'avais pas besoin qu'il me dise qu'il m'aimait, il me le montrait à travers ses actions.
Voulant rejoindre mon oncle, je me dirige vers l'étage pour m'habiller d'un simple jogging et d'un pull blanc. Je grimace en enfilant celui-ci, chaque mouvement me faisant l'effet de millions de lames qui tailladent la peau. Je décide de laisser tomber le maquillage afin de sortir le plus rapidement de chez moi.
Flemme de croiser mon père.
C'est fou comme on ne se rend compte des choses seulement lorsqu'on les perd. L'environnement dans lequel j'évoluais jour après jour me semblait banale voir maussade, je le voyais tous les jours et je ne prenais pas forcément le temps de savourer tout ça.
Mais après un mois de séquestration, je profite de tout ce qui m'entoure : le vent, les plantes, les bruits de circulation, absolument tout.
Cependant, cela ne présente pas que des avantages. Parce qu'avec ce que j'ai vécu, je me mets rapidement sur mes gardes, craignant le moindre mouvement suspect. J'ai l'impression que chaque personne qui passe à côté de moi représente une menace.
Lorsque j'arrive à la villa du gang, tout me parait si différent mais en même temps si familier.
Putain, je deviens sentimentale.
Je n'ai même pas encore foulé la terre du jardin que j'aperçois Paul, la mine inquiète, se ruer vers moi. Il arrive rapidement à mon niveau, je le vois détailler mon visage avec minutie avant de souffler de soulagement.
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Suffering | Tome 1 & 2
Romansa« Il te ment Layana, il le fait exprès. C'est son boulot » Ça rythmait leur quotidien, ça faisait battre leurs cœurs, ça les rapprochait, ils auraient dû y être habitués. Ils ne connaissaient que ça. La manipulation. Aucun doute, leur relation étai...