Suffering | Tome 1 & 2

Tome 2 | Chapitre 19 : Sombres révélations

TW: Mention de viol, sang, armes.

Caleb

Six minutes.

Huit minutes.

Neuf minutes.

Avant même que je ne lève le regard, je ressens son approche. Mon corps se redresse immédiatement lorsque je la vois courir dans ma direction, sa robe déchirée et les boucles de ses cheveux en bataille.

Je n'ai même pas le temps d'être soulagé de la voir entière que mon attention se porte sur le mouvement derrière elle. Évidemment, Chito la suit, me faisant m'imaginer le pire. La scène se déroule au ralenti pour moi. Les iris verts de Layana se braquent sur moi et la peur qu'ils transmettent me fait déglutir.

Une détonation me fait sursauter et me réveille de mon cauchemar. Je remarque enfin que Chito est armée, il tire sur Layana alors que la cuisse à laquelle elle avait accroché une arme est vide, ne laissant que sa peau exposée.

Putain, il avait compris depuis le début.

Ma main glisse dans la boîte à gant pour attraper ma propre arme, gravée au nom des Fernandez. Porté par ma seule haine de cet homme que je ne connais même pas, je sors de ma voiture. Ça peut paraître stupide de le haïr, mais il a osé s'en prendre à la seule personne qui s'est infiltrée dans mon cœur.

Mais à l'instant où je tends mon bras, Layana secoue vivement la tête. J'ai soudainement envie qu'elle soit beaucoup plus près, que je puisse la protéger moi-même. Elle est encore à quelques mètres de moi et je déteste cette distance entre nous.

— Ne tire pas ! M'ordonne-t-elle directement.

Au même moment, une nouvelle détonation brise le silence agréable de la nuit. Le bruit fait fuir les oiseaux qui étaient paisiblement posés sur les arbres aux alentours. Mon rythme cardiaque semble se suspendre lorsqu'un cri aigu vient fissurer ma poitrine.

Je pose à nouveau mes yeux sur la femme de ma vie qui courrait jusqu'à présent sans difficulté vers moi. Mais il ne l'a pas ratée, cette fois. Je vois ses mains se poser contre sa cuisse droite pour tenter de compresser le sang qui s'en échappe.

Ses dents viennent agripper sa lèvre inférieure, probablement pour éviter qu'elle ne se mette à hurler.

Une douleur vient accompagner la peur amère et familière qui me compresse de l'intérieur. Je n'ai ressenti ça que deux fois. La première était lorsque Layana a eu un traumatisme crânien avant d'être plongée dans un coma artificiel. La seconde était quand sa mère lui avait tirée dessus.

Quoi qu'il en soit, je m'étais promis de ne plus jamais ressentir ça puisque plus personne ne devait faire du mal à Layana.

Je vais tuer Chito.

Lentement.

Parce que rien n'est comparable à l'angoisse fracassante qui s'infiltre dans mes veines en voyant la douleur déformer les traits de ma fausse femme. De nombreuses gouttes de sang s'échappent de sa cuisse pour s'écraser contre le sol.

Sans que je ne contrôle mes mouvements, j'avance en courant vers elle mais je m'arrête quand elle me jette un regard noir avant de crier :

— Monte dans cette putain de voiture et démarre !

En me rendant compte qu'elle n'a pas besoin de mon aide, je laisse ma raison prendre le dessus et me rendre compte qu'elle a raison. Donc, je lui obéis et mets le contact en priant pour qu'elle ne soit plus touchée.

Plus elle avance et plus son rythme ralenti tandis que la souffrance qu'elle endure compresse mon âme. J'accélère pour rouler dans sa direction et éviter qu'elle ne continue de courir. Rapidement, elle se retrouve sur le siège passager en lâchant un gémissement de douleur.