Tome 2 | Chapitre 3: Beaucoup trop

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Layana

La tête posée sur mon bras, affalée sur le tabouret de ma cuisine, je touille mon café en appelant Ivy pour la vingtième fois de la journée après lui avoir envoyé des dizaines de messages.

Après deux jours sans nouvelle, je suis à deux doigts de débarquer chez elle. L'angoisse n'a jamais été aussi présente qu'à cet instant.

_ Réponds, merde, râle-je en songeant sérieusement à sauter dans le premier avion. 

Je patiente encore en gardant l'espoir de ne pas tomber une nouvelle fois sur sa messagerie. Je commence à la connaître par cœur.

_Oui ? Retentit une petite voix.

À ce moment, plusieurs émotions ressurgissent dans mon corps. Le soulagement est le premier à se manifester, me faisant relâcher l'air que je retenais dans mes poumons. Mais il y a aussi un mélange de colère et d'inquiétude, parce que ça ne lui ressemble pas de me laisser sans nouvelle, elle qui s'inquiète tant pour ma santé.

_Oh putain, Ivy ! Tu vas bien ? Qui est-ce que je dois tuer ?

_Oui, ne t'en fais pas, et tu ne dois tuer personne, lâche-t-elle dans un rire. Je suis désolée, j'avais beaucoup trop de travail.

Même si elle ne peut pas me voir, mes sourcils se froncent instinctivement devant ce mensonge à peine déguisé. Elle a déjà eu des examens avant ceux-là, mais elle prenait toujours le temps de me répondre. Essayant de trouver une excuse à son mutisme, je me convaincs qu'elle a sûrement plus de travail qu'en deuxième année.

_Et toi, Laya, tu vas bien ?

_Tout va bien, la rassuré-je en ajoutant un sucre dans mon café amer. Est-ce que tu as des nouvelles d'Adrian ?

J'ai l'impression de percevoir son souffle se bloquer dans sa gorge avant qu'elle ne soit prise d'une toux et qu'elle ne prononce d'une faible voix :

_Je.. je crois qu'il était sur un travail important ces derniers jours. Il m'a appelée seulement hier pour me prévenir.

Il lui a parlé ?

Un goût plus amer que le café me brûle la gorge lorsque je me rends compte qu'il ne me répondait pas depuis plus de deux jours mais qu'il a appelé Ivy. J'ouvre la bouche pour répondre mais aucun mot ne daigne franchir la barrière de mes lèvres, mon cœur serré m'en empêchant.

Est-ce qu'il ne voulait plus me parler ?

Je sais que c'est un peu hypocrite de penser ça alors que j'avais cessé de lui adresser la parole durant deux années complètes. Et je m'en veux énormément, mais je sais qu'Adrian n'est pas comme moi.

C'est pourquoi je ne comprends pas son silence soudain. Adrian a toujours été celui qui m'empêchait de sombrer. Un soupir m'échappe tandis que j'arrête enfin de touiller nerveusement mon café.

_D'accord...

_Laya, tu n'as jamais pensé à prendre un animal de compagnie ?

Hein ?

Le changement brutal de sujet me surprend tellement que je ne réponds pas tout de suite. Après quelques secondes, je souffle :

_Si, mais je me suis rendue compte que je n'aurai pas le temps de m'en occuper. Pourquoi ?

_Rien de particulier. Je me disais qu'un chien te tiendrait compagnie, rit-elle dans ce qui ressemble à un gloussement nerveux. Et puis, tu habites dans une grande maison, il pourrait monter la garder, tout ça.

Absolument tous mes muscles se tendent violemment. Ivy sait que mon système d'alarme est très performant, alors je ne comprends pas pourquoi j'aurais besoin d'une protection supplémentaire.

Suffering | Tome 1 & 2 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant