Chapitre 18: Déni

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Layana

_Layana, tu parles toujours avec Caleb ? Demande Isabella à côté de moi.

Aujourd'hui, je reviens en cours après deux semaines d'absences. Deux semaines durant lesquelles ma seule activité était d'être au chevet de ma mère.

Mon père avait trop mal pour pouvoir s'occuper d'elle. Il a passé des jours et jours à appeler des médecins pour savoir ce qu'elle pouvait bien avoir.

Mais aucun ne savait ou ne comprenait la cause de son mal. Alors en attendant, j'étais là pour lui changer les idées.

Donc cette question me paraît tellement futile. J'hausse un sourcil en direction de mon amie.

_Oui, avoué-je simplement. Je lui parle souvent.

_Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il a de plus que les autres ?

Il est lui.

_Je crois qu'il m'aide à aller mieux chaque jour. Il est un peu comme une bouée à laquelle je peux m'accrocher pour ne pas me noyer.

_Je t'avoue que je ne comprends pas.

C'est normal, il faut le vivre pour le comprendre. À chaque fois que j'ai mal au cœur, je pense à ce qu'il me dirait s'il était avec moi et je vais mieux.

Il est devenu indispensable en quelques mois.

En pleine nuit, lorsque mes peurs les plus profondes refont surface, je l'appelle et s'il faut qu'il passe toute la nuit au téléphone avec moi, il le fait. Sans jamais se plaindre.

_Qu'est-ce que tu ferais si une fille s'intéressait à lui ? M'interroge-t-elle soudainement intéressée par mes réponses.

Bonne question, je ne sais pas.

Après tout, il n'y a rien d'officiel. Je ne pense pas avoir le droit de lui dire quoi que ce soit.

Si moi je suis fidèle alors qu'aucune chaîne ne nous relient, peut-être que lui ne l'est pas.

Peut-être qu'il joue avec moi.

Peut-être qu'il me manipule.

_Rien, répondis-je, c'est à lui de savoir mettre des limites, pas à moi de les lui imposer.

_Pourquoi ? Intervient Mia en fusillant Isabella du regard. Il te plaît ? Fais attention Isabella, je ne tolérais pas que tu fasse du mal à Layana.

Deux balles.

Deux mots qui tournent en boucle dans ma tête.

Allongée dans mon lit, attendant que mon père m'ouvre pour que j'aille au lycée, je repense à toutes les épreuves par lesquelles je suis passée.

Par lesquelles nous sommes passés.

Tout ça pour ça, pour qu'il soit blessé dans une guerre de gang stupide. Le pire étant que je ne sais même pas s'il est en vie, s'il souffre, s'il est sur le point de mourir. Je n'ai aucun moyen de le savoir.

Et je ne peux pas me renseigner parce que je suis sûre qu'elle surveille toutes mes communications et demander des nouvelles du fils de Fernando, c'est comme avouer que je ressens autre chose que du dégoût pour lui.

Deux jours que je ne suis pas sortie de ma chambre. Ma journée d'hier s'est constituée de douches à répétition, espérant faire partir les marques imaginaires laissées par Marc.

Je n'ai pas arrêté d'avoir mal, vaguant dans les souvenirs d'il y a un peu plus de deux ans, quand tout allait encore bien.

Deux mots que nous étions incapables de sortir, bien que nous les pensions du plus profond de notre être.

Suffering | Tome 1 & 2 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant