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Alma

Présent

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— Je l'ai dérobé dans le panier à linge sale, chez Will.

— Pardon ? s'exclame Riley, visiblement surpris.

— Qu'est-ce qui te choque, Riley, qu'Alma soit une voleuse ou qu'elle préfère porter mes t-shirts crades ? demande Will.

— Les t-shirts sales !

— Je les renifle toujours avant, et celui-ci sentait un mélange de feuilles de tabac et de cuir. J'ai souhaité le garder pour la nuit. Et puis comme il allait super bien avec mes mules rouges, j'ai décidé de...

— Je me casse..., lance une voix boudeuse au loin.

— Hum, je suppose que vous êtes au complet les gars, dis-je en me renfrognant. Moi aussi, je me casse, d'ailleurs. Will, je voulais juste te prévenir que j'accompagnais Iris, demain. Ciao.

Je raccroche et je m'enroule dans ma couverture.

*

Le lendemain, l'habitude m'oblige à être prête dès sept heures trente. Je sors de ma chambre, en ajustant le foulard noué dans mes cheveux, quand je croise Iris. Elle est encore en pyjama et se dirige au radar vers la salle de bain.

— Tu es au chômage, Alma, m'informe-t-elle, sans même me regarder.

— Oui, je sais, mais je t'accompagne au travail. Enfin, si tu vas bosser un jour.

— Personne ne commence avant neuf heures, chez nous.

— Neuf heures ? Mais c'est dans une heure trente !

— Ouais. Départ à sept heures trente, trente minutes de marche rapide et début de journée à huit heures, ce n'est pas pour moi. Départ à huit heures quarante, dix minutes de marche lente, un café long et début de journée à neuf heures cinq, c'est mieux.

— À quelle heure ouvrent les locaux ?

— Huit heures.

— Donc, il doit bien y avoir des gens qui commencent avant toi.

— Oui, les responsables.

— Alors, confie-moi ton badge d'accès et on se retrouve là-bas pour ton café.

— Si tu veux, mais à cause de toi, mon chef va croire que je fais des heures supplémentaires.

— Ton chef, c'est Will.

— Certes.

À huit heures tapantes, quand le gardien déverrouille la porte d'entrée, je pénètre dans le hall. Je me dirige vers l'accès principal et je badge pour pénétrer au rez-de-chaussée. Un immense espace s'offre à moi.

Le long des vastes fenêtres de gauches, se trouvent des tables, des chaises et des banquettes composant la salle du café. Le comptoir est plus loin, mais de grands stores verts sont abaissés. Iris m'avait prévenue.

L'open space se prolonge vers la droite pour définir un espace libre de coworking. C'est un ensemble de bureaux, de tables hautes ou basses, de bancs, fauteuils et poufs, mis à disposition pour travailler. Les employés recourent à ces installations pour varier et s'échapper de leur étage, bosser en groupe, ou faire des pauses. Les free-lances ou les pigistes qui travaillent ponctuellement pour le magazine peuvent utiliser cette zone s'ils le souhaitent. C'est pour cet espace que je suis venue.

Bien que j'ai quitté mon boulot la veille, et même si les procédures ne sont pas encore effectives, je refuse d'être inerte. Si je reste chez moi, je vais tourner en rond et me morfondre. Hors de question. Ça ressemblerait beaucoup trop à une défaite, impossible que j'offre cette victoire à Purl Boho. Il m'a donc semblé naturel de venir travailler ici.

Little CrushOù les histoires vivent. Découvrez maintenant