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Lake

Présent

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Voir Alma déambuler entre son bureau, celui de Paul et l'ascenseur, je commence à m'y habituer. Tellement, qu'au moment où la réunion budgétaire tourne mal, l'apercevoir sortir de son repaire, me procure un étrange réconfort.

À la dérobée, je l'observe rejoindre Paul et se pencher par-dessus son écran pour lui parler. Elle revêt un t-shirt d'homme, pas le mien, et je l'espère, celui de personne. Un maillot rose pâle avec l'inscription Pink Floyd que j'ai déjà vu. Il est rentré dans une jupe à l'imprimé léopard. Ses cheveux sont retenus avec un mince foulard noué, remplaçant un élastique, et elle porte des bottines avec des petits clous sur les talons. Putain, ce sont les bottines qu'elle portait il y a dix ans, comment est-ce possible ?

Fred s'énerve quand Madame Rossini lui expose son plan et à cet instant, je suis vraiment ravi qu'il soit dans mon camp. Les négociations sont compliquées, nous essayons de récupérer du budget pour lancer notre nouvelle collection, la mienne, mais nous faisons face à de nombreux obstacles. Avant toute chose, nous devons convaincre les actionnaires.

Je profite de la présence d'Alma, même lointaine, pour apaiser mes craintes, quand soudain, j'aperçois ma mère. Gérer la présence de la femme qui me rend fou, qui m'attire autant qu'elle me repousse, qui me bouscule autant qu'elle m'inspire, est une chose. Mais gérer la présence de ma mère, atteinte de la maladie d'Alzheimer, pensant parfois que j'ai encore vingt ans et d'autres que je suis le directeur du groupe, alors que je suis en réunion, en est un autre. Je suis à la fois en colère, parce que je lui ai demandé de ne pas venir sans s'annoncer, mais également inquiet, car elle a peut-être un problème.

J'aperçois ensuite Alma et ma mère qui s'étreignent. Je les observe autant que possible et j'ai l'impression qu'Alma fait tout pour éloigner ma mère de mon bureau. Puis, elle me balance un doigt d'honneur. Je tousse pour cacher mon trouble et mon sourire. Je repense à celui qu'elle a dessiné dans le dossier Purl Boho, je suis rassuré. Alma va s'occuper de ma mère et je lui en dois une. Elle gagne. Toujours.

Dès que possible, peu après seize heures, je mets de l'ordre sur mon bureau et j'appelle ma mère. Je suis étonné d'apprendre qu'elle est dans la cuisine du studio photo, mais elle paraît heureuse, et surtout, je n'ai perçu aucune forme de confusion de sa part. C'est donc avec beaucoup de joie que je descends la rejoindre. Je traverse le studio et j'aperçois à travers les carreaux de l'atelier, ma mère et Alma.

Elle a les paupières closes, et la bouche pleine. Elle mange et mâche lentement, pendant que je m'approche à pas lents. J'ai tout le loisir de détailler son visage qui exprime ce qui s'apparente au plaisir. Je m'avance près de l'ouverture, et je reste là, hypnotisé par la vision érotique que m'offre Alma. Ses yeux fermés, sa langue qui dérape sur ses lèvres, ses mains qui portent – Oh, putain ! – un ice cream sandwich fait maison à la bouche.

— Hum...

Elle pousse un gémissement de pure extase. Je déglutis, passe la main sur mon sexe pour tenter de me maîtriser et je fais coulisser la porte vers la droite. Alma ouvre les yeux subitement et me trouve devant elle.

— Oh ! Euh, c'est, eh bien, Cath, c'est délicieux, merci, mais..., bafouille-t-elle, gênée.

Je suis tellement satisfait de la voir, pour une fois, perdre toute contenance face à moi, que je savoure ce moment. Je détaille son visage enfariné, ses lèvres pleines de crème vanille et ses bras tachés de tout un tas d'autres choses.

Little CrushOù les histoires vivent. Découvrez maintenant