Alma
Présent
~
Mais qu'est-ce qu'il fout, putain ? Cela fait trente minutes que j'attends dans ce foutu open space, que Lake daigne descendre. L'autre soir, lors de notre premier rencard, il m'a avoué qu'il n'avait pas jeté un œil à mon projet. Qu'il voulait le faire depuis chez lui, dans l'endroit le plus personnel qu'il connaisse. Le lendemain matin, quand je me suis réveillée, il m'entourait de ses bras et me coinçait entre ses jambes, tout en parcourant le dossier de New Blunt City. J'ai exigé mon dû et notre baiser du matin a dérapé, tout comme les pages de mon manuscrit qui se sont envolées.
Il m'a appelée ce matin, pour m'annoncer qu'il avait libéré du temps dans son planning, afin de travailler ensemble sur mon projet. Il semblait aussi motivé par cette idée que celle d'anéantir Little Hurricane sur le circuit de l'Unami Offroad. Pourtant, il n'est toujours pas là. Je rage en abaissant le clapet de mon ordinateur. Je fulmine en entassant les quelques bouquins qui ont échoué à me faire patienter. Et je me sens d'humeur bagarreuse quand je m'engouffre dans l'ascenseur. J'ai mal pour le cinquième bouton lorsque j'enfonce mon doigt en son centre. Je sais bien que je dois me calmer, ce n'est que trente minutes. Si l'on soustrait le quart d'heure de politesse à son retard, il ne nous reste plus que quinze minutes d'impolitesse. Mais je me suis juré de ne plus jamais attendre Lake Evans ! Certainement pas en toute impunité.
Premier. Je prends une profonde inspiration. Deuxième. Je réfléchis aux représailles que je pourrais bien lui infliger. Troisième. Je me dis que je devrais peut-être laisser couler, ou au moins lui en parler. Quatrième. J'avise mon téléphone encore une fois, juste au cas où il aurait tenté de me joindre. Cinquième. Les portes s'ouvrent et je relève la tête. Un corps chaud et impatient me percute. Un cri strident, bien que lointain, me fait sursauter. Merde, c'était Paul ! La paroi froide heurte mon dos. Les portes se referment. Un souffle brûlant s'abat sur ma bouche.
— Putain, tu en as mis du temps, Alma !
Lake dévore mes lèvres, ne me laissant même pas le temps de répliquer. Ses mains dévalent mon corps, tentant de conquérir chaque parcelle de moi, comme si je lui avais manqué. La cabine s'anime, elle descend et je déteste cette idée. Celle que tout cesse, celle de devoir nous écarter l'un de l'autre, de devoir nous arrêter, de devoir nous restreindre, alors que je veux exactement ça. Surtout quand sa main se faufile sous la ceinture de mon pantalon. Donc je tâtonne sur le panneau des étages et je parviens à presser l'interrupteur rouge. La cabine tressaute et s'immobilise. Lake sourit dans mon cou, tandis que je laisse échapper un cri de surprise lorsqu'il enfonce ses doigts en moi.
— Tu es en retard, Lake !
— Je t'attends depuis une demi-heure, Alma.
— Tu m'as donné rendez-vous là où tout a commencé.
— Parfaitement.
— Dans le petit salon, au rez-de-chaussée. C'est là où j'ai... Oh, putain, Lake !
Une vague de plaisir me court-circuite et je ne parviens à rien d'autre qu'apprécier l'instant.
— Dans mon bureau, Alma. C'est là où tu m'as...
— Service de maintenance, quelle est votre urgence ?
Putain de bordel de merde ! La main de Lake s'immobilise tandis que la voix métallique transformée par l'interphone résonne dans la cabine. La seconde suivante, Lake appose sa paume sur la paroi, près de mon visage. Son front s'appuie contre le mien et mon souffle trahit mon émoi, ainsi que mon incapacité à parler. Je panique. Merde, je pensais que c'est un bouton qui permettait de bloquer l'ascenseur, pas d'appeler une hotline.
VOUS LISEZ
Little Crush
RomanceAlma Blunt La première fois qu'il l'a aperçue ? Elle portait une culotte à froufrous, fun et envoutante. La première fois qu'il a espéré l'embrasser ? Elle venait de braquer son jardin et parlait à une plante. La première fois qu'il est tombé amoure...