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Lake

Sept ans plus tôt

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Des voix.

Je crois que ces sons qui m'agressent, comme s'ils me secouaient dans tous les sens, ce sont des voix.

Des pieds.

Je crois que ces vibrations lourdes, lancinantes et répétées qui martèlent mon corps, ce sont des pieds.

— Mort.

C'est le seul mot que je comprends.

Je suis mort ? Ça expliquerait cette odeur immonde et ce froid intense. Ouais, je suis mort. Mon corps sans vie est froid et mon cadavre se décompose. Peut-être que des pieds tassent la terre au-dessus de moi. J'aurais aimé savoir de quoi je suis mort. C'est nul, putain ! Bon, j'ai vécu vingt-et-un ans. On ne peut pas vraiment dire que j'ai vécu beaucoup de choses, mais j'avais des parents au top, surtout ma mère. Mes potes sont les meilleurs. Je suis mort alors je peux l'avouer, Will et Riley sont vraiment des mecs précieux. Et puis, je suis mort en ayant déjà été amoureux. Ça aurait pu mieux se passer, c'est certain, mais j'ai aimé Alma Blunt comme un fou. Je n'aurais aucun mal à croire que je suis mort d'amour ou bien de folie.

— Pieds.

— Bras.

— Pue.

— Fous.

— Face.

— Pile.

— Chier.

— Eau.

— Chaude.

— Bonne.

Putain, c'est quoi ça ? Je ne comprends rien. Sommes-nous censés piger quoi que ce soit quand on est mort ? Oh, fait chier ! J'ai l'impression qu'on vient de me balancer dans un lac. En fait, non. C'est plus comme si on avait largué un lac sur moi. Un lac chaud. C'est plutôt agréable. À présent, j'ai la sensation qu'on est en train de me faire rouler sur le dos. Et le sol disparaît. Je vole. Putain, j'espère que ça n'existe pas ces conneries de paradis ! Laissez-moi me décomposer dans le jardin ! C'est trop demander ? J'aime ma mort.

— Lake Evans, mort d'amour et de folie.

Tiens, je peux encore parler. J'entends alors des rires et j'ai l'impression que mes bras butent contre ce qui semble être des marches.

— Lake Evans, puant la mort et le vomi.

Riley. Je retire ce que j'ai dit, je n'ai plus qu'un seul ami précieux. Soudain, je devine qu'on me lâche sur une surface courbe et froide. Puis, je sens qu'on me fout des putains de claques.

— Mec, réveille-toi.

— Pas envie, marmonné-je.

— Il croit qu'il a le choix ? dit Riley.

— Merde, je te jure, Evans ! Je vais te ressusciter, juste pour pouvoir te tuer moi-même, si tu n'ouvres pas tes putains d'yeux maintenant.

Une nouvelle gifle et je le déteste. Will. Je n'ai plus aucun ami précieux, mais je suis toujours amoureux.

— Je l'aime.

Une nouvelle fois, j'entends Riley rire. Il baragouine des mots disant qu'il est content pour une fois, que ce soit moi le gars défoncé et amoureux. Et pas lui.

Little CrushOù les histoires vivent. Découvrez maintenant