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Lake

Présent

~

La peur. Celle de la perdre encore une fois. Comme si notre bonheur ne pouvait être qu'éphémère, comme si nous vivions une succession de tempêtes. Sauf que je n'abandonne pas, je ne m'enfuis plus, non, je la veux dans ma vie.

— Putain, Alma ! dis-je complètement désespéré. Dis-moi que tu ne parles que du dîner, dis-moi que c'est seulement ça, la mauvaise idée.

— Ouais.

Elle avance vers moi, jouant avec le bas de son t-shirt et mon cœur se remplit d'espoir en tout genre.

— Alors, recommence, prononcé-je d'une voix éraillée. Redemande-moi ce que tu veux.

— Tu veux danser avec moi ce soir ?

Soulagement intense. Bonheur immense.

— La dernière fois que j'ai dansé avec quelqu'un, c'était avec toi, Alma.

— J'espère que tu as oublié ce qu'on a improvisé ce soir-là, dit-elle en me prenant la main.

Elle m'emmène au milieu du salon.

— Parce que la musique est meilleure.

Elle monte le son.

— Nous sommes seuls.

Elle tourne sur elle-même, mêlant toujours ses doigts aux miens. Puis, elle vient plaquer son dos contre mon torse.

— Et surtout, tu as le droit d'être indécent.

Ma respiration devient de plus en plus lourde, quand en prononçant ces derniers mots, Alma se cambre un peu, épousant mon corps à la perfection. Elle libère ensuite ma paume, qu'elle a prise soin de placer sur son ventre, sous son t-shirt et je la sens onduler lentement contre moi, au rythme de la musique. Je suis à peu près certain qu'on ne danse pas comme ça sur du son rock aux accents folk, mais je ne suis pas très contrariant lorsqu'il s'agit de permettre à Alma de se frotter contre moi.

Complètement enivré par son odeur, par sa main qui caresse ma nuque, sa tête qui roule sur mon épaule, je me laisse aller à danser contre elle. J'effleure sa peau nue, tournoie autour de son nombril, remonte sur ses côtes et survole la courbure de son sein. Ma main s'évade ensuite sur son bas-ventre et c'est idéal pour la plaquer sans ambages contre moi. Là, c'est sûr, elle est obligée de sentir mon érection contre ses fesses.

— Hum, fait-elle en un adorable grognement.

Je souris dans son cou.

— Je crois que tu as saisi l'idée, lance-t-elle avec nonchalance en s'éloignant de moi pour me faire face.

Elle m'échappe encore et ça me rend fou. J'efface tout l'espace libre entre nous en un pas, mes mains se placent sur ses hanches, ou peut-être même sur son cul, et je continue de danser. Tandis que je la regarde en fronçant les sourcils, la défiant de s'écarter davantage de moi, elle éclate de rire, et entoure mon cou de ses bras.

Commence alors un moment de complicité insolente, mêlé à des préliminaires amusants. Nous dansons longuement sur des chansons qu'on apprécie tous les deux. Elle me confie ses coups de cœur musicaux au creux de mon oreille et je lui dis qu'elle est belle. Je lui parle de mes livres préférés et elle m'avoue qu'elle a fait un rêve érotique avec moi. Mes mains se font de plus en plus conquérantes sur son corps, mes doigts glissent régulièrement sous son pantalon, pour jouer avec l'élastique de sa culotte froncée. Sa bouche est en mission de reconnaissance, ses lèvres flirtent toujours plus avec mon cou et ma mâchoire. Parfois, nous nous embrassons, mais alors nous bavardons en même temps.

— Je t'ai vu dans la rue avec ta copine, lâche-t-elle avant de me mordiller l'oreille.

— Je t'ai vu dans le hangar étaler de la terre sur tes mannequins.

Elle rit contre mes lèvres, et je la taquine avec ma langue.

— J'étais jalouse d'elle, mais rien à voir avec toi.

— Je t'ai vu partir avec Riley, j'étais jaloux, et tout à voir avec toi.

Je passe dans son dos et je l'embrasse sous l'oreille.

— J'étais fatiguée, épuisée même, et déçue. Je voulais que tu me remarques ce soir-là, mais j'ai juste échoué.

Elle m'échappe une nouvelle fois, ses doigts glissent des miens, et elle s'installe sur le canapé pour se rafraîchir. J'ai l'impression qu'elle ne me fait pas confiance et ça me fait mal. Je me laisse tomber à côté d'elle et dès qu'elle repose sa bouteille, je l'attrape pour l'asseoir face à moi, à califourchon sur mes cuisses. Ses grands yeux verts semblent surpris, profondément troublés et un brin tristes.

— C'est le moment où l'on parle, Alma.

— Non, tranche-t-elle de façon à peine audible.

— Il va bien falloir qu'on le fasse, un jour ou l'autre.

— Je choisis l'autre.

— Alma...

— Je n'ai pas envie de me battre, je n'ai pas envie de... de perdre ça... toi.

— Ça n'arrivera pas.

— Tu n'en sais rien, dit-elle en glissant légèrement vers moi, en un paradoxe déroutant.

— C'est vrai, je ne sais pas. On va peut-être se battre un peu ou même beaucoup. Mais tu ne me perdras pas. Pas, si tu ne le veux pas. Tu gagnes toujours, Alma.

— Non, c'est faux.

— Pourquoi penses-tu avoir échoué cette soirée-là ? Parlons au moins de ce soir-là, s'il te plaît. Tu voulais que je te remarque ? Putain, j'ai fait tellement plus que ça !

— Je souhaitais que tu me remarques, mais pas comme ça. Je suis tombée, ma robe s'est déchirée, et j'ai dû me changer sur le trottoir. C'était humiliant, Lake. J'espérais que tu sois ébloui, j'avais mis une jolie robe et...

— Elle n'était pas jolie, la coupé-je. Alma, ta robe, elle était noire, triste et arrogante.

— Je crois qu'on va vraiment se battre, dit-elle en reculant automatiquement.

— Ta lingerie en revanche était renversante. Ton cul était si alléchant, putain ! Et cet ensemble, celui que tu portais l'autre jour, ça, c'était éblouissant ! Là, tu étais magnifique, parfaite, sexy, belle et lumineuse. J'adore tellement ton ventre, je fantasme tout le temps dessus, et ça me fait bander à chaque fois que je l'aperçois. Ce soir-là, je bandais comme un fou, Alma. J'étais fébrile, je n'arrivais pas à me détacher de toi, à quitter ce trottoir, j'étais pris au piège. Et quand tu as coupé ta culotte, que tu l'as glissée dans ma poche, j'étais si désespéré que je n'ai pas pu assister à l'inauguration. Je suis monté au cinquième, je savais que c'était vide, Alma. Je t'ai remarqué ce soir-là, à un point tel que j'ai perdu...

— Qu'est-ce que tu as perdu ? murmure-t-elle.

— Le peu de contrôle qui me restait, tout bon sens sans doute, et une certaine part d'innocence aussi.

— Lake...

— Je me suis branlé en pensant à toi, Alma.

Elle se mord la lèvre, brisant un peu son sourire naissant, ses yeux pétillent de malice, et elle s'approche de moi. Mes mains trouvent une place confortable sur ses fesses et son bassin se loge bien contre mon sexe. Ses doigts glissent sur mon torse et remontent vers ma nuque. Son visage tutoie le mien avec lenteur, elle humidifie ses lèvres et les entrouvre légèrement. Je suis prêt à accueillir son baiser, mais c'est son souffle que je sens à quelques centimètres de moi.

— Alors j'ai réussi...

— Comme toujours.

— Et ma culotte, t'en as fait quoi ?

J'éclate de rire et elle se jette littéralement sur moi. Son baiser est différent de tous ceux qu'on a échangés ce soir. Il est fougueux, hautement sexuel et on ne peut plus indécent. Impossible qu'elle m'échappe encore. Putain, je ne m'en remettrai jamais.

Little CrushOù les histoires vivent. Découvrez maintenant