Little Crush

5°

Lake

Présent

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Épuisé, je pousse la porte de l'open space pour remonter au bureau et travailler encore une heure ou deux. J'ai passé la journée à Paris et j'aimerais faire un report avant de rentrer chez moi. Je traverse l'espace presque vide à cette heure-ci, la plupart des employés partant vers dix-sept heures.

Soudainement, un éclat de rire que je connais bien me fait vaciller. Je délaisse ma sacoche sur la table la plus proche et je plisse les yeux.

— Maman ! m'exclamé-je en découvrant ma mère qui danse au milieu de la salle.

— Oh ! Lake ! s'écrie-t-elle, alors que je m'approche.

Elle me saute au cou. Si bien, que je n'ai pas le temps d'apercevoir la femme avec qui elle se trouve et qui se promène avec un bonnet enfoncé sur le visage. Ma mère m'ébouriffe la tête, m'embrasse sur les deux joues et me frotte les bras, mais je suis bien trop soucieux pour m'en préoccuper.

Non, seulement ma mère ne devrait pas être ici, mais encore moins avec elle. Je l'observe enlever maladroitement son bonnet. Tout dans sa posture montre qu'elle est mal à l'aise et quand son regard croise le mien, je devine une chose que je n'aurais jamais voulu lire dans ses yeux. De la peur.

Je ne sais pas pourquoi ça me rend encore plus furieux, mais je parviens à l'ignorer sans avoir à fermer les paupières comme un idiot.

— Maman, que se passe-t-il ? Tu vas bien ? Comment es-tu...

— Tout va bien, mon chéri. Arrête un peu de te faire du souci pour moi. Viens, je voudrais te présenter mon amie.

— Ton amie ?

— Alma, c'est mon fils. Lake Martin.

Alma ne cille pas un instant en entendant ma mère m'appeler Martin, et non Evans. Elle chasse sa peur et affiche un sourire des plus sincères quand elle regarde ma mère.

— Lake, je te présente Alma. Alma... Oh, ma chère ! Je ne connais même pas ton nom de famille.

— Blunt, répond-elle avec simplicité.

Ma mère semble attendre quelque chose de ma part. Alma paraît le comprendre plus vite que moi, car elle tend la main dans ma direction.

— Alma Blunt, annonce-t-elle en trouvant mes yeux.

Je fronce les sourcils, légèrement troublé par son attitude. L'œil insistant de ma mère me pousse à m'emparer de sa main. Je serre les dents quand nos peaux se rencontrent et son regard à elle se durcit en même temps.

— Lake Evans Martin, dis-je à mon tour.

Elle lâche ma main aussitôt et commence à triturer son bonnet presque rose.

— Maman, où sont tes affaires ?

J'avise la table remplie de tout un tas de trucs, nourriture, pelotes de laine, livres, vaisselles, chaussures. Chaussures ? Je baisse les yeux et je vois que ma mère et Alma sont toutes les deux en chaussettes. Les orteils d'Alma gigotent nerveusement et quand je relève les yeux une nouvelle fois vers elle, elle rougit. Ça, j'avais très envie de le voir.

— Je devais finaliser un dossier avant de rentrer à la maison, mais je le ferai chez moi. Est-ce que tu es prête à rentrer ?

— Mais enfin, c'est ton anniversaire, Lake ! On ne va pas rentrer tout de suite.