Little Crush

11°

Lake

Présent

~

Alma Blunt, responsable d'édition ? Dans mon entreprise, pour la collection que j'ai imaginée et développée. Putain, mais je suis maudit !

— Mademoiselle Blunt, vous devez sûrement être notre nouvelle recrue.

— Ça sonne toujours bof, baragouine-t-elle.

— Je suis Fred Prévot, le directeur des éditions Unami.

— Le chef de son chef, oui, je sais, marmonne-t-elle.

— Effectivement, je suis le chef de Lake Evans, le responsable marketing slash communication slash d'édition, lui-même chef de Paul Verlier, et semblerait-il, superviseur d'Alma Blunt slasheuse.

— Pardon ? s'exclame-t-elle en même temps que moi.

— Vous avez dit slash d'édition ? précisé-je.

— Vous avez dit superviseur ? précise-t-elle.

— Vous préférez baby-sitter ? réplique-t-il.

Baby-sitter ? C'est quoi cette connerie encore !

— Il semblerait que Mademoiselle Blunt, slasheuse consultante partage son bureau avec le General Crush, chargé de mission ouragan, annonce Fred.

Fred reste sérieux comme si rien de ce qu'il venait de prononcer n'était absurde. Will, un peu en retrait, les yeux plissés et les bras croisés nous observe, Alma et moi, d'un air franchement suspicieux. Au fond de moi, je suis partagé entre rire, m'énerver ou enfoncer mon putain de bonnet rose sur la tête en espérant tous les faire disparaître de mon bureau. Alma, elle ? Je ne sais pas, je m'en fous et je l'ignore.

— Il semblerait que tu sois déjà au courant Evans, sinon tu aurais une réaction quelque peu différente, commente Will. Moi, je me suis étouffé avec mon muffin par exemple.

— Et moi, j'ai renversé mon café sur mon pantalon.

Aussitôt, dans un réflexe étrange, je baisse les yeux. OK, c'était il y a cinq minutes, son pantalon est encore mouillé.

— Je préfère qu'on me regarde dans les yeux.

— Pardon chef, oui chef ! s'exclame Alma en se redressant d'un coup.

Elle devait aussi mater la tâche humide sur les cuisses de mon responsable avant d'être prise en flagrant délit.

— J'ignore qui vous êtes, et ce que vous avez fait à mes employés, Mademoiselle Blunt, mais Benjamin refuse net de m'ouvrir le bureau 503, et de toute évidence, Lake vous couvre également.

— Je ne fais pas ça.

— Savez-vous que certaines entreprises engagent des hackeurs professionnels pour réaliser des tests d'intrusions ? clame-t-elle avec flegme.

— C'est pour ça que je ne me porte jamais garant de mes amis, lâche Will, dépité.

— Vous êtes en mission d'infiltration afin de tester quoi ? s'amuse Fred.

— Ma patience de toute évidence, dis-je en marmonnant.

— Savez-vous ce que c'est qu'un incubateur ? répond-elle, tout aussi étrangement.

— Oui, Mademoiselle Blunt, s'intéresse mon chef en s'asseyant en face d'elle.

Apparemment, tout le monde va rester dans mon bureau pour discuter de la folie d'Alma Blunt.