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Alma

Quatre ans plus tôt

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— Merde, merde, merde, je vais le rater...

Affolée, je cours à travers la gare, je monte les escaliers par trois et je fais demi-tour pour ramasser mon gilet que j'ai fait tomber au sol. Je reprends ma course folle et j'évite presque toujours les gens devant moi.

— Désolée...

Je dérape devant l'écran des départs et je file dans le sens inverse pour atteindre le début du quai. J'entends l'annonce de départ immédiat.

— Fait chier...

Un dernier effort et je parviens à grimper in extremis dans le premier wagon. Les portes se referment dans mon dos, coinçant mon foulard au passage, tandis que je tente de retrouver mon souffle. Je me laisse tomber au sol quand je commence à voir valser des paillettes autour de moi.

— Mademoiselle ? Mademoiselle ! Est-ce que tout va bien ?

Je hoche la tête tout en farfouillant dans mon sac à dos pour chercher ma gourde. Vide.

— Tenez mademoiselle, reprend cette voix douce et réconfortante.

Je saisis le verre d'eau que l'on m'offre généreusement et je le bois d'une traite. Je la suis et je m'assois sur le siège inoccupé en face d'elle.

— Sans vouloir vous offenser, jeune fille, vous avez une mine affreuse !

Je la regarde, en reprenant conscience de mon environnement, en retrouvant mes esprits. Je suis en face d'une dame âgée d'au moins soixante-dix, absolument charmante et délicieusement pomponnée.

— Et vous êtes tout l'inverse. Merci pour le verre d'eau.

— D'où venez-vous comme ça ?

— J'étais en séminaire à Rome. Je viens tout juste d'arriver. En sortant de l'aéroport, j'ai dû courir pour réussir à attraper ce train. Mon vol a eu du retard, j'ai cru que j'allais rater le départ. Il fallait absolument que je monte dans ce fichu train, vous comprenez ?

— Et où allez-vous pour que ce soit si important ?

— Une minute, on est bien dans le train pour Bordeaux ? demandé-je, subitement paniquée.

— Oui, ma douce. Vous pouvez vous détendre.

Et c'est ce que je fais, je me laisse aller dans le fauteuil et je sens la tension sur mes cervicales s'apaiser un peu.

— Mon ami organise l'inauguration de son propre magazine culinaire ainsi que des nouveaux locaux de l'entreprise. C'est un rêve pour lui et c'est important que je sois présente. Malheureusement, j'avais des impératifs professionnels et tout avait lieu en même temps. Si tout se passe bien, je devrais arriver pile à l'heure, mais j'aurais voulu être là plus tôt pour l'aider.

— Vous serez présente, c'est le principal.

— Je serai là.

— Je m'appelle Francine.

— Et moi, c'est Alma.

— Enchantée.

— Moi aussi. Bon maintenant, je dois encore faire un brin de toilette et m'habiller, le tout dans un train.

La dame en face de moi s'amuse de mes aventures et après avoir repris mon souffle, je m'échappe aux toilettes. Maladroitement, je me rafraîchis grâce à des lingettes en tout genre, du déodorant et du shampoing sec. Je sors de la cabine, vêtue d'un long gilet que j'emploie comme un kimono. Je récupère mon sac pour ranger mes vêtements sales et récupérer ma tenue de soirée.

Little CrushOù les histoires vivent. Découvrez maintenant