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Je me rapproche de lui et touche doucement sa joue, cherchant désespérément à comprendre. Il m'observe longuement, son regard rempli d'incompréhension avant de se dégager brusquement.

— Amour, c'est toi, c'est vraiment toi ? Ma voix tremble d'émotion.

— Je suis désolé, monsieur, mais vous faites erreur. Je ne m'appelle pas Taehyung, répond-il calmement, son visage fermé.

— N'aie pas peur, Amour, je sais que c'est toi, insista-je en m'approchant encore un peu, l'espoir vibrant dans ma voix.

— Je ne suis pas votre "Amour". Mon nom est Kim Moon, corrige-t-il avec une pointe de fermeté, tout en reculant d'un pas.

Je le fixe, confus. Mon esprit tente de comprendre, mais la ressemblance est trop frappante. Malgré tout, je finis par lui prendre la bouteille des mains et en bois une grande gorgée, mes yeux toujours rivés sur lui, cherchant un indice, un signe.

— Désolé, je t'ai pris pour quelqu'un d'autre... balbutiai-je, essayant de chasser le trouble qui m'envahit.

— Ce n'est rien, monsieur. Avez-vous besoin d'autre chose ? demande-t-il poliment, bien que je perçoive une certaine gêne dans sa voix.

— Non, c'est bon, tu peux partir.

Il sort rapidement, me laissant seul dans la chambre, en proie à un tourbillon de pensées confuses. Comment deux personnes peuvent-elles se ressembler autant ? C'est comme si le fantôme de Taehyung hantait ce lieu, ou peut-être mon esprit fatigué et alcoolisé me joue-t-il des tours.

Je m'efforce de chasser Kim Moon de mon esprit, de me concentrer sur le dossier de Daegu qui attend sur la table basse. Mais impossible de m'y plonger, son visage revient sans cesse me hanter.

***

Le lendemain matin, je me réveille, la tête lourde et le corps endolori. Encore une journée qui commence mal, comme toutes les autres. Pourtant, j'ai pris l'habitude. Je me traîne jusqu'à la salle de bain et prends une longue douche chaude, espérant que cela m'aidera à me réveiller un peu. Une fois propre, je me rase de près et enfile un costume impeccable. Je dois au moins paraître digne devant mes employés. Mon reflet dans le miroir me renvoie l'image d'un homme fatigué, mais un peu plus présentable qu'hier.

On frappe à la porte.

— Service de chambre ! annonce une voix de l'autre côté.

— Entrez.

La porte s'ouvre sur un jeune homme que je ne reconnais pas. Je m'attendais à revoir celui de la veille, Kim Moon, mais c'est un autre qui apparaît avec mon petit-déjeuner sur un chariot.

— Vous n'êtes pas Moon, dis-je en fronçant les sourcils, surpris.

— Non, monsieur, je travaille en journée. Kim Moon est de nuit.

— Ah... je vois, répondis-je, déçu malgré moi.

— Je vous souhaite un bon appétit, monsieur, dit-il en déposant le chariot et en s'éclipsant aussi vite qu'il était entré.

Je regarde le repas sans vraiment y prêter attention. Je n'ai pas très faim. Je prends simplement une pomme et croque dedans avant de quitter la chambre.

***

Cela fait déjà une heure que je suis à l'entreprise, et mes nerfs sont à vif. Tout est un véritable désastre ici. Les machines sont en panne, les employés semblent perdus, et le chaos règne.

— Monsieur Lee, je n'ai pas d'autre choix que de mettre certains au chômage technique, dis-je, ma voix ferme et sans appel.

Il se crispe à mes mots, visiblement terrifié par cette décision.

— Mais monsieur, il y a peut-être une autre solution...

— Non, je n'ai pas le choix. Je vous ai laissé gérer cette entreprise, et maintenant je suis obligé de me déplacer pour régler ces problèmes. Si les machines ne fonctionnent pas, à quoi bon garder autant de personnel ?

Nous discutons pendant un long moment, cherchant des solutions, mais au fond de moi, je sais que certaines décisions sont inévitables. Je passe le reste de l'après-midi à examiner les dossiers des employés, essayant de prendre les meilleures décisions possibles.

***

Il est tard lorsque je sors enfin de l'entreprise. Je suis épuisé. La tentation de boire est là, comme une ombre qui me suit depuis le matin. Je décide d'appeler la réception pour commander un repas, et bien sûr, une bouteille d'alcool. Puis j'appelle Dong pour lui faire part de mes frustrations.

— Allô ? répond-il à l'autre bout du fil.

— Dong, tu es sérieux ? Tu m'as vraiment déplacé pour ça ? dis-je, agacé.

— Ne crie pas. Ok ? Explique-moi ce qui se passe.

— Trois machines ne fonctionnent plus. Je vais être obligé de mettre des employés au chômage technique, Dong !

— Bien. Je l'ai fait pour que tu sortes un peu de chez toi, pas juste pour l'entreprise, rétorque-t-il calmement.

— En parlant de ça...

Je suis interrompu par des coups frappés à ma porte. Je me lève, toujours le téléphone à l'oreille, et vais ouvrir. Mon cœur fait un bond en voyant Moon. Un sourire s'étire sur mon visage, et je l'observe un moment avant de lui faire signe d'entrer.

— Dong, je te rappelle plus tard, dis-je précipitamment avant de couper l'appel, sans écouter ses protestations.

Moon entre, dépose le chariot et s'apprête à repartir aussi vite.

— Reste, dis-je, presque suppliant.

— Monsieur, je ne peux pas, j'ai encore du travail, répond-il timidement, évitant mon regard.

— S'il te plaît, reste manger avec moi, insistai-je, jouant de mon statut. Je suis l'un des clients privilégiés ici, non ? Je dirais que c'est moi qui décide.

Il tente de protester, mais je l'invite à s'asseoir sur une chaise et pose le chariot entre nous. Il est visiblement mal à l'aise, ses gestes sont hésitants. Mais moi, je suis étrangement calme en sa présence, comme si quelque chose en lui me donnait un répit dans ma douleur.

— Je m'appelle Jung Hoseok, dis-je finalement, rompant le silence.

Mariage forcé Tome 2 ( Vhope)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant