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Je suis dans mon troisième mois de grossesse, et déjà, mon ventre commence à s'arrondir. Il devient impossible de cacher cet état désormais, et tout le monde est au courant. Ma mère, Yoomi, la future grand-mère, bien entendu, mais il reste une personne qui ignore tout... Hoseok. 

Personne ne sait où il se trouve. Il a disparu du jour au lendemain, sans un mot, comme s'il s'était volatilisé. Cette absence inexpliquée pèse lourdement sur moi, mais je n'ai pas le choix que d'avancer.

Je bâille bruyamment, me passant une main lasse sur le visage, avant de me lever péniblement du lit. Une douche me fera du bien.

Le jet d'eau chaude me détend doucement, chaque goutte massant mes muscles fatigués. En sortant, la buée a recouvert le miroir de la salle de bain, mais à travers les contours flous, je distingue mon reflet : mon ventre, doucement arrondi, et mes traits tirés par l'émotion et la fatigue. Une nouvelle réalité s'impose à moi chaque jour un peu plus.

Après m'être habillée, je descends pour prendre le petit déjeuner. L'odeur du café et des viennoiseries fraîches remplit la cuisine, me rappelant brièvement les matins d'insouciance avant que tout ne change. Ma mère est déjà installée à table, son regard se levant vers moi lorsqu'elle me voit entrer. Elle sourit, mais je reconnais dans ses yeux une lueur de tristesse persistante, malgré ses efforts pour cacher sa douleur. De l'extérieur, elle peut sembler forte, presque inébranlable, mais je sais qu'elle est détruite. Les rares fois où je l'entends pleurer la nuit, cachée dans l'obscurité de sa chambre, cela me déchire le cœur. Elle tente de maintenir une façade, mais le chagrin ne la quitte jamais vraiment.

— Bonjour maman, bien dormi ? demandai-je en m'asseyant doucement, la fatigue pesant encore sur mes épaules.

— Bonjour mon chéri ,ça va. Et comment va mon petit-fils ? répond-elle en posant une main douce sur mon ventre.

— On va bien, murmurai-je, même si au fond de moi, je sens que tout est loin d'aller bien.

Elle hoche la tête et retourne à son assiette, mais je ne peux m'empêcher de la fixer. Ses gestes sont mécaniques, et ses yeux sont vides. Nos regards se croisent un instant, et je prends une profonde inspiration.

— Maman... je t'ai entendu pleurer hier soir, avouai-je, ma voix tremblante d'émotion.

Elle s'immobilise, la fourchette suspendue dans les airs. Elle baisse lentement les yeux, comme si mes mots venaient de percer la bulle dans laquelle elle tentait de se protéger.

— Je sais que c'est difficile pour toi. Pour moi aussi, c'est dur, continuai-je en posant une main sur la sienne. Non seulement j'ai perdu papa, mais je te vois sombrer chaque jour un peu plus, et je ne sais pas comment t'aider. Mais je suis certaine que papa n'aurait pas voulu que tu te laisses abattre.

Sa main tremble sous la mienne. Elle tente de retenir ses larmes, mais une goutte solitaire glisse le long de sa joue.

— J'essaie, chuchote-t-elle, sa voix brisée. J'essaie, mais... je n'y arrive pas. C'est tellement dur de vivre sans lui. Il me manque tellement.

Ses mots, remplis de chagrin, me brisent encore un peu plus. Je me lève et vais la prendre dans mes bras, la serrant aussi fort que je le peux.

— Je sais, maman, je sais. Je suis désolée, murmurai-je en lui caressant doucement les cheveux. Je veux que tu saches que je suis là. On va surmonter ça ensemble.

Elle s'effondre dans mes bras, pleurant à chaudes larmes, tandis que je reste là, à murmurer des mots apaisants, même si au fond de moi, je me sens aussi perdue qu'elle.

***

L'après-midi est morne, et je suis allongée dans ma chambre, regardant le plafond d'un air absent. Le silence de la maison est pesant, seulement interrompu par les bruits lointains de la ville qui filtrent à travers la fenêtre entrouverte. Soudain, une domestique frappe doucement à la porte, sa voix timide résonnant dans le calme.

— Monsieur  Kim, quelqu'un demande à vous voir.

Mon cœur s'emballe. Dong ? Pensant qu'il s'agit de lui, je saute presque hors du lit et descends rapidement les escaliers. Mais en atteignant le hall, je me fige brusquement.

Hoseok. Debout devant moi, après des mois d'absence, il se tient là, comme une apparition. Mes yeux s'écarquillent de surprise, tandis que mon esprit tente de traiter ce que je vois. Son visage est plus marqué qu'avant, et ses traits trahissent une certaine fatigue, mais ce sont ses yeux qui cherchent immédiatement mon ventre, là où la grossesse est désormais bien visible.

— Mes sincères condoléances pour ton père, dit-il, sa voix basse et hésitante.

Ses mots résonnent dans le vide. Aussitôt, mes yeux s'embuent de larmes, non pas de chagrin, mais de colère. La colère que j'avais tenté de refouler ces derniers mois refait soudain surface. Il essaie de me toucher, mais je recule violemment, le regard plein de reproches.

— Ne me touche pas ! criai-je, ma voix brisée par l'émotion. Tu avais promis d'être là pour moi, mais le jour où j'avais le plus besoin de toi, tu as disparu ! Comment as-tu pu ?

Les larmes coulent sur mes joues sans retenue, et je n'arrive plus à contenir ma douleur.

— Tu as raison, me dit-il en baissant la tête, la voix remplie de remords. Pardonne-moi. Je... je peux tout t'expliquer.

— M'expliquer quoi, Hoseok ? Pourquoi tu m'as abandonnée quand j'avais besoin de toi ?

Il prend une grande inspiration, comme s'il cherchait le courage de me dire ce qu'il avait sur le cœur.

— Je n'étais pas là parce que... j'étais dans un centre. Pour apprendre à contrôler mon impulsivité, avoua-t-il finalement.

Je le fixe, stupéfaite. Ces mots, je ne les avais jamais anticipés.

— J'avais besoin de faire un travail sur moi-même. Je te jure que je ne voulais pas t'abandonner. C'était la seule manière pour moi de devenir meilleur, expliqua-t-il, sa voix sincère.

Un long silence s'installe entre nous. Le poids de ses mots flotte dans l'air, lourd et incompréhensible. Je tente de comprendre, mais une partie de moi refuse d'accepter cette excuse.

— Et maintenant... tu es enceinte ? Tu as refait ta vie ? demanda-t-il d'une voix presque tremblante.

Je secoue la tête, essuyant une larme avant de plonger mes yeux dans les siens.

— Je suis enceinte de toi, Hoseok, répondis-je simplement.

Il pousse un cri de surprise, ses yeux s'agrandissant de stupeur, puis, sans prévenir, il me soulève dans ses bras. Je me mets à rire, surprise par sa réaction.

— Je vais être papa, murmure-t-il, un sourire immense illuminant son visage.

Je ris aux éclats en voyant sa joie, un moment de légèreté que je n'avais pas anticipé. Pour la première fois depuis des mois, je sens un peu de bonheur envahir mon cœur, même si tout n'est pas encore réglé.

Mariage forcé Tome 2 ( Vhope)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant