Chapitre 4 : La stagiaire

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EZEQUIEL

Mon téléphone sonne et m'extirpe du néant abyssal dans lequel le sommeil me plonge à chaque fois que je ferme les paupières. La sensation de réveil est brutale.

Comme quand on allume la lumière violemment alors qu'on est plongé dans une obscurité sans aucune trace de luminosité.

Je serre les dents en laissant mon esprit logique reprendre le dessus.

Je ne rêve pas.

Jamais.

Plus je vieillis, plus l'exercice est compliqué. On pourrait croire que j'ai l'habitude depuis l'enfance, mais la réalité est bien différente.

C'est toujours plus violent et perturbant. Je déteste être perturbé, ne pas être en maîtrise totale de mon environnement.

Alors j'ai habitué mon corps et mon esprit à se contenter de quelques heures de sommeil réparateur et léger. Il l'accepte pendant un temps, jusqu'à ce que le niveau de fatigue soit trop fort et me plonge dans un sommeil profond et dévastateur.

Ça pourrait paraître reposant de ne pas rêver, mais c'est tout le contraire puisque mon esprit s'éteint totalement, avant de se réveiller violemment en déversant les images que les rêves inexistants ne peuvent pas traiter et extraire en douceur.

Je grogne en attrapant mon portable, il est dix-sept heures et j'ai dormi trois heures. C'est à la fois trop et pas assez. Je décroche en soufflant mon nom, sachant très bien qui est mon interlocuteur.

- Je veux te voir au bureau dans une heure.

La voix de Victor ne laisse aucune place à la négociation.

- J'y serais.

Je raccroche et me laisse retomber sur mon oreiller en laissant mon regard errer sur mon plafond.

Blanc et illuminé par les rayons du soleil qui percent les baies vitrées, je ne ferme jamais les volets en sachant que la lumière du jour me réveillera.

C'est pour cette raison que je suis en décalage. Je dors le jour pendant quelques heures et je vis la nuit, pour éviter que celle-ci ne m'emporte trop loin.

Mon drap glisse sur ma peau nue quand je me redresse en parcourant mon loft du regard.

Cet appartement que j'ai acheté il y a deux ans dans l'upper West side. Un quartier tranquille de New York situé à l'ouest de Central Park.

Un grand espace ouvert sans cloisons, dont seuls les murs en briques rouges maintiennent l'ossature de la charpente. Mon lit est dans le coin près de la grande baie vitrée qui recouvre tout le mur et donne sur le parc, la douche italienne ouverte juste un peu plus loin, donnant une vue sur une cuisine américaine toute équipée, et un salon salle à manger qui ne m'accueille que très rarement.

Mes meubles ne sont fait que de récup et donnent un style à part qui me correspond, même si je n'ai pas le temps d'en profiter.

Je me lève en laissant mon drap tomber sur le sol, et me rend dans ma douche en allumant l'eau froide sur ma peau brûlante de transpiration à cause de l'éveil brutal de ma conscience.

Mes mains contre la paroi en verre, je laisse le jet d'eau percuter ma nuque et mon dos en fermant les yeux quelques secondes.

Mes pensées dérivent vers West. À son état préoccupant et sa combativité qui s'estompe au fil des jours qui le paralyse sur ce fauteuil de merde.

J'inspire profondément, me fout une claque mentale et stocke tout ça dans un coin le plus éloigné de mon esprit, afin que ça ne vienne pas troubler la sérénité que j'ai réussi à me créer en gérant les émotions de cette façon.

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