Chapitre 10 - Maison close

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EZEQUIEL

Montant les escaliers côte à côte nous suivons Jack qui nous mène à l'étage dans une chambre particulière, dans laquelle il loge ses invités de marque.

Les couloirs aux murs sombres constellés de reliefs dorés illustrent parfaitement le standing de la maison close qu'il dirige. Ce business lui rapporte plus de soixante pourcent de ses bénéfices, ce qui amène Jack à être intransigeant sur sa clientèle. Le sol est recouvert d'un marbre sombre mordoré, brillant sous les appliques murales qui donne un style intime grâce aux lumière tamisées qu'elles émettent.

Nous longeons le couloir silencieusement jusqu'à s'arrêter devant une double porte que Jack ouvre en grand en nous invitant à entrer. Du coin de l'œil, j'observe Rio qui analyse son environnement discrètement. J'ai déjà remarqué qu'elle faisait ça, comme chez Beaver. Elle repère les portes de secours et le nombre d'occupants d'une pièce, ce qu'elle a fait aussi en entrant tout à l'heure. Mais elle ne fait pas que ça. Elle étudie le langage corporel des personnes qui l'entourent et je dois admettre que son entraînement est redoutable. Turner a bien entraîné sa fille.

La chambre aux teintes beiges est immense, un lit à baldaquin de style victorien est collé contre le mur à gauche, un parquet en bois massif de couleur clair, un fauteuil voltaire installé aux côté du lit, une grande armoire sur la droite en bois massif et sculptée d'arabesques anciennes et un bureau de la même matière trône devant une immense baie vitrée donnant sur un balcon.

Le style français de l'époque des lumières est respecté et très apprécié de la clientèle. Jack se dirige vers la grande armoire et l'ouvre en me lançant un regard amusé. Il en sort un costume noire avec la chemise assortie de la même couleur que j'attrape, légèrement blasé avant qu'il ne se retourne vers Rio.

Son regard glisse sur le corps de la jeune femme qui semble sur le point de lui sauter à la gorge pour lui arracher la jugulaire avec les dents. Il l'analyse comme elle le fait avec lui, mais cette emmerdeuse ne sait pas se tenir alors quand il sort une robe bleue électrique aussi courte que le décolleté est plongeant, je sens les nerfs de la tornade Turner se tendre.

- T'es sexy dans ton tailleur ma jolie, mais j'ai un standing à respecter dans mon établissement. Tu dois faire bander tous les hommes qui entreront au fil de la soirée.

Le regard sombre de Rio se met à jeter des éclairs, elle ne maîtrise ni sa colère, ni ses émotions les plus fortes et se laisse totalement diriger par ces dernières.

Ce qui me gonfle.

J'attrape son poignet et le serre afin de lui faire comprendre qu'elle doit apprendre à la fermer.

Comprenant le message, elle lui répond d'un sourire hypocrite qui le fait marrer avant de sortir de la chambre en sachant autant que moi qu'elle a du mal à contenir son tempérament volcanique.

À peine la porte fermée sur Jack, la fille Turner se tourne vers moi avec l'intention d'en découdre, mais je n'ai ni l'envie, ni le temps de gérer ses émotions et ses revendications.

- Ferme la, je sais ce que tu vas me dire et je n'ai moi non plus, envie que tu sois ici à fourrer ton nez partout, mais si tu ne veux pas finir dans une fosse commune après avoir été violée et maltraitée tu la ferme et tu fais ce que je te dis.

Son regard de feu tente de m'incendier sur place, auquel je réponds par un haussement de sourcil blasé.

Un rire cynique lui échappe quand elle amorce un pas vers moi, son regard plongé dans le mien. Devant relever la tête pour me faire face, son petit air provocateur ne m'échappe pas et encore moins les interrogations qui planent dans ses yeux.

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