Chapitre 42 - Ma sensation préférée

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EZEQUIEL

Vegas.

Cette ville est à la fois distrayante, lumineuse et malsaine. La ville du vice et du péché a le don de rendre Victor d'une humeur de gamin enjoué, qui me donne envie de lui enfoncer sa propre tête dans le cul.

Autant dire que je suis de mauvais poil. Ce qui habituellement me passe au-dessus, m'irrite particulièrement en ce moment.

Est ce que ça a un rapport avec une foutue tornade brune qui me souffle à la moindre occasion ?

Totalement.

Le regard qu'elle m'a lancé reste gravé dans ma mémoire, et me fusille à chaque fois que je ferme les paupières.

Un mélange de dégoût, de déception et de mépris.

J'ai conscience de ne pas être le roi de la communication et que mon manque de tact puisse être un frein à toute relation. Je sais ce que je suis. Un assassin, un meurtrier, un monstre.

Mais l'entendre de sa bouche a manqué de me foutre à terre, et je refuse qu'elle ait ce pouvoir sur moi.

Qu'elle puisse s'imaginer que je serais capable de cramer des gosses sans aucune once de culpabilité, pour rentrer et lui faire l'amour juste après comme si de rien n'était, a fragilisé ce lien entre nous, que j'essaie de comprendre.

Et c'est mieux ainsi.

J'en ai plein le cul de ces conneries.

Alors quand Desmond Conrad fait son show avec une pauvre gamine d'à peine dix-huit ans, qui déambule en bikini en cuir noir et un collier de chien avec des piques. Le regard vide, les pupilles dilatées, et complètement défoncée, sur le ring devant des pervers affamés, j'ai juste envie de tout camer. Mais cette fois, avec tout le monde dedans.

Victor et Conrad, qui visiblement sont devenus copains comme cochons, ont organisé cette soirée à Vegas, dans l'entrepôt situé en plein désert de Conrad. Dans le but de trouver de nouveaux combattants pour leurs combats avec mise à mort.

Selon Desmond Conrad, le connard siffleur, il y a un beau vivier à Vegas et comme Victor adore cette ville et se faire sucer la queue par cet enfoiré, je subis leurs bonnes humeurs.

Les spectateurs sont en délire, je dois admettre que l'enfoiré sait comment attiser l'envie chez ses clients et leur en donner pour leur fric. L'entrepôt est aménagé de gradins en métal, de bancs en bois et de chaises disposés tout autour d'un ring surélevé pour que tout le monde puisse voir les combats. Ses hommes, emmitouflés dans des treillis noirs malgré les vingt-cinq degrés sont disposés à chaque sortie de secours et sur la grande porte d'entrée et tous lourdement armés.

Ce que je trouve un poil excessif.

Connard siffleur, qui siffle ses boxeurs comme des clébards se chie t-il dessus de frousse ?

Il semblerait que cet enfoiré a des ennemis, et est réellement inquiet concernant sa sécurité.

Je me concentre de nouveau sur Conrad, qui est toujours affublé de son costard bleu à vingt milles balles, aux côtés de Victor qui porte quasiment le même costume. Leurs branlettes verbales m'ennuient, mais le langage corporel de Desmond est différent. Il est tendu, à l'affût et je plisse les yeux en remarquant les rides d'inquiétude qu'il cache derrière un sourire de star.

Ma nuque me picote, je sens un regard sur mon profil. Tournant la tête pour trouver l'origine de cette sensation, je tombe dans le regard vairon du détective Pharell Walsh.

J'ai pris le temps de me renseigner sur lui depuis la dernière fois que je l'ai vu. Détective privé de vingt-neuf ans, sans femme, ni enfant. Il était au sommet de sa gloire avant de foirer une affaire de merde qui impliquait un gosse de huit ans. Le môme est mort d'une balle en pleine tête et l'opinion publique à mis le détective sur un bûcher. Sa réputation est partie en fumée comme ses finances. Alcoolique notoire, il noie sa culpabilité dans le whisky, et se retrouve mêlé aux affaires de Desmond Conrad.

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