Chapitre 15 - Un goût amer

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EZEQUIEL

- Alors Ez, quand est-ce que tu vas nous ramener une petite amie ?

Manquant de m'étouffer avec ma bière, je lève les yeux vers Melinda qui me fait un sourire à la fois taquin et farouche. Je garde mon air impassible devant les rires de West qui se bidonne à mes côtés. Bill, en face de moi se marre en buvant une gorgée de sa bière, lançant un regard amouraché à sa femme bien trop curieuse qui me tanne depuis quelques années.

Elle s'est mise en tête de me trouver une fille, je cite : "Parfaite et terriblement sexy pour me dérider."

Tous assis autour de la table de salon de jardin, une main sur l'épaule de sa femme, Bill plonge son regard dans le mien. Un regard paternel et sincère. Malgré la cinquantaine passée, il garde un charisme magnétique à la fois calme et autoritaire. Ses cheveux châtains sont clairsemés, ses yeux bruns sont entourés de ridules à la fois dues à l'âge mais aussi à ses sourires qui étirent constamment ses traits. Une barbe de trois jours, et une carrure imposante, il se maintient en forme avec son métier de routier qui fait vivre le foyer grâce à son salaire qu'il gagne durement en faisant de longs déplacements dans tout le pays.

Depuis que West s'est retrouvé dans un fauteuil, il a de plus en plus de mal à laisser seuls sa femme et son fils, et bien qu'il ne m'ai jamais rien demandé, il sait que je suis là en qu'a de problème même si je ne vis plus ici.

Mel veut des petits enfants. Nous savons tous que West ne sera plus en capacité d'en avoir, elle pense que tout repose sur moi. Je ne suis pas leur fils biologique, et pourtant ils m'ont toujours considéré comme tel. Ce qui m'a longtemps perturbé.

Violette Barrow sera éternellement ma mère, la seule et unique.

Je leur serais éternellement reconnaissant de m'avoir accueilli chez eux avec amour, douceur et respect malgré mon état psychologique et physique à ma sortie des camps. Et je sais qu'ils m'aiment comme leur propre fils. Mais je ne les ai jamais laissé entrer dans mon cœur déjà trop meurtri par la mort de ma mère mais aussi la perte des trois personnes m'ayant sauvé de l'enfer. Seul West a réussi à percer mes défenses et il sera le dernier à le faire.

Je sais que son envie de famille nombreuse la titille, mais je n'ai absolument pas l'intention de lui donner ce qu'elle attend. Alors je décide de crever sa nouvelle lubie dans l'œuf.

- Je t'arrête tout de suite avant que tu ne parte dans un monologue larmoyant et gerbant d'amour, ça n'arrivera pas.

West ricane en me traitant de sal con, Bill plisse les yeux sans se défaire de son sourire quant à Mel, absolument pas vexée me fusille du regard avant qu'une lueur malicieuse passe dans ses iris.

Elle va me sortir une connerie plus grosse qu'elle.

- Oh, je vois ... Lâche-t-elle en attrapant son verre de coca qu'elle porte à ses lèvres sans décrocher son regard du mien.

Sous ses airs de parfaite ménagère douce et délicate qui fait des cookies pour tout le quartier, Mel est redoutable. Originaire du Bronx, elle y a vécu toute sa vie. Elle sait parfaitement comment fonctionne les quartiers chauds, ce qu'il s'y trame ayant elle même vécu dans la rue en tant que dealeuse dans sa jeunesse avant de s'acheter une conduite. J'ai appris à ne pas la sous-estimer et à lire en elle.

Amusé, je me penche légèrement en avant tout en cachant mon sourire pour garder mon air de connard.

- Tiens donc, et qu'est ce que tu vois Melinda Walker ?

Je lui donne consciemment la perche qu'elle attendait, parce que j'aime les joutes verbales qui animent nos conversations parfois houleuses.

Son verre dans sa main, elle le fait tourner en tintant les glaçons contre les parois. Son sourire s'étire, son regard pétille d'amusement en inclinant la tête.

UndreamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant