Undream

Chapitre 23 - L'éveil

RIO

Allongée dans mon lit, je prends mon téléphone pour constater qu'il est déjà cinq heures du matin, et je n'ai pas fermé l'œil de la nuit.

Cette soirée était nulle à chier. Entre cette greluche blonde de Luna machin on s'en fout de son nom, qui n'arrêtait pas de se frotter contre Ezequiel, et Damon Dark en personne qui est venu m'aborder, je me suis dit que j'aurais mieux fait de me casser une jambe.

Selon monsieur Ezequiel Barrow, c'est ma faute si j'ai tapé dans l'œil de ce taré.

Je ne l'ai clairement pas approché, ayant bien retenu la leçon sur les goûts de ce gros dégueulasse.

Et ça a dérapé.

Je ne sais pas pourquoi ça été si puissant, je peine à comprendre mon propre corps et ses réactions. Quand il a fondu sur mes lèvres sans aucune douceur, mais avec une urgence absolue, un truc a éclaté en moi.

Comme submergée par une vague de désir plus puissante que tout ce que j'avais connu avant lui, je me suis laissée emporter par la passion qu'il m'a offert sans concession.

Je n'ai jamais autant savouré le goût d'un baiser.

Peut-être parce qu'on se l'ai interdit trop longtemps, toujours est-il que la sensation était si grisante que l'un comme l'autre, on a perdu le contrôle.

Je ne pensais à rien d'autre que lui, ses mains sur moi, en moi. Sa façon de me regarder prendre du plaisir alors que je lui en donnait en même temps.

C'était parfait putain.

Je n'ai jamais autant été en symbiose sexuellement avec quelqu'un. Il en avait envie, il allait céder, et je n'avais rien d'autre en tête que mon besoin urgent de ne faire qu'un avec lui.

J'ai ressenti sa perte de contrôle, la façon dont ses doigts s'ancraient dans mes chairs, ses lèvres sur ma peau qui me malmenait de plaisir. Et sa queue entre mes mains que je torturais de la même façon.

Au moment où il m'a arraché ma culotte, les portes de l'ascenseur se sont ouvertes.

C'était bizarre quand j'y repense, comme s'il s'éveillait d'un rêve qu'il n'avait pas anticipé, submergé par la surprise et ses doutes.

Ezra et Léa sont arrivés, bien conscients de nous faire chier dans un moment gênant. Ils se sont rapidement éloignés en se chamaillant, mais c'était déjà trop tard.

La magie était brisée.

Ezequiel n'était plus avec moi.

J'ai eu l'impression qu'il était complètement perdu, paumé dans sa temporalité et incapable de raisonner comme il en a l'habitude.

Il est simplement parti, me laissant toute seule en prenant la fuite hors du loft. C'est la première fois de ma vie que je me suis sentie comme ça.

Misérable.

Je suis partie en ignorant les regards inquiets de Léa et Ezra devant ma mine défaite, et je me suis enfermée dans ma chambre.

Qu'il lutte pour une raison x ou y, ça passe encore. Mais qu'il me plante comme une groupie trop collante, ça fait plus que mettre à mal ma fierté.

Ça me donne l'impression d'être vulnérable.

Vu son état d'excitation plus tôt, je n'ai pas pu m'empêcher de me dire qu'il était sûrement allé assouvir ses besoins ailleurs puisqu'il n'est rentré qu'il y a quelques heures.

Je ne le comprends vraiment pas.

Ezequiel ne communique pas, même ses expressions faciales sont maîtrisées, si bien que j'ai été perturbée de lire autant d'émotions contradictoires sur son visage avant qu'il ne s'en aille.