Chapitre 8 - Distraction

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EZEQUIEL

Quelques heures plus tôt.

L'odeur de transpiration, de tabac et de violence flotte dans l'air. Cette fragrance percutante est accompagnée des grognements de frustration, de douleur et de colère qu'émettent les boxeurs sur le ring du hangar d'Atlanta.

Ma clope entre mes lèvres, mes mains dans mes poches, j'incline la tête pour suivre le mouvement lancé par Owen. Ce gamin d'une petite vingtaine d'années balance un uppercut maitrisé en pleine mâchoire de son opposant. Vif, habile et massif, il manque légèrement de détente, mais c'est un point qu'il peut effacer avec de l'entrainement. Sa posture d'attaque est correcte et sa capacité à encaisser les coups force le respect.

J'ai passé une bonne partie de la matinée à observer les quinze hommes que Koto m'a trouvés pour répondre aux exigences de Campbell. Notre branche d'Atlanta nous permet de distiller les affaires sur plusieurs états. L'idée est de passer en dessous des radars des fédéraux en éparpillant les sociétés écrans de Financial's Campbell.

L'argent de la revente de la drogue et des combats illégaux est blanchi grâce à ces branches fantômes, une fois l'argent propre, il est reversé dans la trésorerie de l'entreprise en tant que chiffre d'affaires des différentes filiales.

C'est comme ça que la boîte de Victor a connu une montée exponentielle qui a fait parler d'elle pour placer son PDG sur le devant de la scène, tout en gardant un rythme de croissance acceptable afin de ne pas attirer l'attention de l'unité spéciale du FBI qui s'occupe des délits financiers et des cols blancs véreux.

Tout est dans le dosage, dans le contrôle des capitaux que Campbell m'a légué. Officiellement, c'est ça mon poste. Directeur des filiales annexes de Financial's Campbell.

Officieusement, je suis la grosse tête qui gère les affaires illégales de Victor.

Il est le visage, je suis le cerveau.

C'est donc pour cette raison que j'ai demandé à Koto de me trouver des types qui savent se battre à Atlanta. Nous avons déjà une grosse partie de nos affaires concentrées sur New York, si j'agrandi le réseau, ça attirera l'attention du FBI.

Il est facile de se foutre la police de New York dans la poche. Des flics ripoux courent les rues de la Big Apple pour pourrir le fruit de l'intérieur et laisser des mecs comme Campbell, comme moi gangréner le mal là où le fruit est le plus fragile.

Une enveloppe glissée sur un bureau et le tour est joué. Ça l'est beaucoup moins avec un agent fédéral. Alors je suis prudent.

- Il est pas mal le gamin hein ? Me lance Koto à mes côtés en croisant les bras sur son torse.

D'origine japonaise, il a migré aux états unis pour fuir un clan de Yakuza qui voulait lui faire la peau salement. Je l'ai repéré il y a trois ans. Il jouait les pickpocket dans les beaux quartiers d'Atlanta, commettant l'erreur de voler le portefeuille d'un type de la pègre du coin, il s'est foutu dans une sacrée merde. Fort heureusement pour lui, j'étais en pleine négociation avec le mafieux, quand Koto a mis une raclée à trois des hommes en quelques secondes pour se tirer.

J'ai tout de suite détecté son potentiel, et négocié sa survie. Depuis, il bosse pour moi et fait partie de mes meilleurs éléments avec Flint.

J'acquiesce silencieusement en tirant sur ma clope pour me concentrer sur l'opposant du jeune Owen.

Plus petit, trapu. Mais aussi plus nerveux, il est plus sec et fatalement plus rapide. Ses mouvements sont bons, mais il a un tic nerveux qui s'exprime quand il trouve une faille, révélant son prochain coup. Il est prévisible.

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