Undream

Prologue

EZEQUIEL

L'odeur est la première chose qui me frappe en entrant dans le hangar.

Cette fragrance qui fait partie de ma vie depuis que j'ai douze ans.

Le sang.

Ce liquide poisseux qui permet à chaque être humain de rester en vie, d'apporter ce dont le corps à besoin.

Cette matière vitale qui s'écoule en masse des nombreux corps à genoux devant moi.

Discrètement, la capuche sur la tête, je m'adosse sur le mur du fond. En brique, humide et froid.

L'odeur du sang n'est pas la seule à être présente. Elle est mélangée à celle de la moisissure et celle là me dérange un peu plus.

Remuant les narines, je croise les bras sur ma poitrine et pose mon pied contre le mur derrière moi.

- Où est la dope ?

La voix de Jorel résonne et percute les murs rendant l'ambiance déjà sombre, plus glauque encore.

Le plaisir qu'il prend à tabasser les petites frappes du milieu le fait sourire et ça s'entend parfaitement dans le ricanement qu'il émet en se tournant vers moi.

Son regard marron et sans âme trouve le mien, un sourire étire ses lèvres fines et son visage reflète le démon qui vit en lui et qu'il laisse prendre les commandes sans aucune maîtrise.

Abruti.

- T'es en retard Ez.

J'arque un sourcil en restant silencieux avant qu'il ne se concentre de nouveau sur les six pauvres merdes à genoux, baignant dans leur sang et leur pisse.

Dans son tee-shirt noir, son jean classique et sa veste en cuir. Jorel ressemble au gangster des rues qu'il est.

Un sbire du boss qui fait ce qu'on lui ordonne en se donnant la peine de faire le travail correctement pour éviter de se prendre une balle en plein front.

C'est ce qu'on risque tous.

Jorel. Moi, mais aussi les dix autres larbins qui attendent silencieusement que son show soit terminé.

Jorel déclenche un coup de pied magistral dans la mâchoire d'un petit dealer de la zone qui doit avoir à peine dix-sept ans.

Tu t'es foutu dans la merde mon pote.

- Je veux ma dope. Ou le fric. Vous avez le choix les merdeux. Lâche t-il en sortant une lame de sa ceinture de jean.

Il joue avec entre ses doigts alors que la moitié des gamins présents se pissent dessus de frousse, alors que l'autre est tellement défoncée que je ne suis même pas certain qu'ils captent réellement ce qui leur arrive.

Jorel fait un signe de tête vers l'un de ses sbires qui s'approche pour se placer dans le dos du premier gamin.

Je suis à la fois fasciné et blasé devant tant de démonstration de force.

Il aime l'image qu'il renvoi. Celui du mec dangereux, beau gosse qui attire les femmes comme des mouches sur une poubelle municipale.

Le larbin tire les cheveux du gosse qui chouine de terreur, les larmes aux yeux et le jean souillé d'urine.

Mais je n'y crois pas une seule seconde.

- J'ai tout vendu Jorel, je t'ai donné le fric ! Je ne sais pas de quoi tu parles.

Sa voix est à peine audible. Entrecoupée par des supplications douteuses.

Et je m'emmerde.

Je connais les raisons qui ont poussé le grand patron à me faire venir ici ce soir.