Undream

Chapitre 20 - Un combat à Seattle

RIO

Appuyée contre ma table de cuisine, je bois mon café en souriant, me disant que cette pièce voit bien plus que de la bouffe.

Ezequiel a enfin cédé à la tentation, brisant le mur qu'il s'efforce de construire entre nous. J'ai pris mon temps, le taquinant, découvrant sa peau chaude et son goût, son odeur et ses soupirs de plaisir.

Un peu comme moi, il m'a exprimé ses désirs sans pudeur, baisé ma bouche avec une ardeur qui m'a plus qu'excité. J'ai plongé dans ses yeux en même temps que lui entre mes lèvres, et je me suis laissé porter par sa perte de contrôle.

Je lui ai tout donné, autant que je lui ai pris. Je l'ai regardé jouir, abandonner toute prise sur ses émotions en fermant les yeux, ne profitant que de l'instant présent après une journée difficile.

Le plus étrange, c'est que ce n'est pas tant la pipe qui m'a marqué, bien que j'ai adoré le regarder prendre son pied.

C'est le après qui perturbe l'équilibre de mes pensées.

Ce moment où il n'y avait que lui et moi quand il m'a relevé, une main sur mon cou qui touchait ma peau sans brutalité, jusqu'à ce qu'il empoigne mes cheveux tout en observant mon visage.

Ezequiel a une manière particulière de vous regarder. Peu de choses captent son attention, il ne s'attarde sur personne, restant dans une analyse distante à chaque interaction.

Mais à cet instant, même lui semblait tenter de comprendre ce qu'il y a entre nous. Pourquoi c'est si vif, brûlant et particulier quand on se retrouve tous les deux sans personne autour.

Ce n'est pas devenu gênant, on a simplement fini nos bières, même si ce con a voulu me faire croire que j'étais à peine digne du top trois.

C'est que j'ai tout donné dans cette cuisine moi !

Avant de partir, il a encore fait ce truc qui me perturbe plus que tout le reste. Il fait traîner ses lèvres sur ma mâchoire, et c'est étrange parce que ce geste est d'une simplicité déconcertante, mais je le savoure à chaque fois comme quelque chose d'unique et précieux.

Mais lui et moi, ce n'est pas une bonne idée.

Je veux devenir une grande avocate, protéger les miens qui sont des pros pour se foutre dans la merde, et mener une vie un tant soi peu normal.

Flirter avec un criminel est une idée de merde.

On ne s'est pas embrassé, et pourtant l'envie était là. Mais c'est une limite qu'on s'est implicitement imposé, comme pour se prouver l'un à l'autre que ce n'est que du sexe.

Un baiser étant trop intime, alors que lui comme moi avons déjà embrassé des tas de fois.

Ça me gonfle.

Je pensais qu'une petite pipe magique dans ma cuisine apaiserait mon appétit et ma curiosité.

C'est un échec.

Ezequiel est comme un livre dans une langue étrangère que je ne comprends pas, mais incapable d'en refermer la page tant je suis fascinée malgré tout.

Je pose ma tasse vide dans l'évier, me bougeant les fesses puisque je dois aller bosser à pieds. Ma moto est restée au parking de l'entreprise, et je ne sais pas si Ezequiel a eu le temps de s'en occuper.

J'attrape mes clés, mon portable, ma sacoche de super avocate pour aller à mon stage de merde, et sort du bâtiment avant de me stopper net.

J'ai un léger sourire en découvrant Flint habillé d'un jean basique, un tee-shirt noir et une veste en cuir. Le tout mis en valeur par son sourire de tombeur et ses cheveux blancs dans tous les sens.