Chapitre 31 - Le Date

7K 442 261
                                    

EZEQUIEL

C'est une Rio très silencieuse qui est à mes côtés pendant que je nous ramène chez moi. Et c'est assez rare pour le signifier. Rio est bruyante. Elle a toujours quelque chose à dire ou une pique cinglante à lancer. Mais cette nuit, seul le bruit du moteur de ma voiture perce le silence qu'elle impose.

Le visage tourné vers la vitre, je vois son reflet et ses traits perdus dans une contemplation pensive.

J'ai merdé.

Pris dans le flot d'émotions qu'elle seule est capable d'éveiller, je lui ai exprimé le fond de ma pensée dans un moment de plaisir intense. Et j'ignore ce qui m'a poussé à le faire.

J'ai perdu le contrôle en prenant le sien. Cette baise torride et sa confiance m'ont fait oublier la maîtrise que j'ai mis des années à acquérir.

J'ignore comment et pourquoi elle a ce pouvoir sur moi. Mais c'est indéniable.

Et dangereux.

Elle est dangereuse pour moi. Pour mes objectifs.

Et malgré la distance de la semaine dernière, j'ai pensé à elle.

Cette tension qui vibre entre nous, ce lien étrange qui nous lie et cette connexion charnelle sont difficiles à ignorer et inédites.

Mais je refuse, pour l'instant, d'y renoncer.

Garant ma voiture dans le parking souterrain, j'observe la fille tornade descendre de la voiture avec ma veste sur le dos. Elle a rabattu la capuche sur son crâne et cache son visage, la tête baissée. Nous montons dans l'ascenseur tout aussi silencieusement, et entrons dans mon loft de la même façon.

Le silence ne me dérange pas. Je l'apprécie et le savoure quoique cette fois, il laisse un léger goût amer sur ma langue.

Ça ne lui ressemble pas mais je sais qu'elle en a besoin.

Elle a laissé tomber toutes ses barrières ce soir et je sais qu'elle a besoin d'y penser. Sans parler de la fatigue qui envahit ses beaux yeux sombres.

Dans la cuisine, je lui tend une petite bouteille d'eau qu'elle attrape en me remerciant silencieusement. J'attrape un de mes tee shirt dans mon dressing et sors deux serviettes ainsi qu'un gant de toilette avant de la rejoindre contre le plan de travail.

Ma capuche sur la tête, le visage baissé et les mains serrées autour de sa bouteille d'eau, je me place devant elle et attrape son menton pour lui lever la tête.

Je ne veux pas qu'elle s'enferme dans le silence.

- Regarde moi Turner.

Ses yeux trouvent les miens et j'y lis une confusion intense alors qu'elle inspire doucement.

- Je pense savoir ce qui te rend si silencieuse, et je n'ai pas l'intention de t'obliger à me dire quoi que ce soit. Mais tu n'as pas besoin de te cacher sous une capuche plus grande que toi. Souris-je en reculant pour lui laisser son espace vital.

Un léger sourire incurve ses lèvres pulpeuses encore gonflées par mes baisers.

- Tu peux aller te doucher, je t'ai préparé des serviettes propres et un tee shirt pour que tu sois plus à l'aise.

Un soupir de fatigue lui échappe quand elle acquiesce avant de se diriger vers ma douche.

Mon loft offre que très peu d'intimité, tout est ouvert hormis les toilettes alors je me rend sur le balcon pour allumer une clope, quand j'entends le bruit de l'eau qui ruisselle sur son corps endolori.

UndreamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant