Chapitre 9 - Poussin

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RIO

Rentré hier soir d'Atlanta, je bois un café noisette pour me réveiller tout en analysant ce que j'ai récolté sur Ezequiel.

Ce type me rend chèvre.

Un coup il est chaud comme la braise, la minute d'après il est plus stoïque qu'une statue.

Dans tous les cas, je n'ai pas appris grand-chose.

Ezequiel Barrow a vingt-cinq ans, il a vécu en Louisiane jusqu'à ses douze ans avant que sa mère ne décède.

Violette Barrow.

D'où la présence de ces fleurs qui tatouent l'entièreté de ses bras.

Je l'admet, je ressens un petit pincement à la poitrine en comprenant la signification de toute cette encre.

Contrairement à moi, il aimait beaucoup sa mère biologique.

La mienne était spéciale, je crois que dans le fond, elle ne m'aimait tout simplement pas.

Je chasse mes propres pensées pour me concentrer à nouveau, et poursuivre ma lecture.

La mère d'Ezequiel est décédée des suites d'un cancer généralisé fulgurant. En à peine trois mois, elle était déjà partie.

A sa mort, il a littéralement disparu de la circulation. Comme si lui aussi était mort, les premières nouvelles infos sur lui remontent à ses quinze ans dans le Bronx.

Rien sur l'endroit où il était pendant trois ans.

Il a été adopté par une famille qui avait déjà un petit garçon de neuf ans.

Bill et Melinda Walker, ainsi que leur fils West.

Il a été au lycée, a eu son diplôme et s'est inscrit à la fac publique de New York où il a étudié le droit à l'enfance pendant deux ans, avant d'arrêter brutalement les cours du jour au lendemain.

Et depuis, plus aucune trace de lui nulle part.

Pas de réseaux sociaux, de photos de lui qui apparaîtraient dans des comptes d'amis.

Ce type est très étrange.

Qu'est-ce que tu caches Barrow ?

Il apparaît dans le registre des employés de Financial's Campbell en tant que Directeur des filiales, sans plus de précision.

Il a tout sauf la gueule d'un bureaucrate directeur d'autre chose qu'un trafic de drogues.

Il était blessé hier dans l'avion pour le retour, et j'ai bien compris qu'il trainait dans des trucs pas clairs pour son patron.

Les cols blanc de New-York sont des pourris, ce n'est pas une nouveauté et vu le milieu d'ou je viens, j'ai été éduquée à m'en méfier.

Mais lui, il n'a pas la gueule de la petite frappe qui se débarrasse des cadavres et qui deal dans la rue.

Il est intelligent, réfléchi, et toujours dans l'analyse et la maîtrise. J'admet que quelque chose chez lui me fascine, au-delà de son tempérament calme qui attise la folie du mien, il attise ma curiosité.

J'ai remarqué que mes collègues oscillent entre fascination et craintes quand leurs regards se posent sur lui, comme si personne ne le connaissait vraiment.

En bref, je ne sais rien si ce n'est que c'est un gros con.

Tout le long du vol, il m'a très largement fait comprendre que je l'intéressais sexuellement. À base d'échanges de réparties piquantes et amusantes, c'était aussi excitant que distrayant.

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