Chapitre 18 - Jeu de manipulation

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EZEQUIEL

- Tu crois qu'ils vont s'entretuer ? Me demande discrètement Flint.

D'un geste du menton, il m'indique Stan le chef du gang des Skulls de New York et Jack, le chef des Onyx. Les deux hommes s'affrontent dans une négociation musclée qui, je sais, ne mènera strictement à rien. Ils ne sont pas prêts à lâcher du terrain, et c'est exactement ce que je veux.

Ça fait plusieurs semaines que je mène un double jeu pour chacun d'entre eux se révolte contre la proposition de l'autre.

Ce qu'il y a en jeu ?

Le trafic d'armes sur une frontière qui leur appartient à tous les deux. Ce qui cause un problème sur la répartition du fric et de la clientèle.

- C'est exactement ce que je souhaite.

Adossés tous les trois contre nos motos respectives, un peu à l'écart. Jorel, Flint et moi observons la scène attentivement. Enfin Flint et moi, Jorel quant à lui, se demande toujours ce qu'il se passe. Ce qui bien entendu fait marrer Flint autant que ça l'exaspère.

- Comment ça ? Le but n'est pas que la négociation réussie ? Demande Jorel en se tournant vers moi.

Ses yeux bruns sont à la recherchent de réponses, il n'est pas totalement stupide, et au fond de lui se cache un potentiel qui pourrait l'élever. Ce ne sera jamais un fin stratège, ni même un vrai leader, mais avec le temps et de l'entraînement, il peut devenir un homme de main loyal et efficace. Jorel est un gamin du Bronx, un gosse des rues qui a du se démerder tout seul pendant des années, avec une mère accro à l'héroïne et un père violent. Il n'a pas été scolarisé et encore moins éduqué. À vingt-sept ans, il fait avec ce que le destin lui a donné, c'est-à- dire une beauté saisissante qui fait vibrer la gente féminine et un esprit chaotique et sociopathe.

Il est violent, agressif et a un gout particulier pour la torture mais aussi les jeunes femmes innocentes qu'il aime pervertir. Il reproduit un schéma bien ancré dans sa façon de vivre. C'est un sociopathe qui a besoin d'un leader pour survivre et surtout rattraper ses merdes quand il agit impulsivement.

Flint ricane en allumant une clope, tout en gardant son sourire de connard sur la gueule.

- Non mon mignon, il faut que ça foire pour que Ez arrive tel un sauveur. Claironne t-il en lui lançant un regard moqueur que Jorel ignore complètement.

Trop concentré sur la réflexion qu'on le pousse à avoir, il ne prend même pas le temps de saisir le surnom débile de Flint. La fascination, voilà ce que je ressens quand je regarde Jorel et son esprit simple. Il ne se prend pas la tête, agit à l'instinct, se fout complètement des conséquences et n'anticipe jamais rien. Un jour à la fois. Je me demande comment il a fait pour rester en vie, surtout dans notre monde. C'est aussi pour cette raison que j'ai voulu l'engager. Parce qu'il est mon opposé. Et je suis réellement curieux sur sa manière de fonctionner, même si j'aimerai l'améliorer.

Complètement perdu, il grimace en soupirant ce qui exaspère Flint qui commence à perdre patience. Mon bras droit oublie souvent que tout le monde n'a pas grandi aussi vite mais aussi de la même façon que nous. Et dans notre malheur, nous avons aussi eu la chance d'être accompagnés par trois combattants hors pairs dans les camps.

Bien qu'il y ait une part de génétique, selon ma mère qui disait que je tenais mon esprit d'anticipation de mon père sans jamais trop en dire.

Mes yeux rivés sur les deux gangs qui sont sur le point de sortir leurs flingues, je prends le temps de lui expliquer ce que je compte faire sans en dévoiler les fondations.

- Stan et Jack ont chacun leur territoire. N'appartenant pas à un gang, Victor ne possède pas réellement de territoire, même si grâce aux accords que j'ai passé, nous pouvons distiller notre came un peu partout, nous n'avons pas réellement de pouvoir géographique, commencé-je.

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