Chapitre 19 - Un pas en avant

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RIO

C'est une maison pas très en forme qui me fait face quand je suis Ezequiel.

Dire qu'il est tendu est un euphémisme. Le maniaque du contrôle de ses émotions est inquiet derrière son masque d'impassibilité.

Les marches du perron craquent sous nos pieds quand on les monte, la porte d'entrée grince quand il l'ouvre, et les murs extérieurs portent les traces des années.

L'intérieur est un peu ancien, le papier peint est jaune, quelques photos ornent les murs. Un couloir débouche sur un salon avec salle à manger où j'aperçois un lit médicalisé, et la cuisine sur la droite avec un escalier qui mène à l'étage.

Je le suis silencieusement dans cette maison qui semble être celle de sa famille.

Une femme d'une cinquantaine d'années portant un jean et une blouse rouge sans manche se jette dans ses bras en pleurant. Elle ne m'adresse qu'une brève oeillade avant de regarder Ezequiel qui reste de marbre face à son étreinte.

- Il s'est fait mal.

Il se dégage doucement de ses bras, mon regard le suit pendant qu'il se dirige vers l'escalier au bout du couloir. Je me décale de quelques pas, et voit un fauteuil roulant en mauvais état renversé, ainsi qu'un mec d'une vingtaine d'années allongé par terre en geignant de douleurs.

C'est sa famille adoptive.

Melinda et West.

Ezequiel s'accroupit devant son frère, il incline la tête en l'observant, alors que West grimace en le voyant.

- Un fauteuil, des escaliers. Il n'y a pas un truc qui ne va pas dans l'équation selon toi ?

Son sarcasme est très clair, mais il reste calme malgré la tension qui règne dans son corps. Il ne l'aide pas, évaluant l'état de son corps en le regardant avec attention.

Comme quand il m'a soigné.

- Ta gueule, j'ai tenté un truc. Grogne le gamin qui essaye de se relever tout seul.

Melinda à mes côtés, serre ses bras autour d'elle la bouche tremblante, bouleversée de voir son fils cadet dans cet état.

- Il n'a pas voulu que je l'aide, murmure-t-elle sans me regarder.

Comme si elle se parlait à elle-même, sa douleur semble la submerger au point d'occulter tout ce qu'il y a autour d'elle.

- C'est vrai que te casser le haut du corps alors que le bas est HS est une super idée.

Toujours aussi impassible et froid, son frère ne semble pas impressionné. Il abandonne sa tentative de se relever seul en soupirant, les bras écartés et le corps dans une drôle de position.

À moitié allongé sur les escaliers, ses jambes sont pliées sur les marches alors que le haut de son dos repose au sol.

- T'as l'intention de me regarder encore longtemps comme ça Ez ?

- Ouais, je cherche justement une nouvelle position pour la baise, celle-là à l'air pas mal. Bouge pas, je prends une photo mentale.

- T'es qu'un connard, ricane-t-il amusé.

Ezequiel se détend un peu, sourit et soulève son frère délicatement dans ses bras. Il est très mince et flotte dans son jean et tee-shirt. Je m'approche pour relever le fauteuil, et le place de façon à ce que Ez puisse déposer son frère dedans.

Remarquant ma présence, West me scanne de la tête aux pieds les yeux écarquillés, pendant qu'Ez installe ses jambes qui n'ont aucune réaction suite à ses manipulations.

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