64. Une mère

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Une fois l'émotion passée, nous reprîmes nos places et ce fut le tour de Séverilla. Elle s'humecta les lèvres.

— J'ai peur de ne pas être une bonne sœur. En tant que grande sœur, je dois m'occuper d'eux, être un bon exemple, m'assurer que tout va bien pour eux. Et j'ai peur de ne pas faire les choses correctement et qu'ils finissent par se sentir mal parce que j'ai omis des détails que je pensais futiles mais qui finalement ne l'étaient pas. Je ne veux pas que mes parents se sentent responsables, plus tard, si quelque chose se passe mal.

Elle se pinça les lèvres et leva la tête vers nous, dans l'attente de conseils.

— Hé ! Déjà, faut que tu te dises que tu es leur sœur, pas leur mère. Tu n'es pas censé avoir tout ça à faire, et pourtant, je trouve que tu t'en sors très bien ! Et avec une grande sœur comme toi, je ne vois pas comment ça pourrait mal tourner !

— Je suis d'accord. Tu te sous-estimes, tu fais très bien les choses. Il suffit de les regarder. C'est moins flagrant pour les jumelles, mais quand Thomas parle de toi, il est très fier de t'avoir en tant que grande sœur.

— Vous pensez vraiment que je n'ai pas à m'inquiéter de leur avenir ?

— On ne peut pas l'affirmer à cent pour cent, on n'est pas devins. Mais tu n'as pas à douter de ce que tu leur apporte. Et si malheureusement, il y a, un imprévu, disons, ce ne sera pas de ta faute pour autant, parce que tu ne peux pas tout contrôler.

Séverilla se plongea dans une grande réflexion, avant de nous lancer un sourire.

— Je suppose que vous avez raison.

Cela ne sembla pour autant pas entièrement la convaincre, mais je supposais que c'était normal d'être toujours inquiète en tant que grande sœur.

Allissia regarda l'heure sur sa montre.

— Oh, Déjà 16h48 ! Le temps passe tellement vite !

Elle affiche une moue.

— J'aurais bien voulu faire un deuxième tour, vous pensez qu'on a le temps ? Enfin, si vous voulez, bien sûr. Je n'ai pas dit tout ce que je voulais...

Je jetai un coup d'œil à mon bout de papier. Moi non plus je n'avais pas tout dit. Même si je n'étais pas particulièrement pressée, j'avais déjà eu beaucoup d'émotions rien qu'aujourd'hui. Cependant, je me doutais qu'Allissia voulait parler du divorce de ses paretns mais avait simplement voulus commencer par un sujet plus léger.

— Ça me va... fis-je, avec moins de conviction que ce que je pensais.

Séverilla s'humecta les lèvres. Ses yeux passèrent de la porte à Allissia. 

— Je reste aussi.

Allissia nous lança un petit sourire, contente que nous ayons accepté. 

— On garde le même ordre, je suppose ?

J'acquiesçai. Ne pas commencer, et ne pas finir m'allait, même si je savais que je ne ferais pas la fière quand mon tour viendrait.

Allissia pris plusieurs grandes inspirations. Elle semblait plus confiante que pour le premier tour, mais loin d'être paisible.

— Comme je l'ai dit, et comme Gwen en a payé les frais, mes parents vont divorcer. Vous savez déjà qu'ils se sont séparés quand j'avais dix ans, mais ils s'entendaient encore bien, ils n'avaient juste plus aucun sentiment. Et comme ils ne voulaient pas que j'ai à subir leur séparation, ils ont décidé de rester colocataire jusqu'à ce que je sois majeur. Mais il y a quelques mois, mon père a rencontré une femme et ils sont tombés amoureux. Et il y a peu, cette femme a dit à mon père qu'elle voulait quelque chose de sérieux avec lui, mais que évidemment, il devait divorcer avec ma mère. Je sais qu'ils en ont beaucoup parlé parce qu'ils ne voulaient pas m'impliquer dans leur choix, mais finalement, ma mère l'a convaincu que c'était la bonne chose à faire, parce qu'elle ne voulait pas l'enfermer dans un mariage dont aucun d'eux ne voulaient. Leur divorce n'est pas encore officiel, mon père veut d'abord que je rencontre cette femme, parce qu'avec la garde alternée, il refuse d'être avec une femme qui ne m'aime pas et le fait qu'on s'entende est pour lui le plus important.

Allissia marqua une pause et renifla plusieurs fois avant de se moucher. 

— Au début, quand j'ai appris la nouvelle, j'étais vraiment en colère... je me sentais tellement trahie. Ils m'avaient dit que je n'aurais pas à faire de garde alternée, et je vis dans cette maison depuis que je suis née, je n'avais pas envie de devoir à moitié déménager, et de voir une partie de mes affaires dans une autre maison qui me donnerait l'impression de ne pas être chez moi. Du coup, au début, je me suis dit que j'allais faire en sorte d'être détestable avec cette femme pour qu'elle sache que je ne voulais pas d'elle et la faire fuir. Lors de la première rencontre organisée, j'ai même volé le téléphone de mon père pour changer l'heure et le supprimer, pour qu'on ne la voit pas et donner l'impression qu'elle ne voulait pas faire d'efforts...

Elle passa les mains sur son visage, se frotta un instant les yeux, puis redescendit ses mains.

— J'ai tellement honte quand j'y pense, pour ça, pour m'être disputé avec mes parents, et avec toi aussi, Gwen... Maintenant, j'ai peur que cette femme me déteste réellement et de ruiner toute les chances de mon père avec elle. Il a l'air tellement amoureux... je sais pas quoi faire pour réparer mes bêtises... Je me sentirai tellement mal si tout s'arrête à cause de moi... Mon père a été déjà tellement déçu d'apprendre la vérité, je ne sais même pas s'il va maintenir la prochaine rencontre qui doit avoir lieu.

Elle renifla de nouveau et essuya une larme avant qu'elle ne coule. Elle demeura ainsi, tête baissée, frottant ses yeux pour retirer ses larmes, par moment. 

Nous nous jetâmes un regard avec Séverilla afin de nous assurer qu'elle avait bien fini, et que nous pouvions parler sans risquer de la couper.

Séverilla se racla la gorge pour attirer son attention ce qui fonctionna.

— Le problème de ruiner leur couple peut se réparer facilement. Tu as bien dit que ton père organisait une nouvelle vraie rencontre ?

Allissia hocha la tête, prête à recevoir des conseils.

— Lorsque tu la verra, tu peux, en la prenant à part ou non, t'excuser pour ton comportement, et expliquer comment tu l'as vécu. Et si même avec ça, elle ne comprend toujours pas, c'est qu'elle ne prend pas en compte tes sentiments, et à ce niveau là, ce ne serait pas une si mauvaise chose que tu n'es pas à vivre avec elle une partie de ton temps.

— Oublie pas qu'on parle d'une adulte, pas d'une adolescente. Qu'elle ait des enfant où non, elle doit avoir une idée de ce que c'est. Elle va peut-être pas t'excuser dans la seconde, mais je suis sûre qu'elle se montrera compréhensive. C'est une situation plutôt particulière après tout. 

Allissia mouva ses lèvres, les aspirant et les étirant.

— Je suppose. C'est sûr que je compte m'excuser en tout cas ! J'espère que tu as raison, Gwen...

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⏰ Dernière mise à jour : 3 days ago ⏰

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