Chapitre 12

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LAUREN

Je jette un furtif regard à mon téléphone, regardant seulement l'heure et pas les nombreuses notifications que j'ai reçu durant la nuit.

Midi.

Je sais que je dois sortir de mon lit, car même si nous allons passer la journée à rouler sur l'autoroute, Maggie et Patrick ne me laisseront pas dormir jusqu'à seize heures.

Mais je sais aussi que je vais devoir leur mentir. Trouver une excuse pour expliquer les bleus sur mon visage et sur mes côtes ( car oui, ma chute par terre à été très douloureuse). Et supporter son regard malsain sur moi.

Il me fait tellement peur.

Le pire dans l'histoire, c'est qu'il le sait. Je pourrais presque l'imaginer sourire fièrement quand je vais inventer un mensonge pour ne pas le dénoncer.

J'ai peur que si je ne mens pas, il s'en prenne ensuite à Billie.

Croyez-moi, c'est la dernière chose que je souhaite.

Une demi-heure plus tard, je me lève enfin. J'enfille un gros sweat qui traine, et me dirige vers le salon.

Toute la famille est en train de rigoler, autour d'un petit apéro. Ils sont si heureux, je vais faire tâche dans leur tableau parfait.

- Bonjour, dis-je d'une voir roque.

Ne m'ayant pas aperçu, tout le monde tourne sa tête vers moi. Je me sens horriblement mal d'un coup, mon estomac se retourne.

- Oh bordel, qu'est-ce qu'il t'es arrivé ? crie Maggie.

Elle se lève directement de sa chaise et court vers moi. Délicatement, elle pose ses mains sur mon visage pour mieux observer les ématomes. Je fronce d'ailleurs les sourcils, quand elle insiste un peu trop sur l'un d'eux.

- Je...

Ma voix se tord, et je me sens soudainement incapable de répondre quoi que ce soit. Je n'avais même pas prévu de mensonge de toute façon.

Je détourne le regard de la rousse, regardant derrière elle. Tout le monde me fixe avec horreur. Tous. Sauf lui.

- Je me suis levée cette nuit pour aller aux toilettes, mentais-je. Et vous me connaissez, je me cogne tout le temps.

- Mais comment s'est possible de se faire autant de bleus ? demande Billie qui se lève.

Elle court vers moi, me prenant dans ses bras. Je sens une larme couler dans mon cou, et la situation me brise le coeur.

Billie et moi souffrons toujours des problèmes de l'autre. Mais la sentir trembler contre moi de tristesse, ou même de peur, alors que la personne qui m'a fait cela est le mec sur qui elle était assise il y a cinq seconde...

... C'est le plus dur à supporter.

- Je me suis prise la porte de la salle de bain, puis ensuite le mur en face des couchettes, dis-je. Je sais que c'est impressionnant, mais je n'ai même pas mal.

Billie ne m'écoute pas, et viens déposer un bisous sur ma joue avant de prendre ma main pour me tirer jusqu'à la salle de bain.

Je soupire, lui disant que cela ne sert réellement a rien, mais elle insiste en me disant de me taire et de ne pas bouger.

Je suis un peu contente qu'elle s'inquiète, pas dans le fait qu'elle ai peur, mais parce que cela montre qu'elle tient à moi... Sauf que je sais que je ne vais pas pouvoir faire semblant longtemps.

Je veux juste retourner dans mon lit.

- J'ai eu tellement peur que quelqu'un s'en soit pris à toi, dit-elle en désinfectant une de mes plaies.

Il est vrai qu'après avoir reçu les coups, je n'ai même pas regarder les ématomes. Simplement quelques heures après, durant la nuit quand tout le monde était couché.

- Et pourquoi quelqu'un s'en serait pris à moi ?

- Car tu es omniprésente sur tous mes réseaux sociaux, explique Billie en haussant les épaules comme si cela était normal.

D'accord, cela est vrai. Sur instagram, une story a la une est remplie uniquement de photo de moi et de Billie. Sur TikTok, j'apparais partout également, et n'en parlons pas sur google ou même pinterest car j'accompagne Billie partout. Ainsi que les photos des paparazzis...

- Des gens ne m'aiment pas, éclaircit-t-elle en voyant que je n'avais toujours pas compris. Pour m'atteindre et me faire du mal, on aurait pu te frapper.

J'acquiesce. Une énième compresse vient être presser sur mon visage, me faisant pousser un léger crie de douleur. Billie s'excuse, alors que je la fixe. Elle est si concentrée, et la voir agir avec autant de douceur me réchauffe le coeur.

- Je ne pourrais jamais me pardonner le fait que quelqu'un te fasse du mal par ma faute.

Elle vient embrasser ma joue, et me prends ensuite dans ses bras. Je la remercie de m'avoir soigné, et elle me réponds que cela est normal.

Et même si ce câlin me fait plaisir, j'ai malgré tout un goût amer dans la bouche.

Ce n'est pas de ta faute Billie.

Q m'a frappé car c'est sûrement ce que je mérite.

Tu n'y es pour rien. Je te le jure.

...

Finalement, Billie m'oblige à rester avec eux tout l'après-midi. Voyant que cela lui fait plaisir, je me force un peu.

Et puis je l'avoue, être dans ses bras pendant des heures m'avait manqué. Car en effet, elle a délaissé Q pour s'installer avec moi sur le petit sofa.

Alors que je pose un as de pique sur la table, signalant la fin de la partie que je viens de remporter, Q s'exclame :

- Tu portes le pull à Billie, non ?

Je me tourne vers lui, il me regarde toujours avec un regard rempli de colère. Je bafouille un peu, surprise de sa question, et finit par répondre :

- Sûrement... Je ne sais pas ?

Billie se recule légèrement, et acquiesce. C'est vrai que je n'ai pas fait attention à ce que j'ai enfillé tout à l'heure.

Alors que Andrew distribue les cartes pour commencer une nouvelle partie, Q continue de me fixer. Il est tellement menaçant, et sa remarque sur le pull étrange, que je comprends qu'il veut que je l'enlève.

Il n'aime pas me savoir aussi proche de sa copine. Et encore moins vêtue de ses vêtements.

Et il me fait peur maintenant.

- Bordel, il fait super chaud, dis-je à contrecoeur.

Je me lève pour ôter le pull, et par manque d'attention de ma part, mon débardeur en dessous se soulève aussi.

Prise de panique que quelqu'un ai aperçue mes bleus au niveau de mes abdos, je regarde chaque personne une part une. Et quand je croise le regard de Claudia, je comprends qu'elle a vu.

Elle n'attends pas longtemps pour me demander :

- Je vais aller chercher des autres canettes dans le frigo. Lauren, viens m'aider, s'il te plait.

 ~ All the pain he caused to you ~ BILLIE EILISHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant