Chapitre 66

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BILLIE

Quand je rentre dans ma chambre d'hôtel, je suis attendrie par le tableau qui se dresse devant moi.

Dans un geste professionnel, j'enlève mes chaussures grâce à mes talons et laisse tomber mon sac à dos le long du mur.

Lauren est assise sur le lit, le dos reposant contre la tête du lit. Sa bouche est légèrement ouverte et son visage reste très peu visible car elle est cachée dans un sweat qui m'appartient. Elle dort paisiblement.

- On t'a déjà dis que tu étais la fille la plus jolie du monde ? chuchotais-je en regardant ma copine.

Une pointe de tristesse me prend quand je me rend compte qu'elle est malgré tout un peu énervé contre moi, à cause de mes erreurs.

Je vais rapidement dans la salle de bain me changer pour être plus à l'aise pour dormir, avant de retourner dans la chambre. Je me glisse dans le lit, recouvrant Lauren et moi de la couette. Ne sachant pas si ma petite-amie supporterai un contact avec moi, je reste à une distance raisonnable.

- Non, jamais, chuchote-t-elle.

Tellement la phrase était basse, je me tourne vers Lauren pour voir si je n'ai pas rêvée. Visiblement ce n'est pas le cas. Je n'ai même pas entendu ma copine se tourner vers moi, ses yeux me fixant avec fatigue.

- Non quoi ? demandais-je.

- On ne m'a jamais dis que j'étais la fille la plus jolie du monde.

À sa voix, je sens bien qu'elle est épuisée et qu'elle ne réfléchis pas avant de parler. Je suis certaine que me répondre est simplement un réflexe à la con du corps humain.

Je me tourne sur mon flanc gauche pour moi aussi être face à Lauren. Doucement, sa main se glisse sur ma hanche, ce qui me fait sourire.

- Ton concert était bien ?

Toujours aussi calmement et aussi bas, Lauren me montre son envie de poursuivre notre conversation. Je suis heureuse d'avoir quelqu'un à retrouver après mes shows. Sa position assise qu'elle avait quand je suis arrivée me montre bien qu'elle m'a attendu, même si elle a finit par s'endormir.

- C'était vraiment bien, comme d'habitude, dis-je.

- Je suis désolé de ne pas être venu, s'excuse Lauren. Je suis rentré tard, on a beaucoup discuter maman et moi.

«Maman». Cela me fait sourire. Le fait qu'elle n'ai pas employé «ma mère» montre que cela s'est bien passé. Ou du moins, mieux que quand je suis partie. Peut-être que mon absence a permis aux deux femmes de se détendre, de se parler à coeur ouvert sans se sentir observer.

Malgré tout, je regrette quand même d'avoir presque infligé ça à Lauren. Ma surprise était en réalité un désastre, je m'en veux tellement.

- Je la reverrai sûrement, dit-elle, mais pas maintenant.

- D'accord, mon coeur.

Je viens poser ma main sur sa joue, exerçant un mouvement régulier pour lui donner du réconfort.  Lauren sourit en me regardant, et je donnerai tout ce que j'ai pour passer le reste de ma vie ainsi.

- Tu sais...

Elle laisse sa phrase en suspend, me faisant stresser quelques secondes. Lauren est quelqu'un qui reflechit beaucoup trop depuis qu'elle est jeune. Elle fait des associations étranges entre différents sujets, si bien qu'on ne peut jamais deviner ce qu'elle va nous dire dans la phrase suivante.

- J'ai pas réagit sur le moment, dit-elle la voix serrée, mais ça m'a blessé d'apprendre que mon père est mort.

Je vois dans ses yeux la tristesse qu'elle ressent actuellement. La larme qui s'échappe malgré elle ne passe pas inaperçue. Lauren essuie la trace de ses pleurs sur sa joue, déglutissant avec difficulté.

J'ai peur.

- Je crois que ça me fait mal de ne jamais avoir rencontré mon père.

La fin de sa phrase est dite en même temps que son sanglot éclate. Je n'attend pas pour attirer Lauren vers moi, la faisant enfouir son visage dans mon cou. Mes bras se resserent autour d'elle pour lui montrer que je suis présente.

- Ça me fait mal au coeur, pleure-t-elle.

- Ça va aller...

Finalement, nous nous endormons.

...

- Ils sont vraiment chiant à organiser des sorties de famille à la dernière minutes, soupirais-je.

Je suis actuellement dans la salle de bain entrain de me brosser les cheveux. Lauren elle, m'attend comme bien souvent. Je sais que je suis longue, mais je veux qu'elle me trouve belle. C'est important pour moi.

Après avoir coiffer correctement ma frange, je sors enfin de la petite pièce.

- Enfin !

Je rigole en voyant Lauren foncer vers moi pour me prendre dans ses bras.

Nous avons parlé sérieusement ce matin. Ma copine semble m'avoir pardonné de mes erreurs. Cela me rassure, j'ai une peur constante de la perdre. Je veux que jamais notre relation s'arrête.

- Je n'ai pas envie d'y aller, répétais-je.

En réalité, j'étais contente quand ma mère m'a appelé ce matin, pour me dire que nous allons tous faire de l'acrobranche cet après-midi. On fait peu de sortie tous ensemble ces derniers temps, je suis heureuse d'avoir l'occasion de profiter d'eux. Le seul problème c'est...

- Tu n'as pas envie car on a été stoppé quand on faisait l'amour ou juste car on va devoir faire semblant de ne pas être ensemble pendant trois heures ?

- Les deux.

Lauren explose de rire en me voyant soupirer une nouvelle fois. 

Après un long baiser remplit d'amour, Lauren presse le pas pour que l'on rejoigne notre famille en bas de l'hôtel. Ils doivent déjà tous nous attendre, c'est vrai, mais je vais devoir agir comme si Lauren n'était pas ma copine, et cela ça va être le plus compliqué.

En attendant l'ascenseur, je m'amuse à frôler mes doigts contre la main de Lauren. Malheureusement, je n'attire que les regards noir de ma petite amie.

- Laisse moi, Billie, me sermonne-t-elle.

- Je peux encore profiter de ma copine une minute, s'il te plait ?

Lauren tente de me faire changer d'avis, mais elle ne fait pas le poid contre moi. L'ascenseur s'ouvre enfin, me permettant de pousser Lauren dedans. Je me précipite pour l'embrasser et poser mes mains sur ses hanches pour la coller à mon corps.

Quand nous arrivons au rez-de-chaussée, nous nous séparons. Je lance :

- Bon après-midi, mon coeur.

Lauren me sourit, avant de répondre :

- De même, mademoiselle O'Connell.

 ~ All the pain he caused to you ~ BILLIE EILISHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant