Chapitre 18

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BILLIE


Je colle de nouveau mon téléphone contre mon oreille et espère que mon copain réponde enfin à mon appel. Il répond enfin, d'un simple mot :

- Oui ?

- Est-ce que tu peux venir, s'il te plait ?

À ma voix il peut comprendre tout seul que je ne vais vraiment pas bien. Alors j'ai besoin de sa présence pour aller mieux, car ma prestation  ce soir était désastreuse.

- Je vais essayer.

- Comment cela essayer ?

Il ne répond pas directement. Je force un peu :

- Allô ? Répond ?

Q raccroche directement, faisant couler une larme le long de ma joue. Je regarde mon téléphone, et finis par le lancer sur le fauteuil à l'autre bout de ma loge.

Ma mère rentre pile à ce moment là. Elle fronce les sourcils, me voyant littéralement repliée sur moi-même, assise sur le petit canapé.

- Billie...

- Je n'ai pas envie de parler.

Je baisse les yeux, fixant un point imaginaire sur le parquet. Je passe ma main dans mes cheveux au niveau de mes racines, déçue par mon concert, triste car Q n'est pas là.

Malgré ma phrase très froide, ma mère vient s'asseoir à côté de moi, et me regarde avec douceur. Elle ouvre plusieurs fois la bouche, mais se résout toujours à ne pas dire ce qu'elle souhaite. 

- Qu'est-ce qui ne va pas ?

Je lève les yeux au ciel. Cela est totalement logique. J'ai failli tomber pendant plusieurs musiques à cause du stress, mes oreillettes ne fonctionnaient plus à la fin du concert, et je n'ai pas pu donné le niveau de chant que je souhaitais sur une chanson.

- Mon concert était catastrophique, dis-je en soupirant.

- Pas du tout ma chérie. Tu était magnifique, et le public a réellement adoré ta prestation.

- Tu as entendu la merde de voix que j'avais sur Ilomilo ?

Je m'énerve fortement, mes nerfs lâchant toute la pression que j'ai accumulée durant toute la journée.

- Et je ne te parle même pas de toutes les autres catastrophes !

Je commence à respirer avec difficulté, ressassant toutes les erreurs que j'ai faite ce soir. Autant quand j'ai loupé la marche sur All the good girl go to hell, ou encore la fille qui a soupiré au premier rang quand j'ai raté ma note sur I love you.

- Je...

Je commence à suffoquer, et quand je tente de me lever pour mieux respirer, impossible. Me voyant tétanisée, ma mère sort de notre sac à pharmacie ma ventoline et mon masque d'oxygène.

Une fois que je respire un peu mieux, mais toujours contrainte de garder le masque, les yeux vitreux, j'observe ma mère sortir de ma loge pour appeler je ne sais qui.

Mon père et Finneas en profite pour venir me voir. Je sais déjà ce qu'ils pensent, et cela les énerve de me voir dans cet état. Sauf que ce n'est pas eux qui vive avec cet impression d'être nulle, de ne compter pour personne...

- Tu n'as pas besoin de te mettre dans un état pareil, Billie, me dit mon père. Les erreurs techniques ne sont pas de ta fautes, et ta prestation était spectaculaire.

- On s'est bien débrouillés, rajoute Finneas.

Ne voulant pas me prendre la tête avec eux, je continue de fixer le sol. Ils comprennent tout seuls que je ne veux pas parler, et Claudia et Andrew qui rentrent dans la loge au même moment repartent aussi tôt.

Les minutes qui suivent sont invivables pour moi. Je veux mon copain, je veux que Zoe, ma meilleure amie, soit la pour m'aider, je veux recommencer mon concert et donner une prestation digne de ce nom.

Je suis putain de ridicule.

La porte de ma loge s'ouvre, et je n'ai même pas le temps de lever les yeux qu'un petit corps vient se poser sur moi. Je reconnais l'odeur de Lauren, qui vient me prendre dans ses bras.

- Putain Billie, qu'est-ce qu'il ne va pas ?

Je ne répond pas, n'osant même pas la regarder dans les yeux. Les larmes coulent et je sais que me voir pleurer va rendre Lauren triste. Mes émotions l'ont toujours un peu trop affectée.

- Tu étais tellement parfaite ce soir, je ne comprends pas...

Je ne la crois pas. De toute façon, son avis n'est pas objectif. Lauren trouve géniale chaque chose que je fais.

Mais si mon concert était si bien, Q serait actuellement avec moi en train de me féliciter. Et je ne serais pas en train de pleurer misérablement dans ma loge.

- J'aimerai tellement que tu te vois comme moi je te vois, bordel, dit-il avec sincérité. Tu es parfaite, Bil'.

Elle vient poser sa tête contre ma poitrine, et me sert fermement dans ses bras. Je reste stoïque, n'ayant même pas la force de lui rendre son étreinte, ni l'envie d'arrêter mes larmes.

...

- Et donc Zoe nous rejoint quand ? demande Lauren avec entouasiasme.

Ma meilleure amie et celle que je considère comme ma petite soeur se sont toujours très bien entendue. Alors je sens à son regard qu'elle est heureuse que j'ai demandé à Zoe de venir nous rejoindre. Elle me manque trop, et j'ai besoin d'elle à mes côtés.

- Dans deux semaines quand on arrivera en Europe, sûrement.

La réponse de ma mère fait sourire de plus belle Lauren, qui me remercie d'avoir appelé Zoe.

Nous finissons de ranger nos affaires qui trainent dans ma loge, devant ce matin prendre un taxi pour aller à un événement en ville.

Je range donc toutes mes affaires, le regard de Q sur moi. Mon copain m'a rejoint ce matin, s'excusant pour la veille. Je ne lui en veux pas, il a le droit de ne pas être avec moi quand je fais des concerts catastrophiques comme celui d'hier soir.

Une fois toutes les affaires rangés, deux taxis nous attendent à la sortie du festival. Nous devons donc nous séparer en deux groupes.

- Les garçons avec moi, dit mon père. Les filles avec Maggie.

Personne ne discute, car nous n'avons pas le temps de choisir avec qui nous voulons passer le trajet. De toute façon, il n'est pas bien long.

Nous entrons dans le taxi, ma mère allant devant à côté du chauffeur, et Lauren se mettant à mes côtés et Claudia avec nous.

Je fixe la fenêtre, repensant à mon concert d'hier soir. Et sans réellement me rendre compte de ce que je dis, je demande :

- Pourquoi je ne manque à personne ?

 ~ All the pain he caused to you ~ BILLIE EILISHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant