Chapitre 11

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LAUREN

Billie m'a laissé il y a dix minutes pour aller à son concert. C'est pile le temps qu'il me faut pour sortir de sa couchette et aller prendre une douche.

La salle de bain dans le tour bus est vraiment petite. Mais je ne vous parle même pas de l'organisation désastreuse quand le bus roule. Mais comme nous sommes à l'arrêt, et que j'ai réellement besoin d'une douche, je ne perds pas plus de temps.

Juste après être lavée, je remarque qu'il n'y a vraiment personne dans le bus. Ils sont tous au concert de Billie.

Je vais rapidement en direction de ma couchette, là où se trouve ma valise de vêtements, dans l'optique de m'habiller pour rejoindre rapidement Billie. Je n'ai pas envie de rater son concert.

Mais une personne s'y trouve. Q est actuellement en appel, avec je ne sais qui. Je me cache pour écouter sa discussion.

- Ouais, je lui dirais qu'on va à une soirée, dit-il en faisant tourner un stylo entre ses doigts.

Il est littéralement en caleçon, pensant sûrement qu'il est seul dans le tour bus. Je ne m'attarde pas trop sur sa tenue, et continue d'écouter.

J'ai un mauvais pressentiment.

- Il fera le xanax à combien ? demande Q alors que je fronce les sourcils. Ok, je vais en prendre alors.

Sans faire exprès, en reculant, je me cogne le pied. Je pars donc en courant pour me cacher, mais Q ne semble même pas se préoccuper du bruit que je fais.

- Oui, je la ramène, poursuit-il. Tu verras, elle est bonne.

Je me concentre sur sa voix, car une voiture passe à côté de nous, son moteur faisant du bruit et deviant mon ouïe. Q rigole à gorge déployée, et continu sa discussion dans le plus grand des calmes.

- Mec, c'est ma copine. Évidemment qu'elle est bonne. Ouais, je te montrerais, je choisirai sa tenue si tu veux.

Il parle encore quelques minutes, mais je ne suis plus totalement la discussion. Il est encore plus immoral que je ne le pensais.

J'avais raison, ce mec est un vrai connard. Il parle de Billie comme sa posssession, et ne se réfère qu'à son physique. Évidemment, Billie est très belle, mais autant intérieurement que physiquement.

Il n'a jamais parlé de son humour, un peu débile parfois mais qui me fait toujours sourire. Il n'a pas abordé le fait qu'elle chante bien, que ses textes sont profonds, et qu'elle a du talent. Il ne mentionne même pas le fait qu'elle soit gentille, la personne la plus adorable que je connaisse.

Non, il ne parle pas de cela lui.

Il a parlé de ses fesses, généreuse et qu'il adore toucher. Il a parlé de sa poitrine, de ses formes, de ses lèvres...

Il me dégoute.

- Parfait, alors. Demain à vingt heure je viens avec Billie pour la soirée.

Il raccroche enfin, et systématiquement, mes poings se crispent.

J'ai mal au crâne, mais il est hors de question de laisser ce connard parler ainsi de Billie.

Sans vraiment réfléchir, je retourne dans la salle de bain enfiller mes affaires sales, pour ne pas me montrer enroulée dans une serviette, et je vais le confronter.

Il sursaute légèrement quand j'arrive en furie dans l'espace des couchettes. Je m'exclame :

- Où tu emmènes Billie demain soir ?

Il fronce les sourcils, mais hoche la tête rapidement, ayant compris que j'ai suivis toute sa discussion.

- Chez une amie, dit-il en haussant les sourcils. Un problème, gamine ?

- Ouais. Je t'interdis de l'emmener encore à une soirée où elle finit bourée !

- Sinon quoi ?

Il approche son visage du miens pour me rigoler à la gueule. Je me recule brusquement, avant de répondre le plus calmement possible :

- Elle déteste cela. Donc si tu l'aimes vraiment, ne l'emmène pas.

- Elle aime les soirées avec moi.

Je lève les yeux au ciel. Il est vraiment trop con celui-là. Billie n'a jamais aimé l'alcool. Avant qu'elle ne sorte avec lui, elle disait d'ailleurs ne jamais toucher à une bouteille de sa vie.

Et avec ce que j'ai entendu durant son appel téléphonique, il y aura sûrement de la drogue aussi. Et puis, tout le monde a déjà vu Q fumer des joints, ou des choses du genre le soir.

Il va se droguer, fumer, boire, et Billie sera avec lui.

Hors de question qu'elle s'y rende.

- Tu te voiles la face, connard.

Oups... C'est sorti tout seul.

Si Q a toujours un regard mauvais quand il me regarde, la colère actuellement dans ses yeux me fige.

J'ai toujours cette mauvaise habitude de ne pas réfléchir avant de parler. Billie se foutait toujours dans ma gueule quand elle voyait les mots dans mon carnet à l'école. Car en effet, les professeurs qui me parlaient mal, je ne les épargnait pas toujours.

J'observe sa mâchoire se crisper, et il craque ses doigts en me regardant. Je déglutis, ayant soudainement peur de ce qu'il va poursuivre.

- Ah ouais donc tu penses qu'elle n'aime pas danser avec moi ?

Je fronce les sourcils, ne comprenant pas son jeu. À la vu de son état, je pensais qu'il allait me crier dessus, mais c'est tout le contraire : il ne m'a jamais parlé si calmement.

- Qu'elle n'aime pas quand je l'embrasse dans le cou et qu'elle me demande de répéter.

Il sourit malicieusement, alors que la jalousie m'emporte. Et il a compris. Depuis le premier jour, je suis certaine qu'il a remarqué que je ne considérait pas Billie de la même manière qu'elle. Et il joue avec le fait que l'amour que j'ai pour elle n'est pas réciproque.

- Tu penses réellement qu'elle n'aime pas le moment où on va s'ecclipser dans la chambre.

Ferme la.

- Qu'elle n'aime pas quand je ferme la porte à clé.

Ferme ta gueule.

- Qu'elle n'aime pas quand je retourne l'embrasser alors que toi, tu penses à elle, en te demandant ce qu'elle fait. Alors que elle, elle est simplement dans mes bras.

- Ferme ta gueule !

Son regard change définitivement suite à ma phrase. Et cette fois-ci, je sais que je ne pourrais pas échaper a la suite.

Avant que je ne puisse réagir, son poing s'abat violemment sur mon visage. Je tombe par terre, me cognant douloureusement la tête.

- La prochaine fois, tu fermeras ta gueule. Sinon ce sera pire.

C'était la première fois qu'il m'a frappé...

- Et t'a intérêt à te trouver une bonne excuse, car si quelqu'un apprends que c'est moi qui t'ai frappé, ta vie va devenir un enfer !

... Et ce n'était pas la dernière fois.

 ~ All the pain he caused to you ~ BILLIE EILISHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant