Chapitre 32

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BILLIE

- Maman !

Ma mère se retourne et me regarde en m'interrogeant du regard. Elle s'apprête à me sermonner car je n'ai rien à faire au milieu de la rue en pleine journée, alors que j'ai un concert à donner ce soir. Il faut que je répète. Mais cela me semble impossible apres ce que j'ai vu.

Ce matin, Lauren n'est pas venu prendre le petit déjeuner. Cela ne m'a pas vraiment inquiété, car elle aime beaucoup les grasses matinée. Mais quand elle n'est pas venu me souhaiter une bonne journée avant que je ne parte, ou même pour aller promener Shark, j'ai compris qu'il y avait un problème.

- C'est Lauren, dis-je affolée. 

Elle est passée dans la salle de concert il y a vingt minutes. Elle se cachait sous un gros sweat, mais une technicienne est venu me voir en me demandant ce que Lauren avait sur le visage. En me montrant les caméras de surveillance, j'ai failli fondre en larme.

Elle était en pleure, mais pensait sûrement que son gros pull et sa capuche aller réussir à le cacher. Mais le pire, c'est que son visage n'avait jamais été autant recouvert de bleu.

- Oui, tu as réussis à la joindre ? me demande ma mère.

Elle aussi est inquiète. Déjà que ma mère a un don pour s'inquiéter du moindre truc, mais alors quand elle s'est rendu compte que Lauren ne répond à aucun des messages, elle a réellement flippé.

- Regarde.

Je lui tend mon téléphone, où une capture d'écran des enregistrements que m'a montré la technicienne est affichée. Les yeux de ma mère s'écarquillèrent.

- Qu'est-ce qu'il lui est arrivée ? me demande ma mère.

Elle plante ses yeux dans les miens, dévoilant sa panique. Elle sort son téléphone de la poche arrière de son jeans, sûrement pour appeler Lauren, mais je l'arrête avant qu'elle ne fasse quoi que ce soit.

- Justement....

- Justement quoi, Billie ? Je refuse de croire qu'elle s'est encore cognée !

Je baisse les yeux. Ayant bien réfléchis à la situation, ressassant tous les moments où l'on a aperçu Lauren avec des ématomes, ses excuses débiles... J'ai rapidement compris que quelqu'un s'en prenait à elle.

Au début, j'ai directement pensé à un fan. C'était l'hypothèse la plus logique, car elle était cible de nombreux d'entre eux à une époque, mais cela a changé. Mais finalement, j'ai compris.

Je ne m'y attendais pas. Jamais, pas une seule seconde, je n'aurai pensé qu'il serait capable de s'en prendre à Lauren. C'est la personne la plus importante de ma vie, bordel. S'il tenait vraiment à moi, jamais il n'aurait levé la main sur elle.

- Papa, soupirais-je.

- Comment ça «papa» ? s'étonne ma mère. Qu'est-ce que ton père a avoir la dedans ?

Les yeux de ma mère ont l'habitude de montrer chacune de ses émotions. Comme elle ne cache jamais ce qu'elle pense, étant une personne sincère jusqu'à l'os, son visage n'a pas pris l'habitude de ne rien montrer.

Actuellement, elle est perdue.

- Il passe beaucoup de temps avec Lauren en ce moment. Et bizarrement, elle revient avec des bleus après leur moment ensemble.

Pour moi, mon père a toujours était parfait. Le mari parfait, sachant donner de l'amour à ma mère, le père parfait, étant présent pour ses enfants et ne les laissant jamais seuls, un fils parfait, c'est ce que disais mes grands-parents.

Mais chaque bonne personne peut vriller. Ce que nous ne pouvons pas deviner sont la façon dont cela se produit.

Mon père frappe Lauren.

- Tu accuses sérieusement ton père ? s'énerve ma mère. 

Je comprends sa réaction. Si on accusait l'homme que j'aime d'etre violent, alors qu'il n'a jamais montré aucun signe en étant avec moi, je réagirais de la même manière.

Ma mère a besoin d'ouvrir les yeux. Je refuse de voir Lauren souffrir autant chaque jour, sous l'emprise de l'homme qui l'a pourtant éduqué avec autant d'amour qu'avec ses propres enfants.

J'en ai la nausée, rien que d'y penser.

- Maman, c'est la vérité ! À chaque fois qu'ils s'éclipsent, Lauren revient défigurée !

- Billie ! se met-elle à crier. Je refuse que tu accuses ton père, cela est bien clair ?

Je prends sur moi pour ne pas lui crier dessus qu'elle est réellement naïve et conne. Quand tous les signes pointent vers la même direction, on ne devrait pas réfléchir.

Mon père est coupable. Nous devrions déjà être entrain de le confronter, ou même d'en parler avec Lauren pour qu'elle crache la vérité.

Elle a dix sept ans, elle est jeune, et pourtant, elle semble si épuisée. Ce n'est pas simplement à cause des nombreux voyages, je le sais maintenant.

- Mais il est coupable ! m'exclamais-je. Je refuse de laisser Lauren dans la merde !

- Billie, tu ne me parles pas sur ce ton !

- Je fais ce que je veux ! Putain, tu n'es même pas capable de voir la vérité en face, soufflais-je. Tu me déçois.

Je n'ai même pas le temps de réagir, de comprendre, de voir la gifle venir, que la main de ma mère s'écrase sur ma joue.

Cela ne fait pas très mal, non. Ce n'était pas le but. Elle voulait me faire réagir, me faire changer d'avis, me faire comprendre qu'elle n'était pas d'accord.

Mais, pour la première fois de ma vie, ma mère m'a giflé. Pour la première fois, en presque dix huit ans d'existence, la main de ma mère s'est posé sur ma joue pour me frapper, et non me faire des caresses rassurantes.

Bordel.

Encore sous le choc, je lâche :

- Toi aussi tu es violente, enfaite. Vous vous être bien trouvés avec papa.

Dans son regard, je vois désormais qu'elle regrette. Mais cela est trop tard, et je lui en veux bien trop pour lui dire que cela n'est pas grave. Même si ça l'est, évidemment.

-Je vais y aller.

- Billie, attend !

Trop tard, je suis déjà retourné en direction de la salle de concert.

 ~ All the pain he caused to you ~ BILLIE EILISHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant