Chapitre 27

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LAUREN

Je regarde Billie, deux rangs devant moi dans notre avion. Nous avons encore pris un jet privé, car Q voulait absolument tester de journée comme la dernière fois c'etait de nuit.

Il est ridicule. Mais bordel, qu'est-ce qu'il me fait peur.

Je fixe le ciel à travers le hublot, me sentant terriblement seule sur mon siège. J'ai beau avoir Claudia et Finneas juste derrière moi, ou même Maggie et Patrick qui m'ont sourit il y a deux minutes, c'est comme si personne n'était avec moi.

Je sors précipitamment mon carnet de mon sac, ainsi qu'un stylo, et griffonne quelque phrase dessus.

"Au milieu de la foule familière, je me perds,
Chaque rire, chaque mot, un écho dans l'univers.
Ma famille autour, mais mon cœur seul dans la brume,
Je cherche refuge dans l'ombre, dans cette amère coutume.

Et quand ses yeux évitent les miens, une douleur secrète s'éveille,
Dans ce monde de solitude, où chaque étreinte se réveille.
Les rêves d'un amour impossible, se brisent sur les vagues du temps,
Et je me tiens seule, même parmi les miens, dans ce tourbillon émouvant."

- Lauren ?

Je relève brusquement la tête, alors que Zoe tente de regarder ce que je viens de marquer sur mon carnet. Je le cache dans mon sac, et l'interroge du regard.

- On t'a déjà appelé trois fois, soupire Zoe. On prends un apéro, viens.

Je n'ai même pas le temps de dire que je ne souhaite ni boire, ni manger, que Zoe m'attrape le bras.

L'avantage d'être en jet privé, c'est que nous pouvons faire un peu ce que l'on souhaite. Seulement lors des perturbations, nous devons rester à notre place. Mais sinon, le choix est plutôt large.

C'est pour cela qu'actuellement, nous avons placé nos chaises autour d'une petite table, et des hôtesses de l'air apportent à manger et à boire.

- Je ne suis jamais allé en Espagne, dit Q en souriant.

De sa phrase, une discussion entre tout le monde débute. Je reste dans mon coin, étant trop dans mes pensées pour participer. Et de toute manière, Q me devisagerai si c'était le cas.

Je repense au début de la tournée, et à l'enfer que sont devenus mes journées. Je n'ai jamais été triste en vivant avec Maggie et Patrick, mais depuis que Q est arrivé, je perd petit a petit ma joie de vivre.

- Lauren ?

Cette fois-ci, je sursaute quand Andrew m'appelle. Je le regarde longtemps, me demandant pourquoi il vient de presque crier mon prénom.

- Quoi ? demandais-je en soupirant.

- Laisse tomber, elle n'est pas avec nous, intervient Zoe. Elle pense à la personne qu'elle aime.

Je fronce les sourcils. Tout le monde me fixe avec interrogation, me demandant des explications pour ce que viens de dire Zoe. En effet, cette dernière pense toujours que j'aime quelqu'un, même si je lui ai dis de nombreuses fois que ce n'était pas le cas.

Je ne mens pas vraiment, je dis simplement que je n'aime personne.

Et croyez-moi, Billie n'est pas personne.

- Je n'aime personne, répondais-je sèchement. Laisse moi tranquille.

Je croise les bras et tire la tronche directement. On ne peut même pas être tranquille deux secondes. C'est sûrement une des choses que j'aime le moins durant cette tournée ; comme nous vivons tous ensemble, tous nos états d'âme sont visibles.

Cependant, Zoe ne compter pas lâcher l'affaire :

- Pas à nous, dit-elle. Allez, dis moi qui a fait chavirer ton coeur pour la première fois.

Je lui lance un regard noir, alors que je sens le regard de tout le monde fixer la moindre de mes réactions. Je n'ose plus bouger, avant peur qu'ils interprètent mal le moindre mouvement venant de ma part.

- Je n'aime personne, répétais-je.

- Il s'appelle comment ? me demande gentiment Maggie.

- Ou elle, corrige Patrick.

Je soupire en voyant l'enthousiasme de Maggie et Patrick devant une potentiel relation amoureuse entre quelqu'un et moi. Ils seraient déçus de savoir la vérité.

- Tu sais, ne te retiens pas de dire qui est cette personne si c'est une fille, tente de me rassurer Patrick. Ce serait pareil pour nous si c'est une fille.

- Même mieux  ! s'exclame Maggie.

- Personne, dis-je.

- Dis nous au lieu de dire de la merde.

La remarque de Billie me fait froid dans le dos. Je me tourne doucement vers elle, alors qu'elle me regarde avec une froideur horrible. J'avale difficilement ma salive, tentant de trouver une chose à dire.

- Laissez moi tranquille, putain ! m'énervais-je sans le vouloir. Alors toi continue de coucher avec Andrew en secret et vient pas me faire chier.

Ma phrase, destiné à Zoe, change la tournure de la conversation. Ce n'est plus moi que l'on veut interroger, mais c'est Zoe.

Je profite de l'inatention des autres à mon égard pour pouvoir m'ecclipser calmement. Cependant, quand je vois que Q me suit, je sais déjà que je n'aurai pas du.

...

Assise dans une couchette dans l'avion, dans la petite chambre où personne se trouvent car ils sont tous en train de manger en famille, je réfléchis à ma journée.

Je me demande quand Q se lassera de me faire du mal. Quand est-ce que ses mots ne tourneront plus en boucle dans ma tête, quand est-ce que ses coups ne me feront plus autant mal...

Quand est-ce qu'il va arrêter de me frapper ?

Mon ventre me fait mal, mais ce n'est pas car je ne vais rien avaler ce soir. À chaque coups de poings, dès que mon corps heurte le sol, je ressens une douleur de plus en plus profonde, qui s'encre en moi.

- Ma chérie...

Je reconnais le voix de Patrick. Il s'assoit derrière moi, passant ses bras autour de mon petit corps pour me faire un câlin. Sa tête se pose au dessus de la mienne, et en silence, il me caresse doucement le bras.

Patrick est présent pour moi. Il m'apporte l'amour paternel dont j'ai besoin, car mon père n'a jamais pensé me le donner une seule fois. Mais cela ne me dérange pas, je préfère d'ailleurs que ce soit Patrick qui m'aime.

- N'en veut pas à Zoe, tu sais qu'elle te chariait simplement.

- Je sais, soufflais-je. C'est juste que-

Un sanglot se bloque dans ma gorge, m'empêchant de finir ma phrase. Je prends le temps de respirer convenablement, et comme Patrick me rassure avec ses gestes, je trouve le courage de poursuivre :

- C'est juste que Billie me manque.

Cela est dit avec tellement de sincérité et de spontanéité que je ne pensais même pas dire cela.

- Oh non ma puce...

Patrick resserre son étreinte sur moi, et cela me permet de ne pas me mettre à pleurer. Je me sens si bien avec lui, je ne le remercierai jamais assez.

- Tu sais, Billie grandit simplement. Elle vit sa première relation amoureuse, elle a besoin de découvrir des choses... Mais elle t'aimeras toujours autant, d'accord ?

- D'accord...

- Et toi aussi, quand tu seras amoureuses, tu changeras. Mais n'en veut pas à Billie.

- Je sais... Merci.


 ~ All the pain he caused to you ~ BILLIE EILISHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant