Chapitre 63

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BILLIE


- Non elle ne l'a pas bien pris non !

Énervée et anxieuse à cause de ma dispute avec Lauren hier soir, je fais les cents pas dans la chambre d'hôtel. En appel avec Joyce, la mère de Lauren, je lui explique la mauvaise nouvelle.

- Elle ne veut pas entendre parler de toi, soupirais-je.

Je m'assois dramatiquement sur le rebord de mon lit, attendant une réponse de Joyce comme si cela allait changer les choses. Malheureusement, elle ne peut rien faire pour changer la situation, et moi non plus.

- Comment a-t-elle réagit au fait que je viens moi aussi au Brésil ? me demande-t-elle.

- Elle ne le sait même pas ! criais-je. Elle s'est braquée avant que je ne lui dise.

Sous pression, j'explique à Joyce tout ce qu'il s'est passé hier soir. Ressasser notre dispute me tape sur le système mais cela me semble presque obligatoire. J'entends Joyce soupirer à l'autre bout du fil. Ce n'est pas la nouvelle qu'elle aurait aimé que je lui annonce au téléphone.

- Et ce matin en arrivant à l'aéroport elle m'a ignoré, expliquais-je.

Ce que je ne dis pas, c'est que je l'ai rattrapé par la suite. Comme on est ensemble désormais, je pensais qu'elle pouvait déposer quelques affaires dans ma chambre car ce serait plus simple les soirs où elle me rejoindra pour dormir. Lauren a simplement refusé, avant de partir dans les bras de Hannah.

Je vous jure que j'ai du prendre sur moi pour ne pas faire scandale.

- Qu'est-ce que tu penses faire ?

- Qu'est-ce que tu veux que je fasses, Joyce ? m'énervais-je. Je ne veux pas perdre Lauren pour toi, je suis désolé.

Même si ma phrase peut paraitre égoïste, je le pense très fort. J'ai tant rêvé du moment où je serais de nouveau proche de Lauren, et aujourd'hui nous sommes un couple. Je ne peux pas risquer de perdre la relation que nous avons.

Je soupire dans le combiné, et la mère de Lauren fait de même. Nous sommes en contact depuis trois ans, car elle m'a appelé en panique au bout de trois semaines sans nouvelles de Lauren, quelques jours après son départ.

- Il faut que je te dises un truc, Billie, me dit durement Joyce.

Mon coeur s'affole en entendant cette phrase qui est des plus stressantes. Je suis déjà assez dans la merde comme cela, je ne vais pas supporter un problème de plus.

- Dis-moi.

Je fixe le mur en attendant la suite. Je m'imagine le pire, même si je ne sais pas si cela pourrait être le cas. Je crois que je tiens un record de la plus petite relation avant une grosse embrouille.

- Je suis déjà au Brésil...

Cela ne m'étonne pas. En effet, elle devait nous rejoindre à mon prochain concert, donc au Brésil,  pour revoir Lauren dans un cadre qui ne serait pas trop gênant.

Je sais que je n'aurai pas du faire cela dans le dos de Lauren, mais j'etais convaincu qu'elle allait être heureuse. Ma petite-amie ne devrait même pas savoir que sa mère allait venir, cela devait etre une surprise.

On a évité le pire, finalement.

La phrase de Joyce reste en suspend. Puis, elle finis enfin :

- ... Et je suis dans le même hôtel que vous.

Cette fois-ci, je me retiens pour ne pas me mettre à crier dans un coussin. Comment c'est possible d'être aussi mauvaise niveau timing ?

- Putain, soufflais-je.

Je passe ma main dans mes cheveux, et me gratte l'arrière de la tête pour mieux réfléchir. Sauf que je ne vois pas d'autre solution que...

- Tu es dans quelle chambre ?

...

Je ressors de la chambre d'hôtel de Joyce, stressée.

Nous avons discuté longtemps, et je lui ai clairement dit qu'elle ne pouvait faire la surprise prévue à l'origine pour Lauren. Et pour éviter de la rencontrer par hasard dans les couloirs du bâtiment, je lui ai dis de ne surtout pas sortir d'ici.

Maintenant, je dois aller parler a Lauren.

- Salut Hannah, dis-je quand cette dernière m'ouvre la porte de leur chambre. Je peux rentrer ? 

Elle me regarde avec un petit sourire triste. Je suis certaine que Lauren lui a ordonné de ne pas me laisser rentrer. Même si c'est le cas, il faut croire que l'autorité de Lauren est douteuse. Hannah s'avance vers moi, et me chuchote :

- Reste calme et rassure la, elle est juste troublée.

Je lui offre un grand sourire, alors qu'elle me laisse un regard du genre «bonne chance». Puis, elle sort de sa chambre, me laissant de la place pour passer, et Hannah appelle l'ascenseur pour me laisser seule avec Lauren.

Je referme la porte derrière moi et souffle un grand coup. Prête à affronter Lauren, je m'avance dans le petit couloir qui mène au grand espace où il y a le lit.

- C'est bon, elle est partie ?

Mon coeur rate un battement quand j'entends Lauren poser cette question, qui à la base devait être pour Hannah.

Quand elle m'aperçoit, son visage se fige. Lauren était allongée sur le dos dans son lit, un de mes sweats sur le dos. C'est à ce moment que je comprends qu'elle ne m'en veut pas tant que cela, mais qu'elle a besoin de s'isoler pour digérer la nouvelle.

- Qu'est-ce que tu fais la ? me demande-t-elle en se mettant sur pied.

- Je viens m'excuser, dis-je. Et voir comment tu vas, aussi.

- Ça va.

Elle m'offre un petit sourire, alors que je lui glisse un «désolé». J'ai conscience que je ne suis pas pardonnée, mais la voir calme me rassure.

Lauren m'invite à m'asseoir, et je poursuit mes excuses. Je lui explique vaguement la situation, en évitant de lui dire que sa mère se trouve un étage en dessous du nôtre.

- Je comprends ta situation, répond simplement Lauren. Je suis juste un peu anxieuse à l'idée d'un jour reparler à ma mère, alors j'ai pété les plombs.

J'acquiesce, rapprochant doucement ma main vers sa cuisse pour la rassurer. Mon geste est incertain, je ne suis pas certaine que Lauren accepte cela si peu de temps après une embrouille. Je connais son problème avec le contact physique.

En voyant mon mutisme, car je ne veux pas dire une chose de travers, Lauren me demande :

- On oublie ?

- On oublie.

Je souris en la voyant passer ses bras autour de moi pour me demander un câlin. Je lui donne ce qu'elle souhaite sans réfléchir, embrassant le haut de son crâne au moment où elle vient se coller à moi.

Après un moment de silence, Lauren se relève et me tend un carnet noir. Je fronce les sourcils alors qu'elle me fait signe de l'ouvrir et de lire.

«Dans le creux de ses bras, je trouve mon refuge,
Un havre de paix où mon cœur s'épanouit.
Dans son sourire, je découvre mon bonheur,
Chaque instant à ses côtés est un trésor.

Elle est mon étoile dans la nuit sombre,
La flamme qui réchauffe mon âme sans nombre.
À ses côtés, je me sens enfin complète,
L'amour qu'elle me donne est ma plus belle fête.»

Quand je relève la tête vers Lauren, des larmes aux yeux tellement son poème me touche, elle rougit. Puis, Lauren m'embrasse avec amour.

A la fin du baiser, elle me chuchote :

- Plus aucun secret entre nous, ok ?

J'acquiesce.

Je sais, je suis dans la merde.

 ~ All the pain he caused to you ~ BILLIE EILISHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant