Chapitre 68

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BILLIE


À la seconde où je pousse la porte de ma chambre d'hôtel, me retrouvant enfin seule avec Lauren, nous explosons de rire.

Je suis debout et pliée en deux tellement mon fou rire est puissant. Lauren se tient à mon épaule pour ne pas tomber à cause de ses rires, elle aussi.

- Au moins, notre famille sait enfin pour nous deux, rigolais-je.

On ne s'attendait pas à l'annoncer de cette manière. Enfin, à l'annoncer tout court d'ailleurs. Mais quand on s'en ai rendu compte il était déjà trop tard pour faire marche arrière.

Même nier n'était pas envisageable. Billie a bien trop approfondie notre baiser quand je suis tombée sur elle. C'est comme si ses parents et tous nos amis n'étaient pas à côté de nous. Elle était à l'aise, bien trop.

- La tête de ma mère quand Finneas a décalé ma main qui était sur tes fesses, m'exclamais-je en riant de plus belle.

- C'était gênant, tente de dire sérieusement ma copine. Mais putain c'était drôle !

Elle passe ses bras autour de moi pour ne pas tomber. Je ne sais pas si je suis le pilier auquel elle devrait s'accrocher. Je rigole bien trop aléatoirement pour être stable. Lauren devrait se tenir à un mur, si elle ne veut pas finir par terre.

J'ai mal au ventre tellement je rigole.

Une fois notre fou rire finit, je fixe Lauren droit dans les yeux. Je me redresse entièrement et vient poser mes mains sur ses hanches.

- Enlève moi ce sourire coquin, me dit Lauren en essayant d'être autoritaire.

Je rigole légèrement, la regardant encore plus profondément, et surtout, en gardant mon sourire.

- Quel sourire ?

- Celui la...

Elle rougit légèrement, sûrement gênée. Quant à moi, je suis satisfaite. Toute personne qui connait bien Lauren sait qu'elle rougit très rarement. Mon sourire ne fait que s'élargir.

Après un long regard, mes mains descendent au niveau de ses fesses. Lauren vient m'embrasser en rapprochant mon visage grâce à ses mains qui sont autour de ma nuque.

Elle m'interroge du regard après le baiser, et je hoche simplement la tête en réponse. J'y pense depuis tout à l'heure, ne t'inquiète pas mon coeur.

- Maintenant qu'ils savent, je vais peut-être pouvoir crier à ma guise, souffle Lauren en souriant.

Je la pousse sur le lit, avant de répondre :

- Au contraire. Ils vont tendres les oreilles pour savoir s'il se passe quelque chose. Soit discrète.

Ouais, la discrétion ce sera pour plus tard, finalement.

...


En arrivant à table, tout le monde sourit en nous voyant arriver. Nous sommes en retard, la faute de Lauren, évidemment.

À peine ai-je posé mes fesses sur une chaise que le serveur du restaurant de l'hôtel vient nous demander ce que l'on souhaite boire et manger. N'ayant même pas regarder la carte, je commande la même chose que mon frère, et Lauren m'imite.

- Alors les filles, depuis combien de temps vous êtes ensemble ? demande mon père en souriant.

Je sens Lauren se tendre à mes côtés, ce qui est normal car elle n'a jamais été à l'aise avec ma famille et ses relations amoureuses. Enfin, elle n'en a jamais eu, car j'étais là, même si à l'époque je n'en avais pas conscience.

- Quelques jours, répondais-je en souriant.

Ma main vient se poser discrètement sur la cuisse de Lauren pour la rassurer. Ma famille est contente pour moi, elle n'a aucune raison d'être anxieuse.

- Je suis extrêmement contente pour vous, dit ma mère.

Elle me fait un clin d'oeil. Je pouffe légèrement de rire en voyant mon père essayer de faire pareil, sauf qu'il n'a jamais vraiment réussi. Lauren se détend un peu à mes côtés, cela me rassure.

Mon frère renchérit en disant des conneries, faisant référence à ce qu'il a entendu avant de venir manger. J'évite comme je peux le sujet avant que Lauren ne devienne un cadavre, tellement elle est mal à l'aise.

- Sinon Lauren, reprend ma mère, tu as recommencé à écrire des poèmes ?

Ma petite-amie se redresse sur sa chaise. Elle n'aime pas trop être au centre des conversations quand l'on est beaucoup. Son attention se porte sur mes parents. Elle décale même ma main pour ne pas que je la gêne.

D'accord, je vois, madame devient sérieuse.

- Oui, quelques uns.

- Et tu parles de quels sujets ?

Je vois bien que l'intérêt que porte ma mère à ses poèmes ne place pas Lauren dans une situation confortable. J'ai lu tous ses poèmes, je sais de quoi il parle. Rien de gênant, ils sont juste bien différents des premiers.

- De... De Billie ?

Elle rigole légèrement, n'étant pas certaine de sa réponse. Finneas ne peut s'empêcher de se mettre à faire des bruits de smacks désagréable, faisant rigoler ce con d'Andrew.

En réalité, tous les poèmes ne parlent pas vraiment de moi. Enfin, elle parle de ses sentiments, mais ils ne sont pas toujours amoureux. C'est simplement l'avancée de son ressentis dans la tournée. Ce recueil est bien différent du premier.

- Enfin, je ne suis pas sûre de le publier, vous savez, répond Lauren.

- Pourquoi ? m'exclamais-je. Tes poèmes sont superbes !

Lauren se tourne vers moi en fronçant les sourcils. Elle me répond calmement :

- Je n'ai jamais voulu publier quoi que ce soit, à la base. Si Finneas ne l'aurait pas fait à ma place il y a trois ans, cela ne serait jamais arrivé.

J'aperçois son regard triste en repensant à tout cela. Je n'imagine même pas la douleur qu'elle a ressenti en voyant toute sa vie déballer aux grands publics. C'était difficile pour moi aussi, mais je ne vais pas me plaindre.

C'est moi qui ai publié les poèmes.

Même si Finneas préfère dire que c'est lui pour m'éviter les problèmes, c'est moi qui ai causé tout cela.

Ma copine lance un regard rassurant à Finneas. Dans sa version, c'est lui qui a tout publié à son insu, alors elle ne veut pas dire quelque chose qui le ferait culpabiliser.

J'ai bien remarqué que même s'ils s'entendent bien, leur relation d'avant n'est jamais revenu. J'espère qu'on jour, tout redeviendra comme avant.

- Enfin, on verra bien, conclut Lauren.

J'acquiesce en même temps que tout le monde. Pendant que ma famille profite du repas, même si je fais semblant de sourire, la petite voix dans ma tête ne part pas une seule seconde.

Si Lauren apprend un jour que c'est moi qui ai publié ses poèmes, jamais elle ne me le pardonnera.

Jamais.

 ~ All the pain he caused to you ~ BILLIE EILISHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant