~ All the pain he caused to you ~ BILLIE EILISH

Chapitre 33

LAUREN

Après être passé rapidement sans être vu par personne à la salle de concert, voulant récuperer mon chargeur de téléphone que Billie a emmené dans son sac par erreur, je rejoins Claudia.

Elle est seule dans sa chambre d'hôtel, et Shark est posé sur ses jambes. J'ai totalement oublié de m'occuper de lui ce matin.

Quand elle aperçoit ma tête, les yeux de Claudia s'écarquillèrent.

- Bordel Lauren ! Non, la ce n'est plus vibable, je suis désolé.

J'ouvre la bouche pour lui parler, mais aucun son ne sort. Hier soir, Q n'a jamais été si violent avec moi. Je n'arrive pas à penser à autre chose que cette scène, et j'en fais des cauchemars.

- Je...

Une envie de vomir me prends, même si je n'ai rien mangé depuis de nombreuses heures. J'ai l'impression de revivre le moment, de me prendre de nouveau des coups. Un noeud se sert dans mon ventre, me bloquant la respiration.

- J'arrive plus à respirer....

Je viens poser ma main sur mon ventre, espérant que cela facilite l'air à rentrer dans mes poumons. Finalement, je m'assois au bord du lit.

- J'ai tellement mal putain, jurais-je en commençant à me tordre de douleur.

- Je vais appeler quelqu'un !

- Non ! Par pitié !

Claudia se retourne, car elle sait que je ne lui pardonnerai pas le fait d'avoir alerté quelqu'un. Je n'aime pas montrer la moindre de mes faiblesses, mais je suis obligée de baisser la garde parfois.

Je souhaite juste une seule chose, que Billie n'apprenne jamais ce qu'il m'arrive. Car sinon, Q va finir par la frapper elle.

Jamais je ne me le pardonnerai.

- Lauren tu as vu dans quel état tu es ? s'exclame Claudia, pensant pouvoir me faire changer d'avis.

- C'est rien.

Mon visage se tord en même temps que je sens mon corps entier me faire mal. C'est comme si quelqu'un appuyait continuellement sur mes ématomes sans jamais s'arrêter.

- Tu ne mérites pas cela...

Je n'écoute pas vraiment Claudia. Avoir toute l'attention sur moi est une chose que je n'aime pas depuis jeune. Avec Claudia, c'est ce qu'il se passe, elle pense beaucoup à moi car je lui ai confié quelque chose que je regrette de lui avoir confié un peu plus chaque jour.

- Q a sûrement raison, dis-je tout bas sûrement plus pour moi même que pour Claudia.

- Qu'est-ce que tu viens de dire ? crie presque la brune.

Mais elle m'a entendu. Expliquer la situation à Claudia ne changera rien, je sais déjà qu'elle ne me comprendra pas entièrement, même avec la volonté la plus grande du monde.

Je sais que lui dire la vérité, lui dire que je suis amoureuse de Billie, est sûrement la bonne solution. Mais cela semble comme une vérité inavouable, je n'assumerai plus la seconde où ses mots auront passé la barrière de mes lèvres.

- Q a raison de me frapper, répétais-je. Il protège son couple.

Claudia, qui était resté debout devant moi, viens s'accroupir devant moi, pour que je la regarde dans les yeux car mon regard fixe le sol. Je n'ai pas le courage de lever la tête, non, j'ai bien trop honte.

- Tu n'es en rien un obstacle pour sa relation avec Billie, Lauren. Arrête de te rejeter la faute.

- Non, tu ne comprends pas...

Je renifle, essayant d'empêcher les larmes de couler. Je suis déjà assez minable, je dois me retenir.

- Explique moi Lauren, je ne comprends rien...

Je plante mes yeux dans les siens, et c'est déjà trop tard pour retenir mes larmes. Je ferme donc mes yeux, mais je ne sais pas si c'est parce que je n'assume pas la phrase qui va suivre ou juste pour arrêter mes pleurs.

- Je suis amoureuse de Billie.

Je n'ose même pas ouvrir de nouveau les yeux. J'ai peur de ce que je pourrais apercevoir comme émotions sur le regard de Claudia.

Je ne vois donc rien, mais je sens la brune se relever. Son souffle n'est plus près de moi, et je me retrouve rapidement déstabilisée.

- Tu ?

- Je sais, je ne devrais pas. Mais j'ai vraiment pas fait exprès Claudia.

Un sanglot me rattrape, alors que je ne pensais pas me mettre à pleurer d'un coup et si brutalement. Claudia vient directement me prendre dans ses bras. Elle le fait bien trop souvent en ce moment, je m'en veux de lui faire jouer ce rôle de grande soeur protectrice alors qu'elle ne l'est pas.

- Tu l'as dis à Billie ? me demande-t-elle avec une voix douce.

- Non... Je ne pourrais lui dire.

- Tu sais que tu es légitime de l'aimer, Lauren.

- Elle aime Q ! m'exclamais-je en ravalant mes larmes. Elle me répète sans cesse qu'elle me considère comme sa petite soeur ! C'est horrible.

Je m'étais écartée d'elle, mais Claudia revient me prendre dans ses bras. Elle sait que m'agiter ainsi n'est pas une bonne chose pour moi, mais en même temps j'ai tellement besoin de bouger pour m'exprimer, pour éviter de m'éffondrer pour de vraie.

- Je comprends mieux alors pourquoi ton regard est si différent quand tu la regardes, m'avoue Claudia. Moi qui étais persuadée que vous étiez simplement deux âmes perdues qui s'étaient bien trouvées...

- C'est le cas Claudia, on ne sera jamais plus que cela avec Billie, soupirais-je. Je suis destinée à rester sa petite soeur pour toujours.

J'étais tellement épuisée que je n'ai même pas entendu Claudia souffler «moi je suis certaine que non».